Le Mali a cruellement besoin de ressources pour financer ses différentes campagnes sportives africaines et internationales au titre de l’année 2013. Les initiatives lancées par le ministère de la Jeunesse et des Sports ne produisent pas pour le moment les effets escomptés. Les regards se tournent alors vers les entreprises de la place et surtout les stars de l’équipe nationale de football (sénior) qui doivent pouvoir prendre en charge une grande partie de la participation du Mali à la CAN «Afrique du Sud 2013».
Seydou Keita
De sources concordantes, le ministre de la Jeunesse et des Sports et ses proches ont aujourd’hui un souvenir lointain du sommeil tranquille et bienfaiteur. Motif ? Trouver les ressources financières nécessaires à la préparation et à la participation des équipes nationales de football et de basket-ball à des compétitions africaines et internationales (Coupe d’Afrique des Nations de Football Senior «Afrique du Sud 2013» prévue en janvier 2013 ; Coupe d’Afrique des Nations de Football Junior «Algérie 2013» prévue en mars 2013 ; Coupe du Monde de Basketball féminin junior, Lituanie 2013 prévue en juillet 2013 ; Afrobasket masculin sénior, « Côte d’Ivoire 2013» prévu en aout 2013 ; Afrobasket féminin sénior, « Mozambique 2013 » prévu en septembre 2013 et Coupe du monde militaire Azerbaïdjan 2013).
Lors du lancement de la Commission nationale Ad’ hoc créée pour la circonstance, le ministre Hamèye Founé évaluait les besoins de financement des sélections nationales concernées à environ 3 milliards de FCFA, non comprises les primes de qualification pour la CAN «Afrique du Sud 2013» par exemple. Sans compter que le Mali sera aussi très attendue aux Jeux de la francophonie prévue en été prochain à Nice (France). Et visiblement, les retombées des différentes opérations lancées ne sont pas à hauteur de souhait. On comprend alors aisément les craintes du ministre Hamèye Founé qui manque de tout, sauf de l’ambition sportive pour le Mali. Ainsi, malgré la crise actuelle de trésorerie, il a jusque-là réussi à préserver l’essentiel par la présence effective du Mali à toutes les grandes compétions. Mais, il faut reconnaître que le Trésor public a aussi ses limites et surtout des priorités absolues en cette période de crise financière. Il y a de quoi pousser des cheveux blancs. Surtout que renoncer à notre participation à compétitions comportent des risques énormes, notamment en terme de stabilité politique et sociale du grand malade qu’est aujourd’hui devenu notre pays. «C’est paradoxal ! Le ministre des Sports et son cabinet se tuent à trouver des fonds pour des joueurs qui sont millionnaires voire milliardaires. Il y a au moins quatre joueurs qui doivent être capables de financer toute la préparation et la participation du Mali à la CAN 2013 sans même qu’ils ressentent cela», s’offusquait récemment un copain. «À défaut d’assurer la participation du Mali, je pense que Seydou Kéita, Frédéric Kanouté et Mahamadou Diarra Djilla peuvent à eux trois prendre en charge les primes de qualification et convaincre les joueurs de renoncer aux primes de matches jusqu’en demi-finale de la CAN. Ce serait déjà un immense souci de moins pour le gouvernement et une opération judicieuse pour leur image. Un geste que les Maliens n’oublieront jamais», souhaite un responsable sportif du pays.
Mahamadou Diarra dit Djilla
C’est évident que beaucoup de supporters ne connaissent nos joueurs que sur la pelouse. L’image qu’ils ont d’eux est bâtie sur leur prestation, bonne ou mauvaise, lors de leurs convocations en équipe nationale. Et pourtant, il est utopique d’attendre une telle générosité patriotique de la part de joueurs qui exigent même le remboursement des tickets de métro (des aéroports parisiens à leur lieu d’internat pendant les matches amicaux disputés en France) et remuent ciel et terre pour leurs primes. Il est vrai que, en la matière, des joueurs comme Seydoublen, Djilla et Freddy (ils partagent généralement leurs primes de matches entre les supporters nécessiteux…) n’ont pas la tâche facile car ils peuvent être facilement traités d’égoïstes par leurs camarades à cause de leur aisance socio-financière. Ils le reconnaissent d’ailleurs selon les témoignages de leurs proches. Aujourd’hui, la situation politique et économique du Mali exige davantage de solidarité de la part de toutes les filles et de tous les fils de la patrie. À nos stars, nous ne demandons pas forcément de priver leurs jeunes coéquipiers de ces primes qui leur sont vitales car remplaçant souvent un manque à gagner au niveau du club. Mais, de les éponger, de les prendre à leur compte. Après tout, cela ne doit pas leur coûter grand-chose de rendre ce service à la patrie. Pendant de longues années, l’équipe nationale du Libéria reposait sur les épaules du seul George Weah ! Il en était de même pour Didier Drogba quand la Côte Ivoire était au creux de la vague. Tout comme Samuel Eto’o Fils, alors qu’il était capitaine, n’a jamais lésiné sur les moyens pour motiver ses coéquipiers ou résoudre des problèmes d’intendance de l’équipe nationale.
Le talent et le cœur au service d’une nation en difficulté
«C’est une question de culture et d’image. Les joueurs auxquels vous vous référez ont un certain bagage intellectuel et ont donc d’autres ambitions en dehors de la pelouse. Ce qui n’est pas forcément le cas des stars maliennes qui se soucient peu de leur image», analyse un jeune manager sportif ayant souhaité garder l’anonymat. Et pourtant, nos stars du ballon rond ne doivent pas manquer de références en la matière au niveau national et dans d’autres disciplines. Le 13 septembre dernier par exemple, le Département avait reçu un important lot d’équipement offert à sa fédération par l’athlète Rahamatou Dramé, porte-drapeau du Mali aux Jeux Olympiques «Londres 2012». D’une valeur d’environ 3 millions de FCFA, ce don était composé de 108 tenues sportives, 22 paires de chaussures à pointe pour les courses et les sauts, 4 paires de chaussures de lancer et 32 paires de trainings. «Cette cérémonie est simple, mais son importance et sa symbolique lui donnent un cachet particulier… Qu’on n’oublie pas que c’est une Malienne, et de surcroît une athlète en activité qui offre ces équipements dans le contexte difficile que nous vivons depuis des mois. Aussi, c’est cette athlète qui a choisi le Mali plutôt que la sélection française plus sécurisante. C’est encore elle qui a porté le drapeau du Mali aux Jeux Olympiques de Londres 2012. Tous ceux qui la connaissent ou l’ont approchée conviennent de son engagement pour le Mali et ne seront pas surpris par son geste», avait commenté le ministre Hamèye Founé Mahalmadane. Le ministre de la Jeunesse et des Sports espérait sans doute que d’autres sportifs, singulièrement les internationaux du foot, allaient suivre cet exemple patriotique en soulageant l’Etat de certaines dépenses comme les primes de qualification et de match. Ne serait-ce que pendant cette période de crise où la nation n’a pas seulement besoin de leur talent et de leur engagement sur la pelouse, mais aussi et surtout de leur grande générosité financière. Surtout que le geste généreux et patriotique de Rahamatou nous rappelait aussi la générosité d’une autre Grande Dame du sport malien : Hamchétou Maïga (qui vient d’être mère d’une charmante petite fille), capitaine des championnes d’Afrique à Dakar (Sénégal) en 2007 et vice-championne du continent en 2009 à Antananarivo (Madagascar). Selon de nombreuses coéquipières et de son encadrement technique, Hamchétou ne venait jamais les «mains vides» aux regroupements de l’E.N féminine (senior) de basket-ball. Elle se présentait toujours les mains chargées d’équipement et d’autres petits cadeaux pour ses «filles» !
Alors les Aigles, avez-vous du cœur pour doublement (soutien financier et prestation sur la pelouse) servir la patrie ? Démontrez-le alors en puissant dans vos comptes pour permettre à Hamèye Founé et à son équipe de retrouver ne serait-ce qu’un léger sommeil !