Ça aurait dû être une simple dispute politique, comme toutes les autres, sans aucune importance, si elle ne s’était pas déplacée jusqu’en France, en marge de la visite exceptionnelle que le président IBK y effectuait, et qu’elle n’avait pas été ressentie comme une maladroite tentative d’écorner l’image du pays à l’extérieur. Le fait, pour l’opposition, tendance Tiébilé Dramé, de tenter de gâcher la ferveur de cette visite présidentielle, dans l’hexagone, est sorti de l’ordinaire politique, en suscitant une vague d’indignation. Un réel effet boomerang…
Elle a eu le même écho que la visite présidentielle elle-même : l’action de Tiébilé Dramé, l’épicentre de l’opposition malienne, pour gâcher le succès diplomatique, engrangé par le président IBK, au cours de la visite d’Etat qu’il vient d’effectuer en France. Avec la seule différence, de taille, que la démarche de l’intrépide opposant, en terre hexagonale, a été jugée, en raison des réactions négatives qu’elle a déclenchées, plutôt ruineuse que celle, plus honorée, du président IBK, en terme d’image de respectabilité du pays.
L’une des réactions, les plus cinglantes, au coup fourré de l’opposant, Tiébilé Dramé, leader du Bélier blanc, est venue, sans grande surprise du président IBK lui-même. Déjà, à Paris, à la rencontre avec ses compatriotes, le président IBK avait dénoncé, en des termes non équivoques, ce qu’il a qualifié d’une vulgaire opération de marchandage politique, destiné à écorner l’image de marque de tout un pays. À son arrivée au pays, avant même de rendre hommage à la France pour une telle qualité de reconnaissance diplomatique pour le Mali, le président IBK a, une fois de plus encore, fustigé l’attitude de Tiébilé Dramé, de vouloir oser, au mépris des règles de civilité, transporter ailleurs, en dehors du pays, les chicaneries politiques, dans le seul dessein de vouloir noircir le voyage présidentiel, dont les effets bénéfiques, pour le pays, d’une manière générale, ont été pourtant unanimement salués par tous.
Il semble que le président du Parena, non content de voir le président, IBK, en vedette en France, a manifestement tenté de brouiller la victoire diplomatique qui en est attendue, par une marche de protestation contre la venue d’IBK en France. C’est lorsque la marche a été invalidée que Tiébilé Dramé a choisi d’arroser le lieu de la rencontre entre le président IBK et les Maliens vivant en France, de tracts.
Au-delà de la colère du président, IBK, contre ce coup foiré de l’opposition, les réseaux sociaux, ces derniers jours, ont enflé de commentaires énergiques, émanant de simples citoyens ou même de certains étrangers, vivant au Mali, ou non, qui ont littéralement condamné cette dernière sortie de l’opposition malienne, qualifiée de hasardeuse, complaisante et inopportune. Le fait, dit-on, qu’il s’agit, pour le président de la République, comme c’est un peu son domaine de compétence, de prendre son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole, s’agissant de conserver quelques précieux points positifs pour l’image de marque du pays, ne doit, sous aucun prétexte, déchainer quel que animosités politiques que ce soient. Même provenant de l’opposition (dont le rôle est de critiquer), il apparait comme illogique, politiquement parlant, qu’une opposition, bien inspirée, se mette à dénigrer un tel voyage présidentiel, surtout lorsqu’il s’agit du Mali, un pays qui revient de loin et qui a déployé un trésor de sacrifices pour retrouver plus rapidement le chemin de l’unité et de la paix, après tant d’années de déchirures à l’interne.
De ce point de vue, il a été suicidaire, pour l’opposant Tiébilé Dramé, généralement plus prompt à la vindicte politique, de vouloir penser qu’il avait les armes politiques idoines dans sa main de torpiller, par quels que moyens que ce soient, un tel voyage présidentiel, aux relents forcement économiques et qui s’est traduit aussitôt par une forte et intéressante manifestation de solidarité de la communauté internationale. Le Mali a besoin qu’il soit aidé par la communauté internationale à financer l’accord de paix, signé par tous les acteurs nationaux, afin qu’il soit effectivement appliqué. De plus, tout le monde sait, y compris l’opposition malienne, que le pays, seul, n’a pas les moyens nécessaires pour s’assurer du financement de cet accord de paix. D’ailleurs, c’est une lapalissade de dire que cela est soigneusement inscrit dans le texte de l’accord de paix lui-même, dont les dispositions indiquent plus clairement que la communauté internationale, sous la supervision des médiateurs internationaux, doit aider le Mali pour le financement dudit accord, devenu inclusif, depuis le mois de juin dernier.
Il n’y a donc aucune nuance là-dessus : la sortie de Tiébilé Dramé, au-delà de son caractère politique utopique, est un échec politique cuisant pour lui, à travers l’opposition politique, en tant que telle. Tout comme la visite d’État qu’il a effectuée, à Paris, lui a procuré forte prestance diplomatique, et engagé son pays sur un palier supplémentaire, au plan international, la démarche de l’opposant Tiébilé Dramé, consistant à brouiller une telle victoire diplomatique, n’a été que ruine politique, pour lui, susceptible d’abîmer le reste de l’édifice oppositionnel qui aura forcément du mal à se départir de cette déculottée d’un des leurs. Le président du Parena, qui n’en finit pas de parler de lui, dès qu’il s’agit d’armer les tirs contre le président IBK, a très sérieusement déconsidéré la dimension politique réelle de cette visite d’Etat du président IBK. C’est la raison pour laquelle il a estimé qu’un seul effet magique lui suffit pour gommer un tel succès diplomatique. Il en était d’autant convaincu que par le passé, le manque d’un répondant adéquat et efficace, dans la majorité présidentielle, lui a donné, le plus souvent, les coudées franches pour agir en toute tranquillité, dans sa sphère favorite de la surenchère provocatrice.
Chaque fois, assurément, mal lui en a pris : les échos retentissants de la visite du président IBK en France sur le pays (pour lequel les partenaires ont annoncé plusieurs centaines de milliards pour sa reconstruction) ont poussé les Maliens, au-delà du clivage, à rendre hommage à la clairvoyance de l’homme de Koulouba. De la meilleure manière possible qu’il puisse exister dans ce monde, les Maliens ont exprimé leur mobilisation et leur reconnaissance à l’endroit du président IBK en lui réservant, à la fin de sa visite d’État en France, un accueil des plus chaleureux. Cette démonstration de force populaire, à l’endroit d’un chef qui n’avait aucune raison de ne pas s’en réjouir, est bien le fond de l’échec cuisant de cet homme dans sa tentative de diaboliser le pouvoir.
Il lui sera par ailleurs difficile de se relever d’une telle déculottée politique, en raison de la nature même des coups politiques à lui assénés dans sa furia vengeresse contre le président IBK. Au-delà de la polémique politique, ouverte, née de l’agitation de Tiébilé Dramé contre le président IBK (les deux hommes se sont ouvertement lancé des pics), le contexte de l’affrontement entre les deux hommes, autour de cette visite présidentielle, surtout par la résultante populaire qui en découle, est nettement défavorable à l’opposant du Parena. Celui-ci doit désormais se défaire de l’image peu reluisante, qui lui collera à la peau, comme cet opposant politique dangereux qui ne recule devant rien, même pas pour les intérêts vitaux de son pays, pour assouvir sa vengeance politique. Un dilemme qui pèsera toujours plus lourd sur lui tant qu’il sera facile, pour le président IBK, de surfer sur les énormes contributions financières qui ont été faites par le pays pour se sortir d’embuches.
Par Sékouba Samaké