Le gouvernement et la CMA ont convenu de la date du 19 octobre, demain, pour la rentrée des classes dans la région de Kidal. Mais le Syndicat national des enseignants s’oppose à cette rentrée qu’elle qualifie de « rentrée politique ». Selon les responsables du syndicat, « les conditions sécuritaires sont loin d’être réunies » pour les militants. Les enseignants exigent « la présence des forces de l’ordre et de sécurité, la réhabilitation des écoles et des locaux l’administration scolaire ».
Les écoles devraient rouvrir demain 19 octobre à Kidal. Le gouvernement et les responsables de la CMA l’ont convenu après la mission d’évaluation des techniciens dans la région, autour des « besoins prioritaires des populations » notamment en eau, santé et éducation. Cette rentrée scolaire à Kidal, qui intervient trois ans après, soulève de nombreuses questions. Elle devra se faire en dépit d’énormes problèmes logistiques, et d’un important déficit d’enseignants.
Dans un communiqué publié la semaine dernière, OCHA a expliqué que 454 écoles, dans au moins 60 communes des régions de Gao, Kidal, Mopti, Ségou et Tombouctou, n’ont pas pu fonctionner normalement en 2014 et 2015. Certaines sont fermées depuis le début de la crise en 2012, et d’autres l’ont fait suite à la dégradation de la situation sécuritaire cette année. C’est le cas à Nampala et à Tenenkou.
A Kidal, la rentrée de demain intervient donc après trois années sans école. Depuis la crise de 2012, les écoles avaient fermé. A cause de l’insécurité, les enseignants avaient fui la localité.
La Coordination des mouvements armés, CMA, qui contrôle la zone, rassure que « toutes dispositions sécuritaires sont prises » pour la reprise de l’école dans la région. « Cette date du 19 octobre a été proposée et acceptée par tous. Pour l’instant, la date du 19 est maintenue, je peux vous assurer que partout où la CMA est présente, elle ne ménagera aucun effort pour honorer les engagements pris dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, y compris la réouverture des écoles et la sécurisation des enseignants », a déclaré Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, joint par notre rédaction.
Ce matin à Kidal, une réunion des autorités locales et des responsables scolaires a eu lieu sur la question. Pour de nombreux observateurs, la rentrée scolaire demain à Kidal, a avant tout « une valeur symbolique ».
« Toutes les dispositions sont prises pour la réussite de cette rentrée », a déclaré Koïna Ag Ahamadou, Chef de la division vie scolaire de la Direction Nationale de l’enseignement secondaire Général. Présent à Kidal pour les préparatifs de la rentrée, Il a été joint par notre rédaction :
« J’ai participé ce matin à une réunion avec la commission d’organisation du lancement de la réouverture des écoles à Kidal avec la CMA et certains partenaires. Au cours de la réunion, nous avons fait le point sur l’organisation. Les comités de gestion sont en train de préparer les classes. Les directeurs des écoles (qui seront visitées) sont désignés. Les enseignants qui seront en classe sont désignés. Ils sont connus. Le programme de la visite est élaboré et partagé avec les partenaires. La mobilisation par la CMA est en cours pour que le lancement de demain soit une réussite. Demain sera le lancement de la réouverture des écoles dans la région de Kidal. Les écoles ouvriront à Tine-Sako à Abeybarra, à Tessalit et à Kidal. Ça c’est les quatre cercles de la région de Kidal. La rentrée effective ne pourra pas se faire, parce qu’il faudra que toutes les conditions soient réunies partout. Je ne suis pas sûre d’avoir tous les enseignants pour rouvrir toutes les écoles dès demain. Je dis que les écoles qui pourront rouvrir demain avec les ressources disponibles tant matériellement que sur le plan ressources humaines, vont rouvrir, et les autres rouvriront progressivement. A partir de demain, aucun obstacle n’existera pour empêcher la réouverture des écoles ».
Le syndicat national des enseignants s’oppose à cette rentrée qu’elle qualifie de « rentrée politique ». Selon ses responsables « aucun enseignant ne sera à Kidal tant que la sécurité n’est pas garantie par l’Etat du Mali ». Les enseignants exigent la présence des forces de l’ordre et de sécurité, la réhabilitation des écoles et des locaux l’administration scolaire dans la région « avant toute rentrée ».
Maouloud Benkatra est le secrétaire général du Syndicat national de l’éducation et de la culture, SNEC. Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Nous avons été catégoriques. Je parle au nom du syndicat national de l’éducation et de la culture. Nous ne pouvons en aucun cas engager les enseignants pour donner des cours dans la région de Kidal demain. Pour nous, la rentrée de demain est une rentrée politique. Elle est loin d’être une rentrée scolaire ».
Donc, les enseignants ne seront pas à Kidal demain ?
« Affirmatif ! »
Est-ce que la prime promise aux enseignants qui exerceront dans ces localités avait été régulièrement versée ?
« Nous, nous ne voyons pas la rentrée en terme de prime. Nous voyons la rentrée en terme de sécurité des enseignants. Les primes ne sont que de l’argent qu’on donne, mais la vie des enseignants compte beaucoup plus que l’argent qu’on va leur donner. Les conditions sécuritaires ne sont pas du tout réunies pour permettre à nos militants d’aller sur place. Nous ne mettons pas l’argent en avant, nous mettons en avant leur vie d’abord avant l’argent. Nous avons vu que les enseignants ont fait plus que des sacrifices. Nous avons vu que certains d’entre eux ont été blessés. Depuis qu’ils ont été blessés, nous n’avons vu la présence d’aucune structure étatique. Donc, il n’y a pas de sacrifice plus que ça. Tant que les structures de souveraineté ne sont pas présentes à Kidal, les enseignants ne peuvent pas aller donner les cours ».