On le sait couper des réalités. Mais de là à vouloir tout noyer dans son score à la présidentielle de 2013, il y a un pas que IBK devrait s’abstenir de franchir. En effet, interrogé par un journaliste, lors de la conférence de presse qu’il a animé à Paris, sur ses relations tumultueuses avec Michel Tomi, IBK a donné une réponse lui faisant passer pour victime d’une cabale orchestrée par ses détracteurs. Et, a-t-il rappelé, « cet homme-là est connu par son peuple. Pensez-vous qu’au sortir d’une crise de 3 ans, s’il avait été celui-là qu’on essaye de noyer sous la souillure, il aurait été plébiscité par le peuple malien…». Mais en réalité, que vaudrait aujourd’hui ce plébiscite, si l’on devait revenir sur la présidentielle de 2013 ? Que reste-t-il de la confiance qui lui a valu le surnom flatteur de « kankelentigui » (un homme de parole).
La situation actuelle du pays renseigne à suffisance sur la gouvernance du président IBK. Aujourd’hui, nombreux sont les Maliens à se mordre les doigts pour avoir contribué à son ascension au sommet de l’Etat. Le plébiscite a tourné au cauchemar, vous diront les observateurs de la scène politique au Mali. Mais IBK fait fi de ce sentiment de déception généralisée, en continuant de faire croire que le peuple a toujours confiance en lui. Pure leurre ! Les faits qui ont causé cette « disgrâce » sont là…nombreux et tangibles.
Cependant, l’on ne retiendra que son échec dans la lutte contre la corruption et son incapacité à gérer la crise du nord. Des dossiers phares, sur lesquels le candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM) avait beaucoup disserté pour embobiner l’électorat.
En effet, Ibrahim Boubacar Keïta s’était fait passer pour l’homme providentiel qui allait régler d’un coup de baguette magique la question de la rébellion, endiguer la corruption, et assurer une vie meilleure aux Maliens. Mais, en deux ans d’exercice du pouvoir, il a étalé son incapacité sur toute la ligne. La corruption et la délinquance financière ont pris du galon ; l’insécurité aussi bien au nord qu’au sud sévit, avec à la clé une impunité totale garantie aux criminels.
Adepte des grosses expressions, IBK décrétait l’année 2014, année de la lutte contre la corruption.
Mais, les rapports à lui remis le 4 mai dernier par le Vegal le confondent : au total 153 milliards de FCFA égarés dans les dédales de l’administration (en fraude et en mauvaise gestion). Grosso modo, ces rapports révèlent un trou de 153 milliards de FCFA de manque à gagner pour l’Etat malien engendré par une mauvaise gouvernance. Ce préjudice énorme à l’Etat se décompose comme suit : 80,21 milliards de FCFA dont 12,28 de fraude et 67,93 milliards de mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2013 et 72,97 milliards de FCFA dont 33,95 de fraude et 39,02 milliards de FCFA de mauvaise gestion, au titre du rapport annuel 2014. Le Vérificateur général, Amadou Ousmane Touré, impute ce chaos financier à des pratiques illégales qui ont pour noms la non-application à dessein des textes législatifs et réglementaires, la mauvaise gestion des dépenses effectuées au niveau des régies, la multiplication injustifiée des contrats simplifiés pour éviter les appels d’offres, la non-justification et la non-éligibilité de dépenses ….
Tout comme sur la problématique de la corruption, le chef de l’Etat fut rattrapé par sa parole, ses promesses et ses engagements par rapport à la crise du nord. La signature, les 15 mai et 20 juin 2015, de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali par les groupes armés de Kidal consacre (définitivement) la victoire de la rébellion armée sur l’Etat-nation du Mali. Une victoire facilitée et précipitée par un homme qui, jadis, incarnait l’espoir et la fermeté. Ibrahima Boubacar Keïta cédera sur toute la ligne, après des déclarations telles que « aucun bandit ne hissera à mon niveau » ; « Je ne négocierai pas avec des hommes armés » ; « je ne serai pas trimbalé… ».
Au finish, il a déroulé le tapis rouge, à Bamako, pour accueillir les bandits armés, les terroristes, les brigands et les narcotrafiquants. La « fermeté » promise par IBK a tout simplement laissé place à la capitulation. Il était aussi celui qui promettait d’équiper l’armée malienne en lui donnant les moyens de faire face à l’ennemi. Deux ans après, les militaires n’ont que trois uniformes et des chaussettes surfacturées au détriment du contribuable…
Par ailleurs, au plan des infrastructures et autres réalisations socioculturelles, le bilan est là : NÉANT.
Sambou Diarra