« Il ressort d’une évaluation faite en décembre 2011 que les fonds acquis pour les projets et programmes destinés aux régions du nord du Mali s’élèvent à plus de 1112 milliards pour un besoin de financement estimé à 1 509,551 milliards de FCFA. Sur le montant mobilisé, 778 332 000 000 FCFA avaient été décaissés pour des investissements réalisés dont 604 571 000 000 FCFA pour les sous-secteurs de la sécurité alimentaire, du développement rural, du développement des infrastructures de base, de l’Eau, de l’Energie et du développement de l’accès aux services sociaux.
Malgré ces efforts du gouvernement dans le domaine du développement le “problème du nord” n’est pas réglé pour autant ! De deux choses l’une : soit les accords précités ne prennent pas en charge les préoccupations réelles des protagonistes c’est-à-dire, le Gouvernement et les groupes armés ; soit ils ne sont pas correctement appliqués », a déclaré Baba Berthé, ancien ministre et Professeur de droit public à l’Université de Bamako dans une communication présentée lors d’un atelier organisé en novembre dernier par l’Agence Internationale de la Francophonie en partenariat avec la Mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel.
Existe-t-il un lien entre ces informations fournies par Baba Berthé et la conférence sur le développement du Mali sous le thème : “les régions du nord au cœur de la consolidation de la paix et de la relance économique – Bâtir un Mali émergent” qui s’ouvre ce jeudi à Paris sous la co-présidence des Présidents François Hollande et Ibrahim Boubacar Kéïta ?
Certainement oui ! Les fonds qui seront récoltés au cours de cette rencontre iront principalement au financement des engagements contenus dans l’accord pour la paix et la réconciliation signé par le gouvernement et les groupes armés sous l’égide de la communauté internationale. Le gouvernement de la République attend donc beaucoup de cette rencontre de Paris. En mai 2013, une rencontre similaire s’était tenue à Bruxelles au siège de la Commission de l’Union Europpenne.
Plusieurs milliards d’Euros avaient été récoltés par le gouvernement de transition de l’époque. Aujourd’hui, à Paris, les donateurs annonceront encore des milliards d’Euros en faveur du Mali surtout pour financer la paix. « Comme beaucoup d’observateurs, je suis enclin à penser qu’il faudrait mieux réfléchir à ces «décaissements» des donateurs et surtout mieux les cibler », a confié à nos confrères du quotidien français, « Libération », Pierre Boilley, professeur d’histoire d’Afrique contemporaine à l’université Panthéon-Sorbonne.
Effectivement, il y a ce problème de décaissement, voire de mobilisation des aides promises par les donateurs. Aussi, faut-il reconnaître que la marge de manœuvre du gouvernement est très réduite dans la mesure où ce sont les donateurs qui prédéfinissent la destination de leurs sous.
Très généralement, les milliards annoncés par les donateurs n’ont pas d’impacts réels sur le quotidien des populations qui ne savent pas où sont parties ces grosses sommes annoncées afin de soulager leur souffrance. A ce niveau, le gouvernement a du pain sur la planche. Pour éviter que les populations ne crient pas au détournement de ces aides, il y a une nécessité de leur expliquer que ces milliards ne sont pas des mallettes d’argent mis à la disposition du gouvernement par les donateurs. S’agissant de la gestion des fonds qui seront mobilisés, le gouvernement et les partenaires doivent faire preuve de vigilance afin que les aides puissent servir directement les populations au nom desquelles elles sont récoltées.
Chiaka Doumbia
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