Et à la demande insistante du Quartier Général militaire de Sévaré, le capitaine Sanogo y a dépêché d’urgence une partie des armes venues de Guinée. Au même moment, Iyad Ag Ghali exige l’inscription de la charia dans la Constitution malienne.
Sévaré sert depuis plusieurs mois de quartier général aux forces armées maliennes dans la perspective d’une reconquête du nord. Il semble que la ville se trouve dans le point de mire des islamistes d’Ansar Dine et du MUJAO. Quand Bilal Hicham, un de ses chefs de Gao, a fait défection il y a deux mois, il a révélé aux autorité nigériennes que le MUJAO, qui occupe Gao, avait déjà envoyé des éléments encercler Sévaré en vue de prendre la ville dès que seront déployés au Mali les premiers éléments de la force internationale de reconquête. Il n’est pas certain qu’il s’agisse là d’une fausse information.
En tout cas, tout près de Sévaré, à Douentza a été l’objet d’une descente islamiste le jeudi 3 janvier 2013. 200 véhicules chargés d’éléments lourdement armés faisaient le tour de la ville. Selon nos sources, ils recherchaient des jeunes miliciens d’autodéfense opposés à leur présence et à leur cause. Ils cherchaient aussi à effectuer une opération de recrutement de jeunes combattants. Entre 100 et 150 000 FCFA mensuels sont promis à toute recrue qui rejoindrait le MUJAO. De nombreux jeunes de Douentza, désespérés par la disparition de l’Etat au nord, auraient répondu à l’appel des bandits. Lesquels ont dit à leurs recrues que le jihad va bientôt s’étendre à Sévaré.
Ces menaces du MUJAO interviennent au moment où Ansar Dine, son grand allié, renonce ouvertement à tout cessez-le-feu. « Ansar Dine a décidé de refuser la proposition de cessez-le-feu conclue lors des négociations de Ouagadougou”, a annoncé le numéro 1 de l’organisation, Iyad Ag Ghaly, dans un communiqué diffusé jeudi 3 janvier par l’agence de presse Sahara Medias. Dans cette déclaration, Iyad soutient que le gouvernement malien n’a rien proposé en échange de la promesse de mettre fin aux violences au nord. Iyad accuse Bamako de « recruter des mercenaires » pour combattre au nord. “Ansar Dine est très mécontent des négociations. Il veut mettre la pression. Dans la région de Tombouctou, plusieurs véhicules du mouvement auraient avancé vers le sud. S’il n’y a pas un geste des médiateurs, il est vraisemblable qu’Ansar Dine poursuivra son offensive”, souligne Ahmedou Ould Abdallah, président de l’Institut d’études sur le Sahel, sur la chaîne de télé française France 24.
Ces propos d’Abdallah sont largement confirmés par nos sources à Tombouctou. Elles nous apprennent que 1000 combattants d’AQMI et d’Ansar Dine, à bord de 80 véhicules, ont envahi la ville vendredi. Ils ont fait le tour du marché et déclaré sur les radios locales que le Mali s’apprêtait à les attaquer et qu’ils prendraient les devants. Ils ont demandé des bénédictions aux populations, qualifiées de « frères en islam ». Ils ont demandé à chaque cultivateur de déposer 100 kg de riz chez le chef de quartier le plus proche à titre d’effort de guerre et que les islamistes passeront ramasser ce riz ainsi que la liste des donateurs. Les combattants ont alors quitté la ville après avoir détruit tout l’éclairage public le long des rues. Il se dit qu’à l’occasion, Abou Zéid, un émir d’AQMI se trouve à Tombouctou.
Selon nos sources, les rebelles se sont tous entendus pour attaquer Sévaré et détruire les positions maliennes avant l’arrivée annoncée des 400 instructeurs militaires européens. Ce sera une façon pour eux de compromettre la venue des instructeurs et de retarder tout déploiement de soldats africains au nord. Les chefs rebelles ont par ailleurs été fortement ulcérés du disxcours lu le 31 décembre, par le président Dioncounda Traoré qui a déclaré que le Mali n’attendrait pas “plusieurs mois” avant de lancer une attaque. “La guerre contre les terroristes sera déclenchée plus tôt que prévu”, a-t-il prévenu.
L’armée malienne prend la menace d’invasion très au sérieux. Sur la demande insistante du quartier général militaire de Sévaré, le capitaine Sanogo y a envoyé en urgence une partie des armements récemment relâchés par la Guinée après avoir été bloqués sur ordre de la CEDEAO. Si jamais Sévaré tombait, ce serait une nouvelle catastrophe malienne car plus rien n’arrêterait l’ennemi.