C’est au siège de son parti que nous avons rencontré l’honorable Amadou Thiam, président du parti Alliance Démocratique pour la Paix (ADP – Maliba). Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’élu de la commune VI du District de Bamako parle de son parti, de sa vision et son engagement politique, sa manière de faire la politique, les perspectives pour l’ADP – Maliba. Il a aussi abordé dans cet entretien les rapports de son parti avec les autres partis politiques de la place notamment le RPM. Mais aussi l’opposition, la gouvernance, l’avènement du président IBK au pouvoir, les scandales financiers, l’impunité, la justice…
En tout cas le jeune président de parti impressionne par sa sérénité, sa hauteur de vue et surtout sa grande maitrise des questions nationales. Celui qui se réclame de la sociale démocratie est incontestablement de la 2ème génération des leaders politiques maliens qui innovent la pratique politique pour qu’elle ne soit plus uniquement synonyme de combine et de business. Suivez son regard.
Le ZENITH : Comment se porte votre parti, ADP – Maliba ?
Le Président : Le parti Alliance Démocratique pour la Paix ADP-Maliba se porte très bien. Cela, on peut le vérifier à travers un sondage auprès des populations, que ce soit ici dans le district de Bamako ou dans les capitales régionales ou même auprès de nos partenaires politiques et des autres acteurs de la scène politique malienne. Nous sommes aujourd’hui l’un des rares partis politiques qui drainent les foules, jusqu’à ce que certains observateurs nous qualifient de nos jours de ” force montante ” ou parti montant, dans lequel se reconnaissent nombre de nos concitoyens. Notre parti est jeune, il a été créé seulement en 2013 et immédiatement après nous avons participé au scrutin législatif de cette même année 2013, alors nous avons pu obtenir 4 sièges de député au parlement dont la 2ème vice-présidence de l’Assemblée nationale. Vous comprenez que nous sommes un jeune parti qui fait un travail de terrain énorme pour
rencontrer les Maliens et leur expliquer notre philosophie politique pour le changement dans notre pays. Le changement que nous proposons au peuple malien, c’est le changement dans le cadre réel et non le changement de façade que tout le monde prône tous les jours. Je voudrais aussi attirer l’attention de vos lecteurs sur la création de l’école du parti qui est une innovation dans la pratique politique, dans notre pays. Nous avons créé cette école pour que les militants et les militantes puissent connaitre le parti, qu’ils puissent comprendre des concepts comme : l’Etat, la bonne gouvernance, le contrôle citoyen… Pour cela nous disposons d’un outil appelé ” kit du militant ” qui permet à chaque personne qui veut adhérer au parti de comprendre d’abord ce que c’est que la parti. En outre nous disposons du meilleur site WEB jamais réalisé par un parti politique, ou vous disposé de toutes les informations sur le parti et notre vision.
Ainsi, donc voilà brièvement présenté comment nous voulons apporter le changement.
Le ZENITH : Si je vous comprends bien, vous êtes actuellement en plein travail d’implantation du parti à l’intérieur du pays ?
Le Président : Tout à fait, nous sommes en plein travail d’implantation à l’intérieur et aussi à Bamako. C’est un travail qui a commencé il y a longtemps mais que nous poursuivons. Nous nous donnons les moyens pour ce faire.
Le ZENITH : Que devient le parrain du parti ? Je parle d’Aliou Boubacar Diallo ?
Le PRESIDENT : Monsieur Aliou Boubacar Diallo est le président d’honneur du parti, il a été désigné à ce poste lors du premier congrès du parti qui m’a aussi élu président du parti. Je voudrais ajouter que M Diallo est effectivement l’un des initiateurs de la création de ce parti mais à partir du congrès il est président d’honneur. A ce niveau, je voudrais aussi signaler la création de la fondation Maliba qui appuie le parti mais aussi la population notamment les couches vulnérables à l’image des partis Allemands. Comme vous pouvez le constater, nous avons beaucoup d’idées et nombre de nos pratiques qui nous diffèrent des autres partis politiques de la place.
LE ZENITH : Quels sont vos rapports avec le RPM, votre allié ?
Le Président : Nos liens avec le RPM sont très bons, sachez que nous sommes de la majorité présidentielle. C’est vrais que sur le plan politique nous avons souvent des divergences de vue, sachez que notre soutien ce n’est pas au RPM mais au Président de la République. Le projet de société qui a amené le président au pouvoir n’est pas celui du RPM mai celui d’une coalition de partis politiques, donc notre soutien à IBK est direct, ça ne passe pas par le RPM. Mais comme, je le disais au début, nous avons de très bons rapports avec le RPM.
LE ZENITH : Si on vous disait de faire un bilan des 2 ans du Président IBK, quel commentaire allez-vous faire ?
Le Président : Le bilan est mitigé. Vous savez, il faut savoir faire la part des choses. IBK a pris la tête du pays à une période très délicate, sa première mission était de stabiliser le pays et ramener la paix. Je pense qu’à cela il a œuvré avec les différents premiers ministres qui se sont succédés pour enfin signer le 15 Mai dernier l’accord de paix et de réconciliation nationale. Pour nous, cette signature est salutaire, c’est une partie essentielle de cette mission de stabilisation, avec la mise en œuvre qui a commencé. Dans le cadre de la bonne gouvernance, il n’y pas eu beaucoup d’avancées, il y a eu des dérives notamment avec l’achat de l’avion présidentiel. Pour notre part nous pensons que le président de la république mérite bien un avion, mais ce sont les méthodes d’acquisition que nous avons déplorées, mais aussi la question des équipements militaires et d’autres dérives financières qui sont inacceptables. Nous
pensons que tout cela doit changer, le Président de la République nous a donné l’assurance quant à sa volonté de changer et de mettre fin aux dérives financières. Alors si on doit faire le bilan des 2 ans d’exercice du pouvoir, il est mitigé. Entre temps il faut signaler que l’économie a continué à fonctionner, avec une croissance appréciable, donc l’Etat a continué à fonctionner, avec des avancées certaines dans presque tous les domaines : agriculture, mines, le sport… en terme d’appréciation on peut noter à propos du bilan, peut mieux faire.
LE ZENITH :Vous avez parlez de la gouvernance, il y a une nouvelle affaire qui vient d’éclater avec les 1000 tracteurs, pensez-vous que le PARENA est dans son rôle ?
Le Président : Le PARENA est certainement dans son rôle en tant qu’opposition républicaine. C’est une question qui est sur la table, les enquêtes sont ouvertes, tout comme au niveau de l’Assemblée nationale qui contrôle l’action gouvernementale. Personnellement en tant que député je suis en train de mener mes propres enquêtes pour voir le bien fondé des allégations du PARENA, par la suite prendre les mesures qui s’imposent.
LE ZENITH : Toujours à propos de la gouvernance, l’opinion publique est déçue, elle a comme l’impression que certaines personnes sont au-dessus des lois ; votre commentaire ?
Le Président : C’est l’impunité dont nous parlons, car ceux qui ont été clairement cités dans les différentes affaires n’ont pas été souvent inquiétés par la justice, dans certains cas. C’est le Président de la République qui doit prendre les dispositions, souvent ça été fait, souvent ça n’a pas été fait. Je sais que les Maliens dans leur majorité souhaitent zéro tolérance à la corruption et l’enrichissement illicite. A ce niveau il y a beaucoup d’efforts à faire pour que l’impunité soit une affaire d’hier, c’est la seule façon d’aller vers un état de droit.
LE ZENITH : Monsieur Thiam, vous êtes 2ème président du parlement, à ce niveau aussi nombre de nos compatriotes critiquent la gestion de l’Assemblée nationale. Pensez-vous que notre parlement aujourd’hui est à hauteur de mission ?
Le Président : Je dirais que l’Assemblée nationale est l’institution la plus stable de la République. Vous avez vu tous les soubresauts que nous avons connus avec le FMI, la Banque Mondiale et le gouvernement mais aussi la France qui avait une position souvent ambigüe par rapport aux négociations, ça rendait la tâche très difficile à l’exécutif. Mais l’Assemblée est toujours restée debout par ses prises de position sur les questions d’insécurité, de paix, c’est extrêmement important. Issue d’élections crédibles, l’Assemblée nationale incarne la légitimité populaire, c’est une boite politique, diffèrente d’un département ministériel qui gère des questions précises Pour ce qui est de la fonction de contrôle de l’action gouvernementale, je ne dirais pas que tout est rose mais il y a des efforts. Pour ce qui est de la gestion financière, c’est une autre paire de manche, il y a des choses à corriger aà ce niveau aussi. Vous avez
été témoin un moment donné des accusations de mauvaises gestions qui visaient l’Assemblée nationale notamment dans la presse, à ce niveau également il y a un travail à faire pour que la gouvernance soit une réalité partout.
LE ZENITH : Etes-vous optimiste pour l’avenir de notre pays ?
Le Président : Très optimiste, car il y a de plus en plus une nouvelle race d’hommes politiques, des femmes et des hommes qui comprennent de plus en plus les enjeux et qui se posent des questions sur quoi nous nous sommes trompés, qu’est-ce qu’il faut corriger pour améliorer ? Donc nous sommes à une période très importante de notre histoire. Je suis optimiste pour la suite de l’avenir de notre pays, le Mali est éternel.
Propos recueillis par
Youba KONATE