Cité hier parmi les pays les moins touchés par l’insécurité, le Mali est, devenu, le refuge du banditisme armé. Une situation qui inquiète populations et autorités du pays.
Le Mali a-t-il, définitivement, basculé dans l’insécurité ? Avec l’éclatement de la rébellion au nord du pays en 2012, l’insécurité a vite gagné tout le territoire national. Aux attaques des rebelles et leurs alliés islamistes, il faut ajouter les vols et braquages à mains armés. Les populations du sud comme du nord, vivent désormais sous la terreur du banditisme armé.
Le récent remaniement ministériel a vu partir du gouvernement le Général Sada Samakè dont la gestion de la question sécuritaire, avait été décriée tant par la population que par les élus de la nation. Pour les détracteurs du ministre, jamais l’insécurité n’avait atteint un niveau aussi élevé au Mali. A leurs avis, les initiatives du département pour la sécurisation des personnes et de leurs biens, étaient en deçà des attentes populaires. Le Général Sada, est parti. C’est le colonel major Salif Traoré, ex gouverneur de la région de Kayes qui le remplace. Il a mission de réussir là où son prédécesseur a échoué.
Pour beaucoup de personnes interrogées sur la question de l’insécurité grandissante dans les villes et dans les périphéries, la responsabilité est à incomber, en grande partie, aux agents en charge de la sécurité et de la protection civile. Certains agents, dit-on, n’ont pas pris conscience de l’enjeu de la situation et continuent, par leur manque de professionnalisme, à favoriser la progression de l’insécurité dans le pays. En un mot, le manque de professionnalisme et l’indiscipline, sont des facteurs pouvant aggraver l’insécurité, de l’avis de beaucoup de personnes. Face à ces deux facteurs, les chefs hiérarchiques doivent sévir. A quoi servirait de doter des agents de moyens leur permettant de bien remplir leur mission si ces agents n’ont pas la conscience professionnelle requise ?
Le Mali qui fait face au terrorisme transfrontalier doit aussi faire face au banditisme résiduel dont les conséquences sont aussi dévastatrices car elles annihilent tout effort de développement. Si la lutte contre le terrorisme et les attaques des groupes rebelles se fait ou doit se faire à travers une action concertée entres les forces de défense et de sécurité du Mali et celles constituées par la coalition internationale, le banditisme domestique est exclusivement l’affaire des autorités maliennes. Toute faiblesse à ce niveau, remet en cause la politique nationale en matière de sécurité et de protection civile.
Le nouveau Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le colonel major Salif Traoré sait qu’il n’a pas droit à l’erreur et qu’il ne saurait bénéficier d’un temps de grâce. Les populations attendent des avancées, des résultats notoires dans son domaine. Et vite. En amenant du sang neuf à la tête de la Direction générale de la police comme en témoigne le récent limogeage des Directeur Général et Directeur Général Adjoint de la Police Nationale, le nouveau ministre cherche, nul doute, ses marques et veut imprimer son rythme et sa méthode. Le temps lui est compté et la pression de la population est là, très poussive.
Toutefois, la réussite de sa mission dépend de l’organisation interne des structures relevant de son département, de l’engagement de ses hommes et femmes mais aussi de la collaboration de la population avec les services de renseignement. Saura-t-il relever le défi ?
Tièmoko Traoré