Si seule la vérité historique a droit de cité, il est important que les Maliens ne s’étripent pas sur les concepts de visite officielle, visite d’Etat ou visite d’amitié. Ibk est le président du Mali, c’est en cette qualité qu’il s’est rendu en France, c’est en cette qualité qu’il y a reçu les honneurs que nous avons vécus. A travers lui, chacun d’entre nous doit se sentir honoré car c’est le Mali qui a été mis sur le podium. La visite parisienne du président ne doit donc être ni dévaluée ni exaltée plus que de raison. Il ne faut pas la dévaluer car elle intervient dans un contexte que nous savions tendu entre notre pays et la France à propos de la gestion de la crise du Nord. Un accord est signé, sur le terrain les mouvements s’embrassent, l’Etat ne peut toujours pas unilatéralement se déployer à Kidal. Mais pour Hollande, le Mali est un des symboles de ses rares réussites. Et c’est pourquoi le bémol est nécessaire pour le triomphalisme à tout va : la France ne peut pas tuer le symbole. Hollande et Keita ne pouvaient donc que tourner une page d’autant plus désolante qu’elle était totalement surréaliste. C’était cela la portée et l’enjeu de sagesse de la visite parisienne. Elle a des implications pour Ibk, une fois retourné au pays. C’est d’abord celle d’accélérer la reconstruction et le développement du Nord même si nous sommes loin de l’approche Marshall requise pour que Gao, Tombouctou, Kidal s’émancipent mais que Mopti, leur principal partenaire ne s’effondre pas. Il s’agira ensuite de s’assurer de l’usage le plus intègre et le plus rationnel de ressources nationales d’un des pays les plus pauvres de la planète. Enfin, la performance publique et la qualité de vie : parce que les maquillages et la propagande ont l’espérance vie du beurre au soleil et parce que les frustrations dues à l’exclusion sont des prémices de violence.
Adam Thiam