Diarrah, actuel conseiller technique du ministre de la justice n’est pas n’importe qui. Il vient d’être désigné, le 14 décembre 2012, Directeur des Affaires Juridiques, de la Documentation et de la Communication (DAJDC) de l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique). Sa désignation fut formalisée par décision du président du Conseil des ministres de l’OHADA, la Béninoise Marie Gbedo. Introduit solennellement dans la salle du Conseil, à Cotonou, Diarrah fut applaudi par les ministres des finances et de la justice, en présence des représentants de la Francophonie, de l’UEMOA, de la BCEAO, de la BEAC et de la Banque Mondiale. Pour remercier l’assistance, le lauréat eut ces mots pathétiques: « Ma désignation montre que la crise que mon pays traverse n’y pas tué les ressources humaines ! ».
Pour devenir DAJDC, Diarrah a effectué un parcours du combattant. Le poste faisait l’objet d’un concours ouvert aux 17 pays membres de l’OHADA. Pour assurer la transparence de la sélection, celle-ci fut confiée à un cabinet de recrutement français, Afric Search. Sur les 46 candidats qui ont postulé, seuls 4 seront présélectionnés. A la suite des auditions, Diarrah remporte la palme: récueille 71 points, loin devant les candidats camerounais (60 points), sénégalais (50 points) et centrafricain (45 points).Le jury a fondé son choix sur des critères rigoureux tels que les diplômes, le parcours professionnel, l’expertise technique, le potentiel managérial, la personnalité, la motivation des candidats et leur connaissance de l’environnement OHADA.
L’exploit de Diarrah n’étonne pas ceux qui le connaissent. Docteur en droit privé depuis 2008, il fut, à Douala, rapporteur du projet d’Acte uniforme OHADA sur les sociétés commerciales et les GIE. Puis rapporteur du projet d’Acte uniforme OHADA sur les procédures collectives d’apurement du passif. Ensuite, Diarrah fut expert rapporteur de l’Acte uniforme OHADA sur les coopératives. Il figurait, en 2008, dans le comité d’experts chargés de réviser le droit OHADA.
Diarrah est aussi un spécialiste international de la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Après des voyages d’études en Belgique, au Sénégal, au Bénin, au Niger, en Espagne, au Cameroun, aux Etats-Unis, au Togo, en Sierra Léone, au Cap Vert, en RDC et en France, Diarrah décroche un parchemin de la Cellule de traitement des circuits financiers clandestins (Paris). Expert de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (2011), évaluateur du dispositif CEDEAO de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, il a participé aux travaux de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et figure parmi les experts du Giaba (organisme anti-blanchiment).
Le parcours professionnel de notre compatriote impressionne. Magistrat depuis 1994, il préside la Commission nationale OHADA du Mali depuis 2004. Président de la Commission de lecture du Code de procédure civile malien (2009), il dirige la section juridique de la Cellule nationale de traitement des informations financières. C’est lui qui a préparé, au Mali, les projets de loi portant statut des huissiers et des notaires, ainsi que les projets de loi sur le terrorisme et le blanchiment des capitaux. La Banque Mondiale lui a délivré, en 2010, un Certificat Doing Business. Diarrah, qui brûle de transmettre son savoir, ensigne à l’Ecole de magistrature de Porto Nono (Bénin), à la Faculté des sciences juridiques de Bamako et à l’Institut national de formation judiciaire du Mali. Il a publié de nombreux travaux sur le droit des affaires et le blanchiment des capitaux.
Dans ses nouvelles fonctions, Diarrah devient la cheville ouvrière de l’OHADA. Il prépare l’ordre du jour de la conférence des chefs d’Etat et du Conseil des ministres; il élabore les avants-projets d’Actes uniformes, publie les décisions au journal officiel de l’OHADA, suit les contrats, surpervise les séminaires, le tout sous l’autorité du Sécrétaire permanent de l’OHADA.