Année d’espoir, car électorale, l’année 2012 au Mali s’est révélée être celle des espoirs brisés. L’année 2012 marque le début et le commencement de la perte des références sociétales. On se reconnaît de plus en plus difficilement Malien. On reconnaît difficilement le Mali. Elle est bien l’année des démons qui ont brisé l’espoir, compromis l’alternance démocratique et humilié le Mali. Découvrons ensemble ces démons.
À bien comprendre, l’année 2013 s’ouvre sur de mauvaises perspectives pour le Mali. Bien malin celui qui peut prédire le retrait des démons. Sauf l’espoir permet de vivre. Reste que la clémence du bon Dieu est immense!
ATT : premier démon ?
Amadou Toumani Touré, ATT
Le premier est Amadou Toumani Touré. ATT, son nom de démon. Voici une personnalité qui a toujours affiché son amour pour le Mali. Et a bénéficié de la confiance du peuple pour gérer le destin du Mali. Il s’est acquitté de cette mission d’édification nationale et a produit des œuvres qu’on lui reconnaît volontiers. Pas seulement les ATTbougou. Mais à la longue, incapable de faire son séminaire sur ‘l’homme malien’, son esprit de démon se réveilla. Il le matérialisera à travers une vision, le Pdes, une démarche, le consensus. ATT est au firmament de son pouvoir au Mali. Sa vision, le Pdes, est pour les uns le coran, qu’il faut réciter à chaque sortie publique. Et pour les autres un fonds commercial. L’entretenir devient alors la mission essentielle pour alimenter le consensus. Malheur à celui qui ne partage pas le Pdes et qui n’adhère pas à son alimentation. Au bout du compte, l’esprit de démon d’ATT et sa démarche au service de sa vision Pdes, s’imposa comme une manière au Mali. Le Malien se distance de plus en plus de ses valeurs : honnêteté, dignité et patriotisme. ATT, le démon gagne de plus en plus du terrain. Il reçut l’exploit de faire du Malien le dépendant matériel. N’est alors convié au râtelier du démon ATT, celui qui dispose du degré le plus élevé dans la dépendance matérielle : hommes politiques, leaders de la société, tous accoururent chez le démon. Ce dernier aura tout intérêt à faire durer le système. Alors, il cultiva un esprit de troisième mandat. Année 2012 est électorale. Le président ATT est à son dernier mandat. Mais Dieu aime le Mali, déteste ceux qui bafouent la dignité du Mali. La rébellion éclate. ATT veut en profiter et s’engage à gérer la rébellion et à organiser les élections. Un démon reste un démon. Il est en réalité en train de mettre en place une stratégie lui permettant de rester. Le désordre, l’ordre des démons persiste. L’inquiétude gagne le Mali. En ce 22 mars 2012, ATT est dégagé par un autre démon, dont le nom commence par A. Le Mali a de la chance.
Capitaine Sanogo : second démon ?
Le second démon est Amadou Haya Sanogo. Capitaine Sanogo, son nom de démon.Ramassé quelque part dans la ville de Kati, comme officier pour diriger une mutinerie, menée par des soldats de rang, laquelle se transforma en un ‘coup d’Etat débile’. Voici le capitaine Sanogo, à la rentrée de la porte de l’histoire du Mali.
Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Les lendemains de ce coup ne rassurent pas. Lui et ses hommes dilapident leur chance. Celle de faire enchanter le Malien, de remettre le Mali sur le chemin de l’alternance. Pourtant, ils justifiaient leur acte par la nécessité de redresser l’Etat, restaurer la démocratie avec comme priorité la récupération des régions occupées. Une fois encore, le malheur est pour le Mali. Le capitaine Sanogo cultiva le désordre, l’ordre des démons. Eh oui, le second démon est là. Avec lui, les jeux sournois commencent. L’environnement lui est hostile. Le capitaine le sait. Mais fondé de son destin national, il reste intransigeant et cultive à volonté l’indispensable, le sauveur, l’unique patriote. Et gare à tous ceux qui se dressent sur son chemin. À commencer par les hommes de médias et d’autres militaires, comme lui. En effet, le capitaine démon reçut l’exploit de faire disparaître, un corps de l’armée malienne : les bérets rouges. Le sang des Maliens versé dans le fleuve Djoliba par d’autres Maliens. Comme si cela ne suffisait pas, le capitaine démon entreprend de rester comme l’homme fort de la République. Il fait et défait le Mali. Excelle dans les shows médiatiques avec une suffisance et une arrogance débordantes. Sauf que le capitaine démon reste de marbre de voir des Maliens tombés sous les balles des fusils des bandits. Pourtant, des fusils, il a en a volontiers. Qu’il braque sur des civils, qualifiés par lui de «dangers pour la nation». Emprisonne d’autres qui, selon lui, veulent lui faire la peau par un autre coup d’Etat. Ce n’est plus ce «Maliba, mais plutôt le Malideni» sous le capitaine démon. Jamais, le Mali n’a été humilié autant dans son existence. Tenez, trois régions occupées par des bandits qui défient chaque jour que Dieu fait, l’armée malienne. Une armée sous l’emprise du capitaine démon, excellant dans l’abus du pouvoir, en poirotant l’arme face aux civils aux bras vides et sans défense. Et le capitaine démon, caresse le rêve de pouvoir bénéficier un jour de la confiance du peuple malien pour assumer d’autres responsabilités. R.A.S.
Classe politique : troisième démon ?
À l’époque de la précampagne sous le premier démon, le troisième, la classe politique, excellait dans ses œuvres : coups au-dessous de la dignité, sorties haineuses et achat de conscience. Normal, tel est le piment de la lutte politique, en tout cas au Mali à cette période-là. Mais avec le coup d’Etat du 22 mars, le troisième démon trouva la nécessité de se regrouper. Salut aux regroupements des démons autour du second démon. Constellation : Fdr,- Front des démons-, Copam,- collectif des opportunistes-, CSM,-convergences des sinistrés. On en a oublié volontiers. Le constat est terrible. La classe politique, troisième démon est incapable de s’entendre au nom du Mali. Dire qu’elle prétend solliciter la confiance du peuple malien pour diriger son destin. Comprenne qui pourra ! L’année 2012, celle de l’apparition des démons au Mali ? Des certitudes cependant. Celles de voir des espoirs brisés. Premier espoir brisé, celui relatif à l’exercice de l’alternance démocratique au Mali, comme au Sénégal. Le second espoir, restauration de la démocratie et redressement de l’Etat, a été suscité et enterré par le second démon. Le troisième démon, la classe politique a contribué fortement au désenchantement de tous les espoirs. Ce n’est peut-être pas bien de le penser. Mais à bien comprendre, l’année 2013 s’ouvre sur de mauvaises perspectives pour le Mali. Bien malin celui qui peut prédire le retrait des démons. Sauf que l’espoir permet de vivre. Et la clémence de Dieu est immense.