La présentation de Vœux de Me Tall à la presse est aussi une occasion pour « échanger » sur les grands sujets d’actualité. Celle de cette année, en la matière, est particulièrement brulante.
C’est à 10 heures 19 mn tapante que Me Mountaga C. Tall, président du Cnid-Fyt a fait son entrée dans la grande salle de conférence de la Maison de la presse ce mardi 8 janvier 2013. Il s’installe aussitôt, entouré du maître des lieux, M. Koné, du député de Markala Boubacar Diarra dit Lato, d’Isaac Traoré, président du Cnid Association et de Fadima, première vice présidente. Me Tall est visiblement heureux d’être là en compagnie des journalistes.
Tête fraichement coiffée, souliers noires pur cuir a l’italienne, costume gris bien coupé sur une chemise blanche à manchette argentées et le tout soutenu par une cravate bien assortie. Pas de doute : Me Tall s’est mis sur son « 31 » pour la presse. C’est un signe de respect pour la corporation, mais pas seulement. C’est aussi la marque de l’amitié pour la profession, amitié dont le président de la Maison de la presse) qui avait salué l’ami de la presse dans son adresse), Sambi Touré, Hameye Cissé qui avaient tour à tour souligné cet intérêt à la presse et qui faisait de lui le seul dirigeant politique à venir présenter ses vœux à la presse depuis 1992. Cela explique sans doute la venue remarquée des doyens de la presse, de ses directeurs de publications et de leurs « héritiers » plus jeunes ; c’est lui qui les saluent ainsi.
Entrant dans le vif du sujet, Me Tall attaque et présente formellement ses vœux à la corporation (nationale et internationale) Serge Daniel note). Une mention spéciale est faite à la presse régionale et locale « qui comme vous ici, joue dans le Mali profond un rôle irremplaçable… ». Evoquant le bon classement du Mali l’année dernière, il note avec regrets « le recul » à cause des agressions contre les journalistes. Il ajoute qu’il n’y avait pas de presse forte sans responsabilité. Ceux qui jouent avec l’honneur des autres n’ont pas leur place en prison, mais devraient rencontrer le jugement des paires. Il énumérera alors les faiblesses, « d’ailleurs reconnues par ses propres structures de gestions », qui devraient trouver remèdes. Plus tard, il répondra favorablement à la demande des doyens d’être l’avocat de la presse à l’Assemblée Nationale ; eu égard notamment à la baisse drastique des subventions allouée à la presse.
Actualités brulantes
Me Tall, a, alors, abordé les questions chaudes qui taraudent les esprit en cette période de crise à entrée multiple et l’issue reste obscure : les élections ratées de 2012, le coup d’Etat du 22 mars, la problématique de la sortie de crise, l’avenir du Mali en tant que nation, la rébellion touareg, le pays face aux islamistes, le rôle des forces armées et de sécurité, les paris liés à la négociation et enfin les préoccupations des citoyens partout au Mali.
Me Tall a donné la position et les points de vue de son parti ; seul ou dans le cadre de la CSM le regroupement dont il appartient.
Il avait dit ceci dans un passage de son discours du 13 janvier 2012 lors de la présentation des vœux et qui disait : « Le Mali ne doit accepter en aucun cas d’être un sanctuaire pour trafiquant de drogue, de (…). Toutes les actions doivent être menées pour extirper ces fléaux de notre pays et les complices doivent être identifiés et châtiés afin que nous puissions demeurer une nation crédible et respectée. » On sait ce qui s’est passé deux mois plus tard. « Aujourd’hui, -il ajoute, la maison paternelle continue à brûler et la question n’est pas de savoir qui a allumé l’incendie ». Non, pour lui chacun doit prouver qu’il est capable de se placer au dessus de son ego, de penser Mali et de s’investir pour éteindre l’incendie et « éviter un bain de sang à notre peuple et à notre pays ». Et surtout « ne pas appliquer la politique de l’autruche et refuser de regarder la réalité en face ». En sommes, relever les défis les yeux ouverts. C’est ainsi que l’on sortira de la crise et pas autrement.
Qui négocie quoi avec qui
A commencer par la libération du Nord. Pour Me Tall le Mali est une vieille nation qui s’est constituée au fil des siècles et non « un coupé-collé ». Alors « les proclamations fantaisistes d’indépendance factices, les velléités sécessionnistes ne pourraient en aucun cas venir à bout de ce sentiment national du Mali un et indivisible ». Ainsi, en continuant à proclamer leur « malianité » les populations du Nord prouvent que la rébellion n’est le fait que d’une minorité… minoritaires même au sein de leur propre communauté ». Un autre angle d’attaque pour résoudre la crise institutionnelle est, selon les positions harmonisées du Cnid et de la CSM, « l’union sacrée autour de la gouvernance » avec toutes les institutions existantes : ni maximalisme ni exclusion. Le Cnid et la CSM continuent à prôner la concertation nationale. Mais elles doivent être inclusives, consensuelles et constructives, assure Me Tall.
Enfin, en ce qui concerne le mode de résolution de la crise, les questions posées sont : faut-il négocier ou faire la guerre Qui négocie quoi et avec qui. La première rappelle Me Tall, le débat de l’œuf et de la poule. Ce qui est sûr et opérationnel pour lui est qu’ « aucune négociation n’aboutira sans force de persuasion.» Autrement dit, négocier en position de force est vain. Qui négocie ? Le gouvernement sous l’égide du Président de la République. Le Ministère de la Défense sera transversal et celui de l’Administration Territoriale l’interlocuteur des nationaux. Au contraire, celui des Affaires Etrangère fera le pont avec les amis du Mali. Quant à la CNN, elle sera le bras armé de ce schéma élaboré. Avec qui négocier ? Me Tall reste convaincu qu’il n’y avait pas, parmi les bandits armés, des bons Maliens et des mauvais étrangers. Pour lui, malgré leurs querelles, ils restent tous en diapason quant à l’essentiel : « ils partagent les mêmes intérêts et procèdent généralement à des partages de rôle.»