François Hollande, qui accueille pour deux jours, le président malien Ibrahim Boubakar Keita, se félicite de la stabilité retrouvée au Mali. Dans les faits, le chemin pour la sécurité est encore long.
Les Champs-Elysées ont été décorés aux couleurs du Mali pour l'occasion. Le président malien, Ibrahim Boubakar Keita, dit IBK, a eu le droit à tous les fastes pour sa visite d'Etat de deux jours en France. Paris fait valoir que cette visite "tombe à un moment important dans le règlement de la crise malienne avec une accélération de la mise en œuvre des accords d'Alger depuis septembre". François Hollande promet que la France "restera en première ligne" dans l'aide au Mali.
Ce qui a été possible en à peine trois ans (...), trois ans pour passer de l'état de guerre à l'état de paix, trois ans pour vaincre le terrorisme qui allait envahir tout le pays, trois ans pour assurer une réconciliation, eh bien, ce qui a été possible pour le Mali doit être possible au-delà du Mali", a-t-il encore dit jeudi 22 octobre.
C'est vrai, la France peut se féliciter. Les mesures prises par François Hollande pour le Mali ont été une réussite : depuis l'intervention militaire française dans le nord du Mali, le pays va mieux, les djihadistes n'ont pas déferlé à Bamako. La sécurité est désormais assurée par les forces de maintien de la paix des Nations-unies, la Minusma, aidée par la France. Les élections qui se sont tenues à la suite de l'opération militaire, se sont déroulées dans de relatives bonnes conditions. Des accords de paix, après huit longs mois de pourparlers, ont été signés en mai et en juin entre les différents groupes rebelles du nord et Bamako et prévoit un retour progressif de l'administration et de l'armée malienne sur l'ensemble du territoire, notamment dans le nord.
Le pire a été évité, le chemin a été long, mais rien n'est réglé et les problèmes de fond demeurent.
Le terreau du terrorisme n'a pas été éradiqué", estime Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Iris, en charge de l'Afrique.
Des djihadistes toujours présents
Si l'opération Barkhane (1.300 militaires pour le seul Mali sur les 3.000 présents au Sahel) a permis de disperser les djihadistes qui opéraient dans la région, ces derniers sont toujours présents. Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les groupes djihadistes, très mobiles, ont encore la possibilité de mener des actions individuelles partout au Mali. Longtemps concentrées dans le nord, les attaques djihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre du pays, puis à partir de juin au sud, aux frontières avec la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. En mars, une attaque, revendiquée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, dans un restaurant du centre de la capitale malienne avait fait 5 morts.
"Ces mouvances sont dans des logiques de guerre asymétrique avec des cellules dormantes un peu partout. Elles n'ont pas perdu leur capacité de nuisance. Et on trouvera toujours des jeunes, sans perspective d'avenir, prêts à être rémunérés par ces groupes qui mêlent mafia et religion", explique Philippe Hugon.
Kidal reste toujours une épine dans le pied de la France et du Mali. La ville, dont la population reste très hostile au gouvernement, est toujours sous le contrôle du mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), principal groupe séparatiste. L'armée malienne n'y a pas droit de cité et l'opération française n'a pas pu y accéder non plus. Par conséquent, les djihadistes s'y cachent toujours, dont les djihadistes d'Ansar Dine.
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