La misère des populations du nord du Mali va-t-elle continuer à servir de prétexte à des individus malintentionnés qui n’aspirent qu’à la richesse et autres avantages ? Si l’on se réfère à l’histoire des dernières rebellions dans notre pays, la réponse ne peut être qu’affirmative. Avant, pendant et après la signature de l’accord de paix des 15 mai et 20 juin 2015, les chefs rebelles ont toujours été aux bons soins du gouvernement, des partenaires et du lobby pro-touareg. Espèces sonnantes et trébuchantes, séjours payés dans des hôtels de luxe en Afrique et en Europe, des postes taillés sur mesure dans l’administration publique…, sont, entre autres, les avantages accordés à ceux qui ont fait de leur peuple leur souffre-douleur : les chefs rebelles au nord du Mali.
Désormais, les financements accordés au Mali doivent prendre en compte le quota des régions du nord. C’est presque l’accord secret entre les partenaires financiers et les groupes armés de Kidal. L’argent du nord sera par ricochet géré par ceux qui ont pris les armes contre la République. Ils ne doivent plus se plaindre. Car, ils ont, en partie, gagné leur pari, même si cela s’est réalisé sur le dos des populations des régions du nord. Qui a tant souffert des exactions, des assassinats et autres braquages des bandits armés, des terroristes et des rebelles du nord qui seraient devenus les représentants « légitimes » de ces mêmes populations aux yeux de la communauté internationale. Qui serait dans une dynamique de les associer directement à tous les financements accordés aux régions du nord.
La France de Hollande vient de donner le ton. Le président de la République a été informé, lors de sa visite d’Etat des 21 et 22 octobre derniers, que la France mettra à la disposition du Mali 360 millions d’euros sur lesquels (la précision est de taille) 80 millions vont directement aux régions du nord, de 2015 à 2017. Cela s’appelle INGERENCE dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Pis, par cette déclaration, la France cautionnerait ouvertement l’autonomie des régions du nord, même si les autorités maliennes ont refusé d’admettre l’évidence. Cette décision de la France va inexorablement faire tache d’huile. Vous connaissez la chanson. Dès qu’un pays de l’occident pose un acte, les autres vont tout simplement suivre. Pas de doute, les institutions de Breton Woods (FMI, Banque mondiale, UE) vont s’engouffrer dans la brèche.
Entre Bamako, Alger et Paris
Aussi, le gouvernement semble être dans cette logique. Dans sa quête irréfléchie de paix à tout prix, l’Etat est soupçonné de « financer » de hauts responsables et des notabilités de Kidal. Des milliards de FCFA et des séjours dans des hôtels de luxe seraient offerts gracieusement aux responsables de la rébellion. On se souvient des milliards de FCFA interceptés à l’aéroport d’Abidjan avec un chef rebelle en provenance de Bamako. Quel boulot a-t-il fait pour mériter autant d’argent ? C’est toute la question.
Ces responsables du Mnla, du Mujao et d’Ançardine, qui ont fait souffrir le peuple malien et particulièrement les populations du nord, sont actuellement en train de se la couler douce à Bamako, Paris, Alger, Bruxelles et dans les capitales voisines. Ils sont pris en charge soit par l’Etat malien, les pays voisins ou de l’occident. C’est l’occasion d’exposer leur plan machiavélique contenu dans des projets dits de développement afin d’amasser des financements qui vont naturellement servir leur basse besogne. Ce sont ces gens-là qui sont financés, respectés et même adoubés au détriment de ceux qui ont défendu la République. Ils sont désormais les chouchous de la République.
Qui ne se prive pas de les présenter à la communauté internationale comme des « hommes de paix ». Les Maliens ont allègrement découvert que la délégation présidentielle (lors du voyage d’IBK en France) comprenait des chefs rebelles. Ceux-là même qui ont assassiné, violé et agressé les populations du nord et nos braves soldats. Comme à Bamako, le tapis rouge leur a été déroulé à Paris, comme si les crimes commis ont été tout simplement oubliés et pardonnés. Ces individus arpentent presqu’au quotidien les boulevards des Palais de Ouaga, d’Alger, de Nouakchott ou de Bruxelles, sans être inquiétés. Or, ils devraient logiquement se trouver devant les tribunaux pour répondre de leurs crimes contre la République.
Enfin, comme si cela ne suffisait, c’est à eux que reviennent certains postes clés des régions du nord et du pays. Ils revendiquent déjà des départements ministériels et des services publics. Le gouvernement vient de leur offrir sur un plateau d’argent la première vice-présidence de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Le début du commencement ? Nul doute.
Pendant ce temps, leurs victimes (populations du nord) sont dans la misère et dans l’incertitude. Elles peinent à joindre les deux bouts parce que tous leurs efforts ont été anéantis par trois longues années de guerre, de banditisme, de braquages, d’assassinats, de terrorisme et d’enlèvements de personnes et de biens. Au lieu de penser à ces victimes, le Mali et la communauté internationale sont plutôt en train de prendre soin de leurs bourreaux : les chefs rebelles de Kidal. Qui ont tout simplement choisi de profiter amplement de leur sale guerre.
Idrissa Maïga