Le nouveau Directeur Général de la Police Nationale, Moussa Ag Infahi nommé récemment a vraiment du pain sur la planche. Lui et son ministre le Colonel –major Salif Traoré viennent aux affaires à un moment où les populations, dans les villes et campagnes, font face tous les jours à une insécurité qui va crescendo avec à la clé des braquages, assassinats, vols à mains armée et par effraction avec leurs lots de victimes. Il prend les rênes de la police nationale où de nombreux défis restent à relever, mais aussi à un moment où beaucoup est à faire pour redorer le blason de la police et réduire le fossé entre les policiers et les populations civiles qu’ils son censés protéger.
Depuis un certains temps, les populations maliennes dans les grandes agglomérations comme dans les campagnes font face à une insécurité sans précédents avec des scènes que celles-ci ne voyaient que dans les films hollywoodiens il ya seulement quelques années. Mais de nos jours, pas une journée ne passe sans que des scènes similaires soient relatées, surtout à Bamako et dans ses environs.
Une police minée par de nombreux problèmes
En moins de cinq (5) ans, il ya eu de nombreux mouvements à la tête de la police nationale. Après le départ de Niamè Keita, plusieurs directeurs se sont succédé à la tête de la police nationale. D’abord Mamadou Diagouraga qui y va faire moins d’un an. Lors de son passage à la tête de la police, cette force paramilitaire était face à de nombreux problèmes internes qui influaient sur son efficacité. Durant son passage à la tête de la police, le fossé n’a cessé de grandir entre le commandement et les syndicalistes qui l’accusaient de travail fractionnel, d’incompétence et de violations répétées des libertés syndicales. Pour les premiers responsables de la Section Syndicale de la Police Nationale de l’époque, Siméon Keïta, Siriman Fané et Drissa Roger Samaké, le fossé entre le commandement et les éléments de la police n’a cessé de grandir depuis l’arrivée de Mamadou Diagouraga à la tête de la police.
Pour rappel, lors de la mutinerie qui a conduit au coup d’Etat du 22 mars 2012, beaucoup d’armes et de munitions avaient disparu du magasin d’armes de la police sis au GMS. En dépit des énormes efforts déployés, Mahamadou Diagouraga ne parviendra pas à les récupérer. Et lors des affrontements meurtriers du 30 avril au 1er mai 2012 ayant opposé les bérets verts au régiment des commandos parachutistes, le même magasin d’armes du GMS avait été complètement vidé de son contenu. C’était trop pour le directeur général de la police qui a exigé un constat d’huissier qui ne va pas être du goût de la section syndicale de la police nationale (SPN).
Les rapports entre ce syndicat et la direction vont se détériorer au point que le syndicat a réclamé le limogeage de l’inspecteur général Mahamadou Diagouraga. Entre temps, le syndicat des commissaires de police (SYNACOMPOL) va le rencontrer pour décrisper la tension. Malgré cela, le 26 avril 2012, la SPN a organisé une marche au cours de laquelle elle a exigé et obtenu le limogeage du directeur général Mahamadou Diagouraga qui sera remplacé par son adjoint le Contrôleur général Odiouma Koné. Il s’avérera que ce dernier n’a jamais été à la hauteur des responsabilités à lui confiées. Plusieurs fois sollicité pour rétablir l’ordre, il n’a jamais su s’imposer ou affirmer son autorité. L’insubordination, les accrochages entre diverses factions de la police avaient atteint un niveau jamais égalé. C’est dans cette confusion qu’un décret présidentiel, en date du 26 septembre 2012 et un arrêté ministériel ont accordé des promotions exceptionnelles à certains policiers censés proches de l’ex-junte putschiste.
Le syndicat national des commissaires de police a alors haussé le ton et a jugé ces promotions illégales tout en exigeant le retrait du décret présidentiel et de l’arrêté ministériel. Le syndicat va chèrement payer cette prise de position car six commissaires seront battus puis séquestrés par de jeunes policiers. Sans que la direction générale de la police, le département de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile réagisse. Ces commissaires ne seront relâchés qu’après l’intervention des leaders religieux.
Le 5 février 2013, un nouveau regroupement syndical dénommé Mouvement du renouveau de la section syndicale de la police nationale a été porté sur les fonts baptismaux. Ce mouvement, qui est une dissidence de la Section syndicale de la police nationale (SPN), reproche à celle-ci d’avoir privilégié les intérêts de certains policiers au détriment de ceux de la majorité. Des accrochages étaient courants entre cette dissidence et la SPN, transformant du coup le GMS en un champ de bataille entre éléments d’un même corps. C’est à cette situation que le gouvernement a décidé de mettre un terme à travers le désarmement des policiers le samedi 7 avril et le limogeage du directeur général Odiouma Koné.
Après son limogeage, il sera remplacé par Alioune Badra Diamoutèné qui prend les rênes de la police dans un contexte où elle est déchirée par la rivalité entre deux clans qui s’expriment par moments en affrontements armés dans l’enceinte du GMS. S’y ajoute le racket policier quotidiennement exercé sur les usagers de la circulation.
Son souhait était de mettre de l’ordre dans la police à travers un changement de comportement des policiers vis-à-vis de la population. Mais, quelques mois après sa nomination, les choses n’ont pas changé. Il sera finalement remplacé par Hamidou Gogouna Kansaye qui partage la même ambition.
Nommé sur proposition du ministre Sada Samaké, Hamidou Gogouna Kansaye, malgré sa bonne volonté de changer les choses à la police nationale, et des actes courageux posés dans ce sens, les choses ne vont pas changer. Mieux, des conflits internes vont continuer à miner la police. Notamment l’affaire des élèves commissaires, des mutations….
A cela vient s’ajouter l’insécurité qui va prendre des proportions inquiétantes dans les villes et campagnes. Mais aussi, l’affaire de pénurie de cartes d’identité et de passeports, qui va causer l’interpellation de son ministre Sada Samaké à trois reprises en l’espace de trois mois à l’Assemblée nationale. De nombreuses promesses vont être faites pour juguler la situation, mais au contraire les choses iront de mal en pis. Ace tableau peu reluisant vient s’ajouter l’affaire d’expropriation du véhicule BMW X6 d’un particulier par le DG de la police. Face à son incapacité à gérer la situation sécuritaire, le ministre Sada Samaké sera limogé. Ensuite suivra le tour le tour Hamidou Kansaye quelques semaines après pour être remplacé par Moussa Ag Infahi
Moussa Ag Infahi, du pain sur la planche
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le nouveau directeur général de la police nationale a du pain sur la planche. Il n’a surtout pas le droit d’échouer comme ses redresseurs. Et pour ce faire, il urge qu’il fasse un grand ménage à la tête des unités spéciales et commissariats de la police où les populations dénoncent tous les jours des cas de racket ou d’immobilisme face à l’insécurité. Aussi, il est de son devoir de se pencher sur le dossier de la pénurie des cartes nationale d’identité et de passeport car, jusqu’à preuve du contraire, malgré les actions entamées par le gouvernement, cette question reste d’actualité. Là-dessus, les témoignages ne manquent pas.
En plus de ce tableau noir, les rackets policiers se poursuivent de plus bel. Certaines unités spéciales de la police nationale avec l’appât du gain facile se sont transformées en unité de patrouille sur le terrain. C’est le cas de la Brigade Spéciale d’Intervention de la police nationale (BSI) où les éléments ont fait de leur quotidien le racket des paisibles citoyens.
D Diama