La visite d’Etat du Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est une première dans l’histoire de notre pays après 55 ans d’indépendance. Arrivé à Paris le mardi 20 octobre 2015 pour une visite de deux jours, le Chef de l’Etat malien a reçu les honneurs des grands jours.
Ça y est ! La page des moments d’incompréhension, notamment au sujet de la gestion de la crise du Nord entre le Mali et la France est tournée. A travers cette visite d’Etat en France, le Président IBK ramène le Mali dans le concert des grandes nations de la planète.
Accompagné de son épouse et d’une forte délégation ministérielle soutenue par une bonne brochette d’opérateurs économiques et de journalistes, notre Président a un agenda très chargé et très riche. Car cette visite sera mise à profit par les deux pays pour accélérer le processus de paix au Mali, en appuyant la mise en œuvre de l’accord signé en mai et juin dernier. Au menu de cette visite, il y a eu un entretien hier mercredi 21 octobre à l’Elysée. Dans son programme, le Président de la république du Mali a aussi des rencontres officielles avec le président du Sénat, le ministre de la Défense, une intervention à la Sorbonne, puis un dîner d’Etat. On note deux temps forts aujourd’hui. Il s’agit de l’ouverture d’une conférence des bailleurs de fonds sur la relance économique du Mali et une visite près de Verdun, dans l’est de la France, où reposent des soldats maliens de la Première Guerre mondiale. A noter également qu’IBK se rendra à Douaumont près de Verdun pour rendre hommage aux Maliens tombés pour la France parmi lesquels figure son arrière-grand-père.
D’ores et déjà, à son accueil à l’aéroport, on a assisté à un avant-goût de la solennité que la partie française donne à une visite d’État. Après avoir déroulé le Tapis rouge pour IBK, il y a eu les 21 coups de canon et l’hymne national des deux pays. Avant de procéder à la revue d’un détachement de la Garde républicaine fantastiquement aligné. L’autre fait marquant était de voir Paris vibrer aux couleurs du Mali. Des drapeaux aux couleurs nationales du Mali (vert – or – rouge), flottent sur les Champs Élysées. On voyait un Ibrahim Boubacar Keita, deuxième chef d’État africain à être reçu ainsi en visite d’État depuis l’arrivée du président Hollande à l’Élysée, rayonnant et visiblement émerveillé.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, s’adressant à la presse indiquera que cette visite d’État sera un moment particulier de la célébration de l’amitié franco-malienne à tous égards. « Les prémisses sont déjà là avec la forte mobilisation des autorités françaises. Ce qui présage une bonne visite d’État », a-t-il ajouté.
De sources diplomatiques françaises et maliennes, la présente visite d’État sera axée sur le renforcement de la coopération bilatérale et sur la reconstruction et la relance économique de notre pays à la faveur de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. La France, premier partenaire bilatéral du Mali, est très attendue sur ces chantiers dont la bonne exécution dépend de son soutien diplomatique, économique et même politique, renchérie un diplomate malien. « Nous nous félicitons de ce qui se profile », déclare un haut dignitaire malien. Aussi dans les milieux officiels, on souhaite ardemment le renforcement des relations entre la France et le Mali. Il y a eu, on le reconnaît, des moments d’incompréhension, notamment au sujet de la gestion de la crise du Nord, mais une page se tourne, se félicite-t-on dans coulisses.
Le mercredi, le Chef de l’Etat a reçu les honneurs militaires à l’Arc de Triomphe où il a déposé une gerbe de fleur sur la tombe du Soldat inconnu avant de signer le Livre d’or. Cet événement a été suivi de la descente des Champs Élysées par le président Keita et son épouse, accompagnés par la Grande escorte de 28 motos et 130 chevaux. Avant de mettre le cap sur l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne où il a animé une conférence sur le thème : « De Verdun à l’opération Serval : France-Mali, une longue tradition de solidarité et d’amitié fécondes ».
A noter qu’un dîner d’Etat a été organisé par François Hollande à l’Élysée, à l’honneur de son homologue malien IBK. Comme pour dire que Français et Maliens entendent, à travers cette visite, afficher leur volonté d’œuvrer ensemble à relever les grands défis de notre pays et de la sous région. En tout cas, les attentes sont grandes du côté du Mali. Koulouba ambitionne profiter de cette visite pour demander à la France de l’accompagner dans le processus de paix. De mobiliser d’énormes moyens pour la réconciliation et la reconstruction. L’Hexagone étant un allié incontournable dans la gestion de crise que le Mali traverse, l’expertise française en matière de lutte contre le terrorisme intéresse beaucoup notre pays, qui insistera sur le renforcement de la coopération bilatérale dans ce domaine.
L’autre attente pour les Maliens et non la moindre, est la relance de son économie. Au cours de cette visite, les autorités maliennes appuyées par une forte représentation des opérateurs économique dont le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, tenteront de convaincre les investisseurs français à prendre la direction du Mali. « Les portes leur sont déjà ouvertes », affirment les officiels maliens.
Faut-il le souligner, déjà, les nouvelles sont bonnes. Une enveloppe de 300 millions d’euros est promise au Mali. Ce soutien de Paris que certains qualifient de politique vis-à-vis du Mali fera du bien dans le cadre de la reconstruction du pays.
Sans risque de se tromper, cette visite a une allure de réhabilitation du Mali et de la reconnaissance d’un grand homme, en l’occurrence le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.
Envoyé spécial à Paris
Birama FALL