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Situation au nord du Mali: Fini la guerre, place à la paix et à la justice !
Publié le mercredi 21 octobre 2015  |  Le Reporter
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© aBamako.com par mouhamar
Visite de la mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) à Kidal
Kidal, le 08 Août 2014. La délégation de la mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) conduite par son Excellence monsieur Pierre Buyoya, Haut Représentant de l`Union Africaine s`est rendue ce vendredi à Kidal, pour s`enquérir de conditions de vie des populations.




Anéfis, qui a été le théâtre d’affrontements sanglants entre la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), en août et septembre derniers, résonne aujourd’hui de perspectives de concorde. Tous les chefs militaires des groupes armés, des notables et des chefs de tribus viennent de s’y réunir pendant près de trois semaines. Les déclarations des uns et des autres se sont succédé cette semaine.

Le dimanche 11 octobre 2015, les communautés des Ifoghas, par la voix de Alghabass Ag Intalla, et des Imghads, par celle du général El Hadj Ag Gamou, se sont engagées à s’entraider sur tous les aspects sécuritaires et sur la gestion de leurs intérêts, partout où elles sont.» Ahmoudene Ag Iknass, député de Kidal et partisan de la Plateforme, a déclaré : «nous avons terminé la rencontre ce jeudi 14 octobre 2015. Tout le monde a fait la paix, à commencer par nous, de la Plateforme, et la CMA». «La guerre est derrière nous. La Plateforme et la CMA ont fait la paix, mais les autres tribus ou groupes qui avaient des problèmes entre eux ont aussi fait la paix», a affirmé Boubacar Ould Hamadi, de la CMA.

Azaz Ag Louda, élu de la région de Gao, et membre de la Plateforme, a, quant à lui, dit que «les groupes armés viennent de signer un pacte d’honneur qui scelle le cessez-le-feu et la paix». Dans la foulée, le général El Hadj Ag Gamou, de la communauté Imghad
et Moussa Ag Acharatoumane, de celle des Idaksahak, ont signé, le 15 octobre, un accord en vue «d’œuvrer pour une cessation immédiate des hostilités entre les dites communautés, et d’organiser une rencontre dans les plus brefs délais à Inwelane (zone de Talataye), pour réconcilier entre elles les communautés Imghad, Idaksahak, Araban, Chamanamass, Idourfans et Iboghalitan, de la zone.» Certains estiment qu’en attendant la réconciliation nationale, ces déclarations intercommunautaires sont «à encourager et même à généraliser à toutes les communautés, sur l'ensemble du territoire».

Cela permettra sans doute de panser les blessures ouvertes par les divers groupuscules. D’autres pensent que ces ententes se scellent afin de se partager le contrôle du commerce illicite en général, et du trafic de drogue en particulier. Quels que soient la sincérité et le dessein de ces déclarations, personne ne peut occulter que l’insécurité qui règne actuellement et quotidiennement dans le septentrion ne cessera pas de sitôt, car elle est étroitement liée à la présence des groupes prétendument islamistes, auxquels nombre d’acteurs des mouvements signataires de l’Accord pour la paix ont été, ou sont encore, mêlés. La concorde ne pourra régner dans les cœurs que si l’amertume ne s’y installe pas.

L’une des nominations, au titre du ministère de la Réconciliation nationale, annoncées par la Primature dans son communiqué du Conseil des ministres du 14 octobre, l’y fait déjà germer. En effet, Madame Nina Wallet Intallou, représentante de la CMA, vient d’être nommée au poste de 1er vice-président de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Nul n’ignore que Nina Wallet Intallou a été, dès 2012, une des figures incontournables du MNLA. Elle est membre du Bureau exécutif, et présidente des femmes de ce mouvement séparatiste. Beaucoup se demandent quelle vérité elle prônera puisqu’elle fait partie du problème actuel du Mali.

Comment pourra-t-elle être «en posture de servir honnêtement et efficacement la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, si l'objectif réel en est une réconciliation véritable ?» Ils ajoutent «qu’elle ne sera pas écoutée dans certains endroits où sa présence même pourrait occasionner des émeutes.»
Cette question de la réintégration et des nominations à des postes importants des acteurs, directs ou indirects, qui ont plongé le Mali dans la crise qui dure depuis plus de 3 ans, ne peut pas être occultée.

Les exactions subies ne doivent pas être jetées aux oubliettes. Au Mali comme ailleurs, toute victime a besoin d’être reconnue comme telle. Pour regarder vers l’avenir, la victime, quoiqu’elle ait enduré, a besoin que son bourreau soit jugé, et que le verdict d’un procès équitable soit prononcé. La réconciliation profonde et durable ne peut pas exister tant que l’impunité perdure, car les plaies ne se cicatrisent alors qu’en surface, et le feu continue à couver sous les braises. Paix et justice ne vont jamais l’une sans l’autre.

Françoise WASSERVOGEL
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