BAMAKO - Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, représentant du médiateur pour la crise au Mali, a appelé mercredi à
"la retenue", se disant préoccupé par "les mouvements de troupes", alors que des affrontements opposaient militaires maliens et islamistes armés occupant le Nord.
"Nous sommes préoccupés par la situation au Nord où il nous a été signalé des mouvements de troupes", a déclaré M. Bassolé à la télévision publique malienne ORTM, après avoir été reçu à Bamako par le président intérimaire
Dioncounda Traoré et le Premier ministre Diango Cissoko.
"Nous lançons un appel à toutes les parties pour qu`elles se retiennent, (...) et surtout que les parties belligérantes créent les conditions de confiance et de sérénité propices à la tenue d`un dialogue constructif de paix", a-t-il ajouté.
Djibrill Bassolé était l`émissaire du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne. Sa déclaration a été enregistrée avant l`annonce d`affrontements mercredi soir à l`arme lourde entre militaires maliens et des islamistes dans la région de Mopti (centre).
D`après une source militaire et des témoins joints par l`AFP, les combats se déroulaient vers Konna (centre), dans une zone proche de la ligne de partition du pays où, selon l`armée, une tentative d`attaque avait été repoussée moins de 48 heures auparavant.
"Nous sommes en combat, il n y a rien à dire", a lâché un responsable
militaire joint sur le terrain. Un officier supérieur basé à Bamako a indiqué à l`AFP que les affrontements se poursuivaient dans la nuit de mercredi à jeudi. "Nous sommes en bonne position", a-t-il dit, sans plus de détails.
Aucune source n`a pu être jointe par l`AFP au sein des groupes islamistes armés Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao) et Ansar Dine, les groupes islamistes armés ayant pris il y a plus de neuf mois, le Nord puis une partie de la région de Mopti.
Sous la pression de médiateurs, Ansar Dine s`était engagé à prendre ses distances avec Aqmi et le Mujao, à dialoguer avec Bamako et a offert une trêve, offre sur laquelle il est revenu le 3 janvier, tout en se disant ouvert à de nouvelles discussions.
Ansar Dine ainsi que les rebelles touareg - évincés du Nord par leurs
anciens alliés islamistes - et Bamako devaient tenir jeudi des discussions directes au Burkina Faso, après de premiers pourparlers le 4 décembre. Le rendez-vous a été reporté à la demande des différentes parties, selon la médiation, pour leur donner "plus de temps pour se préparer".
"Toutes les parties sont d`accord pour se retrouver autour de la table de négociations, ce n`est qu`une question de jours. Donc, il n`y a rien qui coince", a assuré à Bamako Djibrill Bassolé.
Il a aussi exhorté à la patience pour la résolution de la crise: "Qu`il s`agisse du processus du dialogue ou qu`il s`agisse du processus de l`intervention et du déploiement militaire, tous les processus prennent du temps, ont besoin d`un certain délai de préparation et de mise en oeuvre. Je ne pense pas qu`il faille raisonner en termes de délais", mais "d`objectifs que l`on veut atteindre".
"En tous les cas, l`objectif ultime, c`est (...) que le territoire soit réuni et que nous ayons une paix stable et durable", a-t-il conclu.
Des préparatifs sont en cours pour le déploiement d`une force
internationale au Mali, approuvé le 20 décembre par l`ONU qui prône
parallèlement le dialogue avec les groupes rejetant le terrorisme et la partition du Mali.