Elu en 2013 avec le dessein de construire un nouveau Mali assaini et un peu plus vertueux - alors que le pays sortait cabossé en 2012-2013 d’un régime de transition et de la perte du Nord, passé sous contrôle durant dix mois d’un califat nourri par le narcotrafic -, Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, débute mercredi une visite de deux jours en France. Deux ans après sa prise de fonction, le bilan du président malien est pourtant décevant. Certes, les accords de paix ont été signés mi-juin en Algérie. Cette dernière, en les appuyant de toute sa puissance régionale, a même semblé par moments se substituer à Bamako tant ces négociations ne semblaient pas, ou plus, concerner le pouvoir central malien. En fait, IBK les a freinées, tout en se disant toujours favorable au dialogue avec les groupes rebelles, notamment ceux incarnés par la Coordination des mouvements de l’Azawad. Résultat : un compromis boiteux et des prérogatives si étendues pour les régions du Nord qu’elles sont de fait quasi-autonomes. Et tout ceci dans un pays immense mais aussi terriblement attaché au «jacobinisme», sachant que l’Etat n’a pas les moyens matériels de déployer sa propre administration.
IBK à Paris, c’est aussi le symbole de la politique africaine de François Hollande : la lutte contre le terrorisme et les relations renouvelées avec l’Afrique. IBK se rendra ainsi à la Sorbonne pour prononcer un discours jeudi, là même où l’historien devenu homme politique fut formé. Certes, IBK est un rhétoricien de haut vol, mais qui aujourd’hui se trouve affaibli par son propre orgueil, ses indécisions et ses mauvais choix politiques. IBK porte sur les épaules le choix d’avoir nommé au poste de Premier ministre un boutefeu, qui tentera de reprendre Kidal aux mains de la rébellion touareg en mai 2014.
... suite de l'article sur Autre presse