La jeunesse est le temps du travail, la vieillesse est le temps du repos, dit-on. Cet aphorisme devenu célèbre est plus que jamais une réalité chez M.Sory Ibrahim Traoré membre du bureau du Conseil National des Jeunes (CNJ-Mali), élu communal à Sébékoro (à quelques encablures du cercle de Kita) et non moins président de l’Association Conjedev. Il est également le 1er responsable de l’association « Démisinw joyoro » depuis la semaine dernière, association qui soutient mordicus l’armée malienne afin qu’elle puisse mieux faire face à sa mission.
L’AGORA : Quel est le rôle joué par la jeunesse avec de l’avènement de la démocratie au Mali en 1991 ?
Sory Ibrahim TRAORE : Tout d’abord, permettez-moi de souhaiter à mon pays mes vœux les meilleurs au seuil du nouvel an 2013.Qu’il soit pour les 13 millions des Maliens une année qui verra la libération du Nord dont les populations vivent depuis plusieurs mois les pires mésaventures de leur existence. Pour revenir à votre question, je dirai que de 1990 à 1991, la jeunesse a joué un rôle de premier plan. Revenons sommairement aux évènements proprement dits de mars 91.Il n’est un secret pour personne que c’est la rue qui s’exprimée pour qu’une partie de l’armée et quelques syndicats décident enfin du changement intervenu le 26 mars. C’est la jeunesse qui était au cœur du changement. Elle était en première ligne. C’est pourquoi, je vous parle d’un rôle de premier plan.
L’AGORA : La jeunesse a joué un rôle déterminant. A-t-elle pu récolter les fruits de ses efforts ?
S. I. T: Question pertinente ! Cependant, au regard de sa détermination pour l’émergence de la démocratie, je dirai qu’il est fort regrettable d’affirmer que la jeunesse soit jetée aux oubliettes. C’est malheureux que le fer de lance de toute nation soit traité au Mali d’une telle manière. En effet, des années durant, la jeunesse était absente des pouvoirs de décisions. Il s’agit là d’un mauvais procès qu’on fait aux martyrs du 26 mars 91 dont la plupart étaient des jeunes.
L’AGORA : Pensez-vous que de nos jours, les jeunes ne sont pas impliquées dans les prises de décisions ?
S. I. T: Aujourd’hui encore, c’est toujours la même et triste réalité. Les jeunes sont carrément à côté par rapport aux prises de décisions. Faites un petit tour d’horizon des postes responsabilités et le constat est tout simplement amer. Les jeunes sont ignorés lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes pour le pays. Bref, ils sont toujours marginalisés.
L’AGORA : Nous sommes en période de crise au Mali avec ce que tout le monde sait : l’occupation des 3 régions du Nord sous le contrôle d’une bande de terroristes. Quel est le rôle dévolu à la jeunesse ?
S.I T : Naturellement et comme toujours, la jeunesse a bien sûr joué un grand rôle dans les différents regroupements. Juste après les évènements du 22 mars 2012, les premiers mouvements, les premières réunions et les premières déclarations qui ont suivi ont été faits par des jeunes. Ce sont les mouvements de jeunes qui ont conduit à la création du FDR, de la Copam et bien d’autres regroupements. Du côté du FDR, c’est le C.N.J (Conseil National des Jeunes NDLR) qui a eu à diligenter les toutes premières réunions.
Malheureusement, tout près de nous, avec la composition du nouveau gouvernement et vous conviendrez avec moi que la jeunesse est vite oubliée. C’est le même scénario de 1991 qui est en train de se reproduire.
La jeunesse est sollicitée pour jouer un rôle de premier plan quand il s’agit de mourir ou de se sacrifier pour un combat. Mais elle est vite livrée aux écuries d’Augias lorsqu’il s’agit du partage du gâteau, c’est-à- dire des postes de responsabilités.
L’AGORA : Pour une sortie de crise, ils sont nombreux les jeunes qui prennent des initiatives et sont en train de voir comment agir en synergie d’actions. Comment vous voyez cette perspective ?
S.I. T : Nous voyons aujourd’hui un rassemblement des efforts des jeunes à tous les étages de la société malienne. Ce qui est une très bonne chose. Quand vous voyez les efforts des jeunes au Nord par rapport à l’occupation, leur résistance est à saluer. Toute chose qui dénote de leur engagement hautement patriotique. Nous avons besoin de résister, nous avons besoin de conjuguer les efforts, d’établir la confiance entre nous et notre armée pour enfin bouter hors de nos frontières tous les ennemis du Mali. Pour réussir dans cette voie, il est impératif que la jeunesse se donne la main, car tout le monde sait que l’union fait la force.
L’AGORA : Avez-vous un appel à lancer ?
S. I. T :J’exhorte tous les Maliens à aller au-delà clivages politiques, des intérêts personnels pour regarder tout droit le drapeau qui flotte partout au Mali, pour regarder ce que nous subissons aujourd’hui, qui n’est autre chose que les conséquences du grand banditisme, les conséquences de la crise libyenne, l’environnement politique.