Au terme de sa visite d’Etat en France, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta était l’invité de RFI ce samedi. Au cours de cette entrevue, tous les sujets brûlants de l’actualité malienne ont été passés en revue.
Au sujet des agissements de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA) dans le cadre de l’application de l’accord d’Alger signé en mai et en juin dernier, le Président IBK exprime son insatisfaction. A la question de savoir les raisons de l’interdiction du sol Kidalois aux ministres du gouvernement par la Coordination des mouvements de l’Azawad malgré la signature d’un accord pour la paix et la réconciliation nationale, le Chef de l’Etat n’a pas caché sa déception.
Dans son intervention, IBK affirmera que cette situation est préoccupante. «J’ai dit à mes frères, je vous fais confiance. Je reçois à Bamako les uns et les autres régulièrement. Je ne peux admettre ni comprendre, ni souffrir qu’au terme de cet accord pour la paix et la réconciliation au Mali, il y ait encore des difficultés à admettre que vos frères viennent à vous, ou alors, quelque part, on n’est pas sincère».
Pour lui, il y a quelque chose qui ne marche pas. «Pour autant, je ne veux rien brusquer. Nous avons vu ce qui s’est passé avec la visite du Premier ministre [Moussa] Mara, au mois de mai 2014, je ne souhaite pas qu’une telle chose puisse se reproduire». Partant, le Président de la République indiquera qu’on a un accord de paix qui est gradué, il y a donc des étapes que nous allons suivre. Une façon d’affirmer qu’il demeure optimiste pour une issue heureuse du processus.
Sans précipitation, nous sommes patients le temps qu’il faudra pour que les choses soient mises en place, précisera-t-il. A cette occasion, il a abordé l’autre sujet qui met en doute la sincérité de la CMA. Il s’agit de son refus d’accueillir la délégation ministérielle à Kidal lors de la rentrée officielle des classes le lundi 19 octobre. «Un point d’ailleurs que lundi vos ondes avaient annoncé que Kidal n’avait pas rouvert les classes parce qu’il y avait opposition à la venue du ministre.
Dans la même journée, c’est la même CMA qui a dû démentir pour dire qu’il y avait des réglages qui n’avaient pas été faits, mais que les choses entraient dans l’ordre, y compris cette visite ministérielle. Je veux bien le croire et attendre». Faut-il le rappeler, le Président de la République a raison de douter de la CMA. Car, dans le cadre de la rentrée scolaire à Kidal, en commun accord avec la Coordination, il a été décidé de donner un éclat solennel à la cérémonie d’ouverture des classes à travers la présence du ministre de tutelle.
C’est au dernier virage que les responsables de la CMA ont montré un autre visage. Ils ont interdit Kidal au gouvernement au motif que la population aurait souhaité être informée au préalable. Alors qu’elle a été mise au parfum de l’événement avant de décider la date de la rentrée. De toutes les façons, derrière l’optimisme du Président IBK se cache un malaise profond au sujet de la sincérité de la CMA à faire avancer les choses dans le bon sens.
Oumar KONATE