L'Union africaine (UA) a appelé mardi l'Otan à
participer à la force militaire internationale qui doit être déployée dans le
Nord du Mali pour en déloger des islamistes, arguant depuis Ottawa qu'il
s'agit d'une question de terrorisme qui "dépasse le cadre africain".
Le chef de l'UA, le président du Bénin Thomas Boni Yayi, a lancé cet appel
alors que jihadistes et rebelles touaregs ont repris l'offensive, forçant
l'armée malienne à procéder lundi et mardi à des tirs de sommation à l'arme
lourde à quelque 650 kilomètres de la capitale Bamako.
C'est la première fois depuis neuf mois que l'armée malienne et ces
mouvements armés sont aussi proches d'un affrontement.
Face au péril que font peser ces groupes, dont certains sont liés à
Al-Qaïda, le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté le 20 décembre une
résolution autorisant le déploiement d'une force de militaires africains
appuyée par les pays occidentaux.
"Si on fait la même lecture (de cette résolution), en réalité, l'Otan se
joindra à nos forces africaines", a plaidé Thomas Boni Yayi, en visite au
Canada, où il était venu signer des accords économiques.
S'exprimant aux côtés du Premier ministre Stephen Harper, il a indiqué
avoir profité de leur entretien pour demander au dirigeant canadien
d'"intervenir pour que l'Otan s'ajoute" à la coalition internationale qui doit
être formée.
L'Union africaine est "en train de formuler auprès des plus grands"
décideurs de la planète le besoin de créer une "coalition globale" à l'image
de celle qui avait été formée en Afghanistan après le 11-Septembre, a expliqué
le président béninois.
Selon ce dernier, le problème malien "dépasse le cadre africain" car "c'est
une question de terrorisme et ça relève de la compétence de la communauté
internationale".
Le Canada n'interviendra pas au Mali
"Nous ne pouvons plus perdre de temps", a-t-il averti, tout en
conditionnant le déclenchement de l'intervention militaire à la tenue
préalable d'une conférence internationale visant à "décider qui fait quoi et
quand". "L'Otan devrait y participer", a-t-il lancé, sans préciser quand aura
lieu cette rencontre.
Membre de l'Alliance atlantique, le Canada avait activement participé à
l'intervention en Afghanistan, puis avait envoyé des chasseurs bombardiers
lors des frappes aériennes contre les troupes du colonel Kadhafi, en 2011.
Mais cette fois, a averti le Premier ministre Harper, Ottawa n'enverra
aucun soldat au Mali: "Le gouvernement du Canada n'envisage aucune
participation militaire directe".
Alors que le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay, avait indiqué
la semaine dernière que le déploiement de formateurs militaires était à
l'étude, Stephen Harper a dit que son pays s'en tiendrait à une aide
humanitaire.
"Nous sommes très inquiets", a confié M. Harper. "Il y a toute une région
terroriste qui s'établit en Afrique et c'est hautement préoccupant pour la
communauté internationale".
L'appel de Thomas Boni Yayi restera-t-il lettre morte ? En octobre, le
secrétaire général de l'Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen avait
indiqué que l'Otan n'avait aucune intention d'intervenir au Mali.
Il réagissait alors à la demande faite aux Occidentaux par Bamako d'envoyer
avions de combat et des forces spéciales pour soutenir les troupes africaines.
sab/via