En prévision d’un éventuel retour précipité des travailleurs dans la région de Kidal, qui se dessine, alors que les conditions de sécurité ne sont pas encore réunies, l’Union régionale des travailleurs de la région (URTK) a mis en garde le gouvernement contre la réédition du scénario catastrophique de mai 2014. C’était, hier, à la Bourse du travail, à travers un point de presse.
Animé par le secrétaire général de l’Union des travailleurs de la région de Kidal, (URTK), Mody Samba Touré, ledit point de presse a enregistré la présence du secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé.
Dans sa déclaration, le secrétaire général de l’URTK a qualifié de «précipité», la décision du gouvernement de faire retourner les travailleurs à Kidal, alors que les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour cela.
« Nous ne comprenons pas l’État dans sa position de précipiter le retour des travailleurs dans la région de Kidal sans aucune garantie et sans associer les représentants des travailleurs dans cette prise de décision », s’est-il interrogé.
Pour lui, si retour il y avait, l’État devrait travailler de concert avec les représentants des travailleurs de préférence avec la centrale UNTM pour qu’ensemble ils conviennent des conditions prioritaires.
« En 2014, l’État avait demandé le concours de la Centrale UNTM pour le redéploiement des travailleurs dans les trois régions du nord. Malgré les inquiétudes émises par cette dernière, ses préoccupations n’ont pas été prises en compte et l’Etat s’est aventuré dans le redéploiement sans aucune garantie sécuritaire. Les travailleurs ont été laissés à leur sort », a dénoncé le responsable syndical.
C’est d’ailleurs dans ces conditions que les événements du 17 mai 2014 sont arrivés, entrainant des pertes en vies humaines, des blessés graves, dont le secrétaire général de l’Union régionale des travailleurs de Kidal, M Touré qui rallonge depuis, la liste des personnes à mobilité réduite de notre pays.
Le secrétaire général a rappelé que les conditions dans lesquelles les travailleurs ont quitté Kidal sont connues de tous y compris l’État et la communauté internationale.
« Nous ne sommes plus prêts à sacrifier nos vies tant que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies. Il est temps que l’État s’occupe de ses travailleurs au lieu de les envoyer toujours à l’humiliation. Si le gouvernement s’entête dans son aventure, il assumera une responsabilité historique », a-t-il averti.
Selon Mody Samba Touré, le retour des travailleurs n’est possible que si les conditions sécuritaires sont réunies, c’est-à-dire le respect de l’accord de paix qui consacre le cantonnement, le désarmement, le retour de l’armée nationale à Kidal. C’est dans ces conditions qu’un retour progressif des travailleurs pourrait être envisagé.
Au fait, le gouvernement envisage le retour très prochain de l’administration à Kidal. C’est d’ailleurs dans ce cadre que des techniciens de l’État dans les domaines de l’Éducation, de la Santé et de l’Énergie ont séjourné, dans la ville rebelle, du 6 au 14 octobre dernier. L’équipe de techniciens gouvernementale était accompagnée de deux membres de la Coordination des mouvements armés (CMA). L’objectif de cette visite était d’évaluer les besoins de la population de Kidal en termes de services de base. Elle a pris fin le 14 octobre, alors que la rentrée scolaire dans la localité est annoncée d’ici à la fin du mois.
A Kidal où les groupes armés sont toujours maîtres des lieux, un pas semble être franchi vers la paix avec la réconciliation scellée entre les groupes armés rivaux, représentants les différentes communautés du Nord (Ifoghas, Imghades, Dawsahak et Arabe).
Leurs chefs respectifs : Alghabas Ag Intalla, Alhaj Gamou, Moussa Ag Acharatoumane et Hanoune Ould Ali, ont juré sur l’honneur à cesser tout acte de violence et toutes formes d’hostilités entre eux, tout en promettant de régler, de façon définitive, et durable, tout différend les opposant.
L’avènement de cette paix des braves est intervenu après la déclaration du Représentant spécial du Secrétaire général, Mongi Hamdi, à la tribune de l’ONU, qui a regretté qu’un temps précieux a été perdu dans la mise en œuvre de l’accord de paix du 20 juin 2015.
Devant le Conseil de sécurité, le patron de la MINUSMA a mis en exergue le fait que le calendrier de mise en œuvre de l’accord a subi de graves revers, à cause principalement de fréquentes violations du cessez-le-feu, par les parties signataires de cet accord.
Selon les dispositions de l’accord, la première patrouille mixte devrait avoir lieu au plus tard le 60ème jour suivant la signature de l’accord ; le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé de planifier et de coordonner toutes les actions et mouvements des combattants pour toute la durée du processus de cantonnement ; dans les 60 jours suivants la signature de l’accord, la CTS et le MOC devraient présenter un plan de mise en œuvre des arrangements sécuritaires pour le Nord du Mali, dans lequel les patrouilles mixtes auront un rôle primordial dans la sécurisation du processus de cantonnement/regroupement et de démobilisation. Ce plan aura pour objectif de prévenir/réduire tout vide sécuritaire avant, durant et après les processus de cantonnement, d’intégration et de DDR.
Par Sidi Dao