3 milliards d’euros, soit 1.950 milliards de F CFA, c’est le niveau des engagements pris par les partenaires du Mali à la Conférence de l’OCDE tenue le 22 octobre à Paris, à l’occasion de la visite d’Etat du président IBK en France. La moisson aura été bonne si l’on s’en tient aux différentes intentions de financement annoncées. Si les décaissements arrivaient à suivre les engagements, la communauté internationale devrait être plus regardante sur les conditions d’utilisation de ces ressources dans un pays où la mal gouvernance et la corruption ont fini par s’ériger en règle de gestion.
Organisée sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), cette conférence avait pour but de mobiliser les bailleurs de fonds pour accompagner la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation. Pour les amis et partenaires du Mali, il s’agissait à travers cette rencontre d’affirmer leurs soutiens autour de la stratégie spécifique de développement du Mali en général et des régions du Nord en particulier de manière équilibrée à bâtir un Mali émergent.
Ainsi, selon le secrétaire général de l’OCDE, «Cette stratégie spécifique de développement des régions comprend plusieurs phases notamment la phase de relèvement rapide des trois régions à savoir Gao, Kidal et Tombouctou, la phase de développement équilibré de l’ensemble des régions du Mali en tenant compte de leurs potentialités respectives à travers la régionalisation et relance économique, le développement d’un outil à la gouvernance partagée avec le Fonds de développement durable ainsi que l’engagement financier exemplaire du Mali même pour la mise en œuvre de cette stratégie».
A l’issue de la rencontre et comme à Bruxelles, c’est près de 2000 milliards de F CFA qui ont été annoncés par les amis du Mali. Ainsi, peu avant l’ouverture de cette conférence des donateurs, le président français, François Hollande, a annoncé au compte de son pays le décaissement de 360 millions d’euros d’aide sous forme de prêts et de dons en faveur du Mali. Cette manne s’ajoutera aux quelques 300 millions d’euros que Paris avait déboursés pour la période 2013-2015. Et ce n’est pas tout. De nombreux autres investisseurs et partenaires internationaux ont manifesté leur volonté de soutenir le Mali. Pourvu que tout cela ne soit pas un simple effet d’annonce.
Car, deux ans après la conférence de Bruxelles, où avait été promis plus de cette somme, les besoins du Mali, notamment dans sa partie septentrionale restent énormes et sont identiques. Ils sont liés notamment aux manques d’infrastructures, des écoles à réhabiliter, des centres de santé à construire ou rééquiper, le problème d’électricité, à la sécurisation des routes, etc. La question qu’on est en droit de poser est de savoir où ont été investis ces milliards ? Est-ce à dire que les promesses faites n’ont jamais été suivies d’effets de décaissement ou les fonds alloués pour la réalisation des projets pour l’ensemble du Peuple malien ont été détournés par une minorité?
Nous disons avec nos confrères du «Le Pays» du Burkina Faso que la communauté internationale doit se montrer plus regardante dans la gestion des fonds investis au Mali où la mal gouvernance le dispute à la corruption. Car, quand dans un pays, un Boeing présidentiel peut s’acheter à coup de milliards de F CFA sans aucune traçabilité, quand dans un pays tout se fait par copinage et par affinités, il y a lieu de savoir raison garder en assortissant les aides financières d’une exigence de résultats, et ce pour plus de transparence.
Indiquons par ailleurs que le Chef de l’Etat, SEM Ibrahim Boubacar Keita, s’est engagé au nom du Mali en annonçant une contribution de 300 milliards de F CFA pour financer la stratégie spécifique de développement des régions du nord sur 3 ans. Il s’est engagé aussi à la création d’un Fonds de développement durable, à la mise en œuvre d’une décentralisation poussée donnant aux régions des responsabilités effectives sur les affaires locales et le développement territorial, couplée à une redéfinition des missions essentielles de l’Etat, sur l’ensemble du territoire national.
Il importe de souligner enfin que pour un pays comme le Mali où tout est prioritaire, certaines dépenses doivent être revues pour le bonheur et l’honneur des Maliens. Alors, vivement une gestion axée sur les résultats de ces fonds. Car, train d’une bonne croissance doit partir d’une bonne GAR (Gestion Axée sur les Résultats).
Dieudonné Tembely