Le Mali est confronté à la problématique de l`infection à VIH depuis la notification du premier cas de Sida en 1985. Depuis 2001, la riposte à l`épidémie a pris une dimension multisectorielle et est coordonnée par le Haut conseil national de lutte contre le Sida. L`engagement du Mali contre la pandémie du siècle a été renforcé avec la session extraordinaire de l`Assemblée générale des Nations unies sur le VIH et le Sida. Suite à cette rencontre, notre pays a pris la décision d`élaborer tous les 2 ans un rapport de suivi des engagements pris. Le dernier rapport (2012) montre qu`au Mali, la prévalence (1,3 % en 2006 selon l`EDSM-IV) reste faible. Cependant, les données relatives au niveau de connaissance des personnes sur le Sida révèlent que le pourcentage de personnes ayant entendu parler du VIH a baissé entre l`EDSM-lll et l`EDSM-IV, passant de 90,3 % à 86,2 % pour les femmes de 15-49 ans et de 98,1 % à 90,6 % chez les hommes de la même tranche d`âge.
"Au sein du sous-groupe des jeunes (femmes et hommes) de 15-24 ans, une personne sur cinq (20,7 %) a eu des rapports sexuels avant l`âge de 15 ans", note le document. Pour les femmes de la même tranche d`âge, la proportion est de 24,7 % contre 5,4 % pour les hommes. S`agissant des comportements à risque, 9,3 % des femmes et hommes de 15 -49 ans ont eu des rapports sexuels avec plus d`un partenaire au cours des 12 derniers mois. Le risque a été plus important chez les hommes (25,3 %) tandis qu`il est plus faible chez les femmes (5,9 %).
Les résultats de la surveillance sentinelle du VIH ont montré un taux de séroprévalence de 2,4 % chez les femmes enceintes de moins de 25 ans en 2007. Cette prévalence a légèrement augmenté à 2,7 % en 2009. Selon les résultats de la surveillance sentinelle 2009, les prévalences les plus élevées ont été observées aux CS-Réf de Koulikoro (5,0 %), de Koutiala (4,3 %), de la Commune III (4,1%), de la Commune I (4,0 %). La plus faible prévalence a été observée au CS-Réf de Kidal (0,7 %).
"Du point de vue des tests de dépistage du VIH, les résultats de l`EDSM-IV révèlent que parmi les personnes de 15-49 ans, 2,7 % des hommes ont subi un test VIH au cours des 12 derniers mois et connaissent le résultat contre 3,1 % pour les femmes de la même tranche d`âge. Cette proportion est de 3 % pour les deux sexes", précise Malick Sène, secrétaire exécutif du HCNLS. A ses dires, chez les personnes à haut risque, les résultats de l`enquête ISBS 2009 Indiquent que 61,6 % des professionnelles du sexe ont été au moins une fois testées pour le VIH au cours de leur vie ; "ce taux est de 13,6 % pour les vendeuses ambulantes, 1,7 % chez les aides familiales, 26,6 % chez les coxeurs et 17,3 % chez les routiers".
Effets du coup d`Etat
Aujourd`hui, les chiffres montrent que les femmes et les jeunes sont plus touchés, tout comme les populations de certaines zones, notamment les zones minières, l`Office du Niger, les zones CMDT, les villes carrefours (comme Ségou, Mopti, Sikasso et Koutiala) et les corridors de migration. Si la prévalence est faible au sein de la population générale malienne, elle demeure particulièrement élevée, bien qu`étant en diminution, dans certains groupes à haut risque : les travailleuses du sexe (24,2 %), les populations carcérales (2,5 %), les aide-ménagères ou les routiers.
Bonnes notes pour les sites de dépistage, qui sont passés de 22 en 2003 à 353 en 2011. "Le nombre de personnes dépistées, 5605 en 2003 à 129 030 en 2011 ; les sites de prévention de la transmission mère-enfant (PTME), 13 en 2003 et 281 en 2011 ; les sites de traitement ARV, 3 en 2003 et 83 en 2011 et, bien sûr, le nombre des patients sous traitement ARV, avec la gratuité instaurée pour ce type de produits, qui étaient 10 73 en 2003 et sont aujourd`hui 33 580", indique M. Sène.
Mais la lutte contre le Sida au Mali est toujours confrontée à de nombreuses difficultés, d`ordre financier pour la plupart. Les arrêts de décaissements entraînés par le coup d`Etat du 22 mars ont été des plus rudes pour un secteur dépendant à 82 % des bailleurs extérieurs. En outre, la gouvernance financière des ressources allouées doit être fortement améliorée, car c`est un gage de crédibilité incontournable pour espérer mobiliser des fonds, tant à l`extérieur qu`en interne. Espérons que la communauté nationale des acteurs s`y attèlera fermement et qu`un retour rapide de la paix l`aidera dans cette lourde tâche !
Les PTF contribuent à créer les conditions stratégiques adéquates de lutte à travers le renforcement des capacités des acteurs nationaux, l`appui en matériels et équipements, l`appui technique et financier dans la mobilisation des ressources et dans la mise en œuvre des plans, etc. La riposte nationale contre le fléau est marquée à la fois par des forces et des défis. Parmi les forces, on peut citer une forte volonté et un grand engagement politique, un esprit d`initiative de la société civile et l`engagement du secteur privé. Le cadre de gouvernance générale est porteur pour la création de la réponse locale durable et le cadre institutionnel se prête à la pleine participation de l`ensemble des acteurs publics, privés et de la société civile.
Dans son discours de lancement du mois de lutte contre le Sida, le président de la République s`est engagé à faire face à sa responsabilité pour relever les défis soulevés par le secrétaire exécutif du HCNLS. Aussi a-t-il invité tous les acteurs à persévérer dans la lutte, afin de maintenir les résultats obtenus. Mieux, Dioncounda Traoré a engagé le gouvernement à initier rapidement la loi sur la création d`un Fonds national de lutte contre le Sida au Mali.