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L'Indépendant N° 3175 du 7/1/2013

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L’honorable ME Kassoum Tapo à propos de la crise malienne : « il faut préparer ensemble la libération du Nord et les élections »
Publié le lundi 7 janvier 2013  |  L'Indépendant




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Quatrième vice-président de l’Assemblée nationale, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Mali, ancien président de la commission électorale nationale indépendante (CENI), l’honorable Me Kassoum Tapo est un acteur majeur du landernau politique national. Ce cadre natif de Mopti, membre influent de l’Adema-PASJ analyse sans complaisance, dans cette interview exclusive, la situation sociopolitique du Mali, la nécessité de libérer rapidement le nord du pays, d’aller aux élections, ses rapports avec les autorités de la transition. Pour Me Tapo, le processus de libération du Nord et l’organisation des prochaines élections doivent aller de pair.

Quelle évaluation pouvez-vous faire des actions menées par le front « anti-militaire », le front anti-putsch qui s’est créé après le coup d’Etat ?

Le FDR n’est pas un front anti-militaire. Je voudrais d’abord rectifier cet amalgame. Nous étions effectivement contre le coup d’Etat mais nous n’avons jamais été contre les militaires. D’aucuns ont essayé de faire cet amalgame parce que ça les arrangeait. Le but du FDR, c’était de parvenir à un retour à l’ordre constitutionnel normal. Et toutes les actions qui ont été posées sont allées dans ce sens jusqu’à ce jour. Le FDR a, aujourd’hui, à mon sens, accompli l’essentiel de sa mission qui était l’exigence du retour à l’ordre constitutionnel normal

Comment appréciez-vous justement cet ordre constitutionnel encore fragile ?

Le retour à l’ordre constitutionnel est fragile, bien sûr. C’est à l’image de notre démocratie elle-même. Qui s’attendait à ce qui s’est passé le 22 mars ? C’est une lutte permanente et continue. Rien n’est jamais acquis. Mais aujourd’hui, nous avons quand même un président de la République, qui joue son rôle, un Premier ministre consensuel, un gouvernement et une Assemblée nationale. Donc, toutes les institutions de la République sont en place et marchent.

Après le coup d’Etat, des cadres ayant collaboré avec le régime de l’ancien président tirent à boulets rouges sur sa gouvernance? Quel commentaire cela vous inspire?

Dans tous les pays du monde, les opportunistes politiques existent. Ceux qui, à la première heure, ont rejoint ATT sont aussi les premiers à le dénoncer. Tous ceux qui ont profité de ce régime ont été les premiers à se démarquer. L’histoire jugera. Moi, je suis de Mopti comme ATT, comme vous le savez. Je l’ai toujours considéré comme un frère. Je n’ai pas plus de rapport avec lui que d’autres. Je n’ai jamais été au gouvernement ; j’ai été député, j’ai été élu deux fois à Mopti.

J’ai toujours, comme vous le savez, considéré ATT comme un parent ; et il le restera pour toujours. Ce qu’il a fait pour le Mali sera jugé un jour et ce qu’on peut lui reprocher aussi, certainement. Mais, ne comptez pas sur moi pour le piétiner, aujourd’hui. Ceux qui le font ou l’ont fait, ça les engage et un jour, on pourra en reparler, l’histoire jugera.

La transition a été amorcée de façon laborieuse; on a assisté récemment à la démission musclée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Quelle analyse faites-vous de cet événement ?

C’est vous qui parlez de démission musclée. Ceux qui l’ont nommé ont déclaré qu’ils lui ont facilité la tâche ; puisqu’il disait qu’il ne savait à qui remettre sa démission. Je pense que ces gens-là lui ont montré la voie pour démissionner… Dans tous les cas, cela appartient désormais au passé. Il faut poursuivre la transition et encourager le nouveau Premier ministre à mener à bien sa mission ô combien difficile sous l’autorité du chef de l’Etat.

Justement, quelle appréciation faites-vous du nouveau Premier ministre?

Le Premier ministre Diango Cissoko est un très grand commis de l’Etat. C’est un homme d’une grande compétence. Il a une expérience avérée dans la gestion des affaires de la cité. Je le connais personnellement depuis bientôt 30 ans, je crois.

En 1986, je pense, je l’ai côtoyé de près pendant longtemps, et notamment en France. Nous avons un ami commun, Alain Planté, un juriste français de haut niveau, qui fut Conseiller d’Etat français. On s’est vu et Alain Planté m’a présenté à Diango Cissoko, alors ministre de la Justice du Mali. Je pense que Diango Cissoko est quelqu’un d’un très grand niveau intellectuel. Il est aujourd’hui une des personnalités les mieux placées pour conduire la transition. Je lui souhaite beaucoup de réussite dans sa mission.

Comment analysez-vous la mission du président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré ?

C’est d’abord une mission très difficile. Et le président Dioncounda Traoré est un homme d’une grande sagesse et d’une forte personnalité, malgré ce que les gens pensent. C’est avec beaucoup de tact, de sérieux et d’abnégation qu’il conduit le pays patiemment vers la sortie de crise. C’est vrai, nous sommes souvent impatients, mais nous devons le soutenir tous.

Que pensez-vous de la tenue des concertations nationales reportées à plusieurs reprises ?

Moi, je suis contre ces concertations nationales. Je pense qu’elles n’ont aucun intérêt. Depuis la rencontre de Ouagadougou, quand il s’est agi de tenir une convention nationale, j’ai dit que l’Assemblée nationale est le meilleur cadre pour débattre des problèmes de la nation. Une telle rencontre ne va faire que raviver les plaies en train de se cicatriser surtout que certains veulent que ce forum leur permettent de remettre en cause les avancées que nous avons réalisée depuis le coup d’Etat.

Quelle est votre analyse du chronogramme qui tarde pour les élections et la libération du nord du pays occupé ?

Je crois que les plus hautes autorités sont plus que jamais déterminées à libérer rapidement les 2/3 de notre territoire occupé par des terroristes, des jihadistes et des trafiquants de drogue de tout acabit. Nos impatiences sont compréhensibles. Et je dois dire qu’avec la récente résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, nos souffrances et les mauvais traitements de nos parents qui habitent les zones occupées et ceux réfugiés et déplacés ne vont plus durer pendant longtemps. C’est cela ma conviction.

Il faut dire que sans aucun doute, l’armée nationale va jouer le rôle qui est le sien dans ce processus, avec l’appui des pays amis du Mali. Mais, il faut souligner qu’en même temps que les préparatifs se poursuivent pour libérer notre territoire, nous devons réfléchir à organiser des élections propres et crédibles pour mettre en place un pouvoir constitutionnel de grande légitimité. Ainsi, les questions du fichier électoral, l’audit du fichier électoral consensuel doivent être soigneusement peaufinées ; puisqu’il ne sert à rien d’organiser des élections qui vont être contestées par les différents acteurs. Et je crois, le président de la république, le Premier ministre et tout le gouvernement mesurent l’importance de cette tâche.

Dans tous les cas, il n’est pas question de faire des élections sans les 2/3 du territoire national occupé. Nous devons prendre le temps nécessaire pour bien organiser les choses. C’est pourquoi la résolution 2085 de l’ONU dispose que les élections seront organisées quand ce sera techniquement possible de le faire. Aller aux élections sans la libération du nord, ce sera consacrer la partition de notre pays. Nous ne l’accepterons pas. Pour me résumer, je dois dire que le processus de libération du Nord et la préparation des élections doivent aller ensemble.

Il semble que le FDR, dont vous êtes un membre fondateur, aura un candidat unique à l’élection présidentielle prochaine et ce serait Me Tapo…

Dire que le FDR aura un candidat à la prochaine élection présidentielle, je n’y crois pas. Le front a été un regroupement politique de circonstance pour se battre et obtenir le retour à l’ordre constitutionnel. Même si les partis formant ce regroupement restent ensemble pour sauvegarder et renforcer les acquis, ce sera très difficile d’envisager un candidat unique pour le FDR.

Maintenant, les rumeurs annoncent Me Tapo comme candidat, vous me l’apprenez. C’est au niveau des partis politiques, et vous savez que je suis de l’Adéma, que les questions de candidature se discuteront. Et je crois qu’il est trop tôt pour en parler…

Vous avez ambitionné occuper le perchoir de l’Assemblée nationale. Qu’en est-il et quels sont vos rapports avec l’actuel président par intérim de l’Hémicycle ?

J’ai voulu effectivement, avec l’appui de notre parti, l’Adéma, occuper le perchoir de l’Hémicycle lorsque le président est devenu président de la République par intérim. Mais quand la Cour constitutionnelle a déclaré que le poste n’était pas vacant, je me suis plié à cet avis. Je n’en ai plus parlé à personne. Je suis républicain et je respecte les institutions. J’ai de très bons rapports avec le président par intérim de l’Assemblée nationale, Younoussi Touré, qui est une personnalité compétente qui conduit avec tact l’institution. Je suis membre du bureau de l’Hémicycle et je travaille en parfaite entente avec le président de l’institution.

Votre mot de la fin

Les grandes nations arrivent à avoir de grandes épreuves. Je souhaite une bonne et heureuse année 2013 à tous les Maliens, beaucoup de courage et de détermination à notre peuple. Aux autorités de la transition je demande de la sagesse, du courage et de la perspicacité pour mener à bien la difficile mission de sortir notre pays de l’ornière. Que Dieu tout puissant guide les pas de notre pays et de notre peuple à surpasser la dure épreuve que nous traversons.

Réalisé pa Bruno D SEGBEDJI

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