IBK, presque plébiscité en 2013 contre la promesse d’un changement dans un pays alors profondément en crise, a fini de décevoir ses concitoyens qui ont vite déchanté en apprenant les graves scandales financiers de son magistère. En effet, de son investiture à maintenant, on assiste à la dilapidation des ressources de l’Etat. Achat d’avion de commandement, contrat d’armement, connexion avec un parrain de la mafia, sanctions des bailleurs de fonds notamment le Fmi, infestation du pouvoir par la famille, rénovation de résidence privée, surfacturations, scandale de l’engrais frelaté, affaire de 1000 tracteurs, tout y passe. En deux ans de pouvoir IBK, le Mali est ainsi devenu le pays des malversations, des surfacturations, des scandales financiers… François Hollande a promis hier, jeudi 22 octobres 2015, 360 millions d'euros d'aide au Mali lors de la visite du président malien IBK à Paris. Notre confrère Libération se pose des questions sur la destination de cette aide française, car, ajoute le journal, « au Mali, l’argent des donateurs a pris souvent, dans un passé récent, le chemin d’une tuyauterie administrative malienne qui ne donnait qu’un goutte-à-goutte confondant d’étonnement ces mêmes donateurs, aujourd’hui légèrement refroidis. » Nous vous proposons l’intégralité de l’article de Libération sur la question. Lisez !
La France aide le Mali... sans trop savoir où va l'argent
François Hollande a promis ce jeudi 360 millions d'euros d'aide au président malien IBK, en visite à Paris.
Que retenir des allocutions des présidents Keïta et Hollande en ouverture ce jeudi matin, à Paris, sous l’égide de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), de la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali ? Que les convulsions qui ont tordu le Mali depuis 2013 seraient derrière nous. C’est en substance la teneur des propos présidentiels. Les deux hommes se sont donnés du «François» et du «Ibrahim», affichant une grande proximité. Hollande, répondant à un discours d’IBK qui, comme le Niger sort de son lit lors de l’hivernage, est sorti lui aussi de son texte en laissant le verbe, qu’il a riche, déborder.
IBK en chef militaire
Il fut question de reconstruction du Nord, du soutien appuyé d’Alger aux accords de paix de juin dernier, de 360 millions d’euros d’aides de la part de la France jusqu’en 2017 – dont 80 pour les régions du Nord –, de nouvelles politiques publiques, de lois sur le blanchiment de l’argent sale et aussi d’une mise en garde d’IBK envers «quiconque viendrait remettre en cause les accords de paix». Ibrahim Boubacar Keïta s’est voulu martial et a endossé son uniforme de chef militaire. La salle a alors acquiescé d’un air grave.
Reste qu’avec une armée nationale humiliée en 2013 et mise en déroute l’an dernier à Kidal, comment pourrait-elle faire respecter ces mêmes accords ?
Hollande, après avoir chaudement remercié à son tour Alger et le «président Bouteflika» pour son rôle actif dans la conclusion de ces accords, a toutefois modéré l’enthousiasme de son «cher Ibrahim» : «Si la pauvreté continue, alors les mêmes causes provoqueront les mêmes effets. C’est pourquoi nous voulons intensifier les politiques de développement.»
Où va l’argent ?
Une source sur place faisait quand même la moue : « Il faudra être encore plus attentifs que nous l’avons été aux décaissements des sommes et vérifier si elles ont bel et bien été dirigées vers ces programmes.»
Et c’est là justement que le bât blesse. Car si IBK a évoqué «de nouvelles lois sur l’évaporation fiscale», l’argent des donateurs a pris souvent, dans un passé récent, le chemin d’une tuyauterie administrative malienne qui ne donnait qu’un goutte-à-goutte confondant d’étonnement ces mêmes donateurs, aujourd’hui légèrement refroidis.
Cela écrit, il convient de ne pas se laisser totalement emporter par les échanges cordiaux entre les deux hommes. Hollande s’est montré brillamment ironique, parlant «de brièveté» à propos d’un discours interminable d’IBK et lui rappelant, avec cette morsure câline qui est sa marque de fabrique : «Si demain, il y a un Mali démocratique et qui relève les défis, alors vous pourrez être fier de vous.»
Histoire de rappeler que Paris sera extrêmement attentif au pognon décaissé et aussi, de manière subliminale, que l’opposition malienne n’avait pas été consultée lors des accords. Cette dernière pointe d’ailleurs IBK sur sa gestion, disons assez personnelle, des deniers de l’Etat.
Jean-Louis Le Touzet
Libération