phase II du projet d’adduction d’eau de Kabala risque de ne pas voir le jour. Pour la simple raison que deux principaux bailleurs de ce projet, l’Union européenne et le fonds saoudien, se retirent du financement. Raison évoquée, d’autres projets à financer.
La table ronde des bailleurs de fonds pour le financement de la 2ème tranche du projet d’eau potable de Kabala risque d’attendre longtemps pour voir le jour. Il relève la duplicité de l’Etat dans ce projet d’intérêt national qui à pourtant l’appui de la Banque africaine de développement (BAD). Dans le cadre de son programme de redynamisation du secteur d’eau, le gouvernement de la République du Mali a, en opportunité, lancé un vaste chantier afin de fournir de l’eau potable au plus grand nombre de Maliens, l’une des préoccupations majeures des pouvoirs publics. Mais les responsables de l’Union Européenne et du fonds saoudien ont claqué la porte, à cause du coût réel de ce projet. Si dans un premier temps, ces derniers ont été informés que la deuxième tranche de ce projet s’élevait à moins de 100 milliards de nos francs, ils ont été surpris d’entendre lors de la séance du vendredi 16 octobre, par les autorités, que le montant de cette phase s’élevait à 162 milliards FCFA. Du coup cela a fait frémir les responsables des deux institutions sur le montant assez élevé du projet. Si le responsable du fonds saoudien a décidé de saisir sa hiérarchie avant de donner son avis quant à un probable financement, tel n’a pas été le cas de l’Union Européenne.
Cette table-ronde survient huit mois après des échanges fructueux sur l’état d’avancement de la première phase du projet et les perspectives de développement à travers le schéma directeur d’alimentation en eau potable de la capitale jusqu’en 2032. La représentante des PTF, Mme Hélène N’Garnim Nganga, a rappelé que « le projet de Kabala » s’inscrit dans le cadre des échanges institués entre le Mali et ses partenaires afin de mobiliser toutes les énergies nécessaires à sa mise en œuvre effective et d’améliorer le niveau de vie des populations vivant sur les deux rives du fleuve Niger par un accès durable à l’eau potable. La rencontre permet également d’envisager la seconde phase de ce projet structurant, a-t-elle souligné avant de confirmer l’engagement des PTF à accompagner notre pays pour sa réalisation. Le ministre de l’Energie et de l’Eau a noté le faible niveau d’investissement dans le développement des infrastructures d’accès à l’eau potable des centres urbains en général, et de la capitale en particulier, pendant près de 25 ans. Pour résorber ce déficit d’eau potable, nos partenaires ont consenti un important effort de financement d’environ 172 milliards de Fcfa afin de réaliser, d’ici fin 2018, les premiers ouvrages de production d’eau potable de Kabala. A la fin de ces travaux, Bamako disposera d’une station de production de 144 millions de m3 d’eau potable par jour, d’un réseau long de 1400 km permettant le doublement du linéaire actuel, de 96.000 branchements sociaux et de 1000 bornes fontaines publiques, a-t-il énuméré.
Mamadou Frankaly Keïta a remercié les partenaires pour leur accompagnement tout en attirant leur attention sur la dimension structurelle de la problématique de l’accès à l’eau potable à Bamako et environs : sous l’effet de la poussée démographique, le déficit actuel en eau potable est estimé à 150 millions de m3 par jour. Par conséquent, les 144 millions de m3 de la première phase du projet ne pourront pas satisfaire la demande actuelle. D’autant plus qu’à l’horizon 2018, à la fin de la première phase du projet, les besoins de la ville atteindront 400 millions de m3 par jour, selon les projections du schéma directeur. Il est donc impératif de prévoir dès maintenant la deuxième tranche des travaux en vue de doubler la capacité de production de la future station. Le gouvernement malien ne serait-il pas bien inspiré d’apporter des réponses complètes à l’opinion publique malienne ainsi qu’aux institutions internationales de financement du développement, car à défaut, l’appel à manifestation d’intérêt dont il s’agit procèdera d’un artifice en trompe-l’œil en ce que la gestion de cette phase II du projet pourrait être appréciée comme non vertueuse, imprégnée d’opacité, de soupçons d’entente illicite, de manœuvres, de manipulation des procédures d’appel à manifestation d’intérêt, de corruption et de demi-vérités (…).
Il y a dès lors, à charge du gouvernement malien, sans atermoiement, matière à lever tout doute et à se prononcer sur le réel coût de ce projet.
Paul N’GUESSAN