Le président IBK s’apprête à faire un déplacement de deux jours à Paris du 21 au 22 Octobre 2015 sur invitation du président français François Hollande. Depuis son élection en 2013, IBK en a fait un certain nombre, les uns couronnés d’émotion et gratifiés de larmes, les autres infructueux sur le plan économique. Cette visite change des autres car elle bénéficie du sceau de « visite d’état ». Tous les chefs d’état en rêvent car c’est l’occasion de faire la une des médias français et notre président en est très friand. En d’autres temps et d’autres circonstances, on aurait mis une note de 10/10 au président IBK pour son poids diplomatique qui lui vaut cette marque de respect du colonisateur. Seulement nous sommes en 2015, un peu plus réveillés et éveillés. Cette visite d’état sera le 74 Eme déplacement du président IBK hors du Mali. Nous n’avons pas de bilan des 73 premiers, du moins nous ne savons pas ce qu’ont rapporté ces innombrables voyages à travers le monde à bord de l’avion acheté à prix variable pour les besoins.
En général, une visite d’état dans un pays ouvre toutes les portes pour réchauffer les relations diplomatiques, politiques, économique etc… Dans le cas de la France, le président rencontre de manière privilégiée toutes les institutions telles que le président de la république, du sénat, de l’assemblée nationale et le premier ministre. Le patronat français mettra le Mali à l’honneur en consacrant une demi-journée au Mali. Le ministre de la promotion des investissements et du secteur privé Mamadou Gaoussou Diarra sera reçu au MEDEF lors d’une session consacrée au secteur privé sous le thème « La Relance Economique du Mali au Cœur du Partenariat ». Il aura pour mission de vendre le produit « Mali » aux potentiels investisseurs français avec à la clé une possible signature de convention entre EDM et un leader français du secteur des énergies.
Le président IBK tient à montrer au reste du monde qu’il compte parmi les grands et qu’il défend le Mali. En tout cas cette visite d’état lui permet de redorer son blason en mettant en stand by la tempête politico-médiatique de l’affaire des 1000 tracteurs, de l’évasion massive des militaires de la prison du camp 1 de Bamako et des centaines de morts et disparus maliens du hadj à Mina. D’ailleurs, lors d’une interview que le directeur de la communication présidentielle a accordé cette semaine, il justifiait le report d’un déplacement du président à Ségou par la volonté d’observer un moment de calme suite aux nombreux morts du hadj à Mina. On pourrait penser que la visite de Paris n’entre pas dans ce cadre, l’étoffe est en effet moins glamour à Ségou.
Nous sommes loin de l’affaire Tomi Michel et ses nombreuses révélations par Médiapart interposé. Nous sommes loin des publications du journal Le Monde accusant le président IBK.
Le président IBK est devenu fréquentable.
Les fans du président seront aux anges pendant le laps de temps que durera cette visite. Ceux qui critiquent la gestion présidentielle devront admirer IBK sur toutes les chaines d’information continue sans y être invité. Être aigri demande des sacrifices que les Tiébilé, Dramé, Soumaila Cissé et autres devront consentir.
Une visite pour une visite n’apportera rien et sera oubliée dès le lendemain. Le président ne pourra surfer indéfiniment sur cette visite s’il n’a pas un plan défini derrière. Les patrons maliens seront face à ceux de France qui n’ont pas d’amis. Ils viennent pour discuter affaires et opportunités d’affaires. Il faudrait qu’en face des patrons français il y ait des patrons et hommes d’affaires maliens qui sachent faire autre chose que la promotion de leurs familles et d’un clan. Il faudrait qu’il y ait en face des hommes d’affaires français, qui ne sont pas des philanthropes, des hommes et femmes maliens avec des qualités pour présenter ce qui est rentable au Mali dans un schéma gagnant-gagnant. Il faudra pouvoir rassurer sur le climat des affaires du Mali. Il faudra prouver qu’il est aisé de travailler avec une administration malienne sérieuse. Le patronat malien doit pouvoir draguer et séduire celui de France. Malgré le tapis rouge, rien n’est gagné d’avance quand on connait le mode opératoire des patrons maliens. Soit ils confient tout à la famille soit ils gèrent les négociations de sorte à créer un cadre et des conditions de rétro commissions supérieures aux gains pour le Mali. Cette visite est une aubaine mais avec des personnalités incertaines pour nombre d’entre elles.
Il faut éviter de tomber dans les certitudes béates, cette visite n’etant en rien un viatique économique. Seule la capacité de nos entrepreneurs fera de cette visite une réussite pour le Mali. Seule la capacité du président IBK à choisir des hommes et femmes capable de tenir tête face aux patrons français pour défendre le Mali à travers les contrats fera de cette visite un véritable retour du président malien dans le cœur des maliens.
Rappelons-nous que le colonel Kadhafi, le président Bachar de Syrie ont été reçus sur le tapis rouge français avec les honneurs de la république et des institutions françaises. Tous ont conclus des pré-contrats, ont rencontré des patrons et parlé affaires. Tous ont été à la une des médias pendant un certain temps. Le colonel Kadhafi n’est plus de ce monde et Bachar est recherché pour être tué par cette même France « droit de l’hommiste » qui a contribué à mettre fin aux jours de Kadhafi.
Le président IBK doit s’en inspirer pour comprendre que ce n’est ni une fin en soi ni de l’argent comptant ni une couverture contre la désolation des maliens. Les politiques français ne sont ni ses amis ni ses frères. L’intérêt du Mali doit prévaloir.
Le président était rentré en grande pompe de Chine en 2014 avec des promesses d’investissements. La suite de l’histoire est connue. S’il adopte le même comportement populiste il devra prévoir un divorce avec la population malienne qui n’a que faire des propos non suivis d’actes concrets.
Jusque-là, le président IBK fait dans le folklore et la mise en scène avec un zeste d’émotion. Cela ne suffit plus, plus le temps passe, plus les maliens deviennent exigeants sur le sentier des réalisations. Or, le vide est sidéral dans ce domaine. Même si son ministre de la communication passé expert en lecture de communiqués nous a fourni des chiffres invérifiables pour vanter les deux ans du président, le temps des actes incontestables est arrivé.
Elijah De BLA