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Le Maire de la Commune urbaine de Gao, Sadou Harouna Diallo parle : « Gao était encerclé quatre jours avant sa chute. J’en ai informé le gouverneur, il n’a rien fait…»
Publié le vendredi 18 mai 2012   |  Le Matin


Mali:
© AP par DR
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Redevenu nomade sinon globe-trotter par la force des choses (puisqu’il s’agit d’un pasteur) depuis l’occupation de la ville dont il était le maire, Sadou Harouna Diallo, l’édile de Gao, qui avait fui au Niger, passé par le Burkina et qui a regagné Bamako il y a quelques jours seulement déclare avoir averti le gouverneur de la région, Général Mamadou Adama Diallo, mais que celui-ci n’avait rien fait. Certainement à cause de la chute du régime d’ATT qui le ménageait. Il informe aussi qu’il a perdu plus de 2 milliards de nos francs depuis la prise de la ville de Gao.

« Gao était encerclé par des ‘’barbus’’ quatre jours avant sa chute »

Le maire de Gao qui était encore dans les rues de la cité des Askia se souvient d’avoir informé l’administration (le gouverneur de Gao, ndlr) de l’encerclement de la ville par des islamistes quatre jours avant sa prise. « Je suis un berger, j’ai des troupeaux en brousse. On m’a informé des mouvements de barbus autour de la ville quatre jours avant la chute de Gao. Il y avait même des autochtones qui leur amenaient à bouffer en brousse. 24 heures avant ce funeste jour, des jeunes sont venus me demander une autorisation pour une marche. Mais pour leur éviter des problèmes, puisque sous siège, j’ai refusé de le leur délivrer. Ils ont quand même marché le vendredi 30 mars et la ville a été prise le 31 mars…J’étais encore dans les rues de Gao et j’ai vu seulement 6 pick-up défiler dans la ville. Il n’y a pas eu de combat. L’armée n’a pas fui ; elle s’est repliée et nous attendons qu’elle le prouve à la population qui a perdu confiance en elle à présent. C’est au lendemain de la prise de la ville que grâce au fils d’un colonel de l’armée, un targui, qui logeait chez moi que j’ai pu regagner dans la clandestinité le Niger. Mais celui-ci a été dessaisi de son véhicule, de ses armes et a failli y mourir… si ce n’est un coup de fil que j’ai passé à un ami narcotrafiquant qui les connaissait…il est aujourd’hui avec moi. » Ce qui est à décrier, c’est l’indifférence dont a fait montre le gouverneur, le Général Mamadou Adama Diallo, qui aurait dû alerter la junte.

« J’ai perdu plus de 2 milliards de francs… »

9 véhicules enlevés, 2 camions volés, 5 hôtels saccagés et deux boîtes de nuits pillées. Le tout d’une valeur qui dépasse 2 milliards. C’est le préjudice causé au maire de la ville de Gao, le self-made-man et autodidacte, Sadou Harouna Diallo, qui a pu fuir sa ville pour raison de sécurité et ce, dès les minutes qui ont suivi sa prise par les islamistes d’Ançar-Eddine, le 31 mars dernier. Il en a fait la révélation à la faveur de la conférence de presse que le Mouvement pour la république et la paix durable a animée à la Maison de la presse, samedi dernier et à laquelle il a été invité.

Si le maire de Gao minimise les pertes que lui ont causées les assaillants, il estime tout de même qu’il ne saurait y avoir de paix durable dans le nord du Mali, de solution négociée, que tant que toutes les victimes ne seront indemnisées. C’est pourquoi, il est plutôt pour une solution militaire à la rébellion qui sévit dans sa ville et dans les autres villes du septentrion malien. Autrement dit, si négociation il devrait en avoir, elle doit l’être avec les représentants de l’ensemble des populations du nord (les 98% ne se reconnaissant pas dans les revendications du Mnla), non avec seulement les assaillants comme cela a toujours été le cas.

« Le Mnla est une couverture pour narcotrafiquants et barbus »

En ce qui concerne les rebelles du Mnla, Sadou Harouna Diallo se dit surpris de l’attention que leur accordent les médias. Puisque, le Mnla n’existe pas. La raison est claire : « quand on est libérateur, on ne viole pas, on ne détruit pas, on ne vole pas son peuple. Le Mnla n’est qu’une couverture pour des bandits, des voleurs, des trafiquants de drogues, des barbus (jihadistes)… », ajoute-t-il. Aussi appelle-t-il la presse malienne à jouer son rôle de patriote. C’est à elle en effet de sortir le Mali de ce carcan et de lui faire recouvrer son intégrité territoriale menacée.

« Gao n’a pas besoin de corridor humanitaire car elle a à manger pour dix ans »

S’agissant des différents gestes humanitaires en direction des régions occupées et notamment à Gao, le maire de Gao lance sans ambages : « Gao n’a pas besoin d’un corridor humanitaire. Les magasins de céréales (pillés par les populations) suffiront à nourrir la population pour dix ans. Ce n’est pas cela dont nous avons besoin. Car ces aides sont des butins de guerre qui ne servent qu’à conforter les positions des occupants et leurs complices des villes occupées qui n’attendent que l’hivernage pour reprendre la guerre, vu l’état impraticable des routes… », a-t-il argumenté.

« Il faut accorder à la junte l’amnistie, elle s’en ira »

Après avoir dénoncé la décision unilatérale de la Cédéao d’imposer Dioncounda à la transition, puisqu’elle n’a pas associé la junte à sa décision comme cela devrait l’être, le maire de Gao, qui soutient le coup d’Etat (même s’il est du parti des amis d’ATT), pense qu’il faut vite voter la loi d’amnistie qui permettra à la junte de sortir par la grande porte. Si elle est graciée, elle s’en irait sans doute, se convainc-t-il.

Amadou Salif Guindo

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