Va-t-on aller chercher la solution de la crise au Nord dans les interminables et rebondissantes tentatives de médiation ou dans une logique manu militari ? Incertitudes pour les uns et lassitude pour les autres las d’attendre, la grande providence qui se pointait à peine des horizons multicolores et multi facettes. Depuis, environ une semaine, la nébuleuse Ansar Dine et ses acolytes ont multiplié des déclarations va-t-en guerre à l’encontre des autorités de Bamako en proie à des pressions internes et externes pour une solution rapide à la crise qui n’a que trop duré.
Comme pour chercher noise à une armée malienne donnée pour fébrile et en manque de moyens, le mouvement Ansar Dine a clairement proclamé son intention résolue de progresser vers le Sud du pays. Sur le terrain, on signalait déjà que les Djihadistes, partis d’un village du nom de Bambara Mandoué non loin de Tombouctou, étaient présents à Boré, puis à Amba, village situé à une vingtaine de km de la ligne de front, Konna. L’armée malienne a procédé à des tirs de sommation le lundi avant que la brèche ne s’ouvre effectivement les heures suivantes. Nouhoum Togo, chargé de communication au ministère de la Défense, avait déjà averti qu’en cas de « franchissement du rubicond », l’armée régulière entrerait en action. Depuis quelques heures, une situation de casus belli prévaut autour de Douentza. Sur le terrain, tout ce qu’on sait, c’est que les combats sont intenses sans possibilité d’établir un bilan précis. Chaque camp alléguant le bon comportement de ses troupes. Joint, hier, au téléphone par le correspondant de Radio France internationale, Serge Daniel, un officier malien confirmait la poursuite des hostilités sur le terrain en se félicitant « du bon boulot » que sont en train de faire ses hommes sur le champ de combat. C’est donc parti ! Il apparaît difficile d’envisager un arrêt total des hostilités actuellement quand on sait que l’enjeu du contrôle de la zone de démarcation est crucial pour les Jihadistes d’une part et l’armée malienne. En effet, une victoire des islamistes leur ouvrait un boulevard pour le contrôle de toute la zone. Quant à l’armée malienne, elle gagnerait à mettre hors d’état de contrôle par le camp ennemi, du stratégique camp d’entraînement de Sévaré. Pour protéger ce point stratégique des hommes serait venus de la Guinée voisine pour prêter main forte. Le débat sur le choix des options mérite-t-il d’être encore mené? L’échéance de 2013, pour une intervention militaire n’est-t-elle pas prématurément échue ? Pour combien de temps encore, conscience humanitaire sous les boisseaux, la communauté internationale croisera les bras en chantant en chœur, la nécessité de dialoguer alors que l’armée malienne joue la carte décisive de la restauration de l’intégrité du territoire ou, le cas échéant, le contrôle de tout le territoire par les islamistes ne sera plus qu’une question de temps. En bombant la poitrine comme un vrai ‘’Kièfari’’, le président Dioncounda Traoré a affirmé que « la guerre va débuter plus vite que ne le pensent certains » et que « l’armée malienne va y jouer un premier rôle », le président intérimaire a semblé rompre avec les critiques qui donnaient le gouvernement incapable de se déterminer et d’exiger ce qu’il veut. Mais, en même temps qu’il engageait l’armée malienne, il semble dire à la communauté internationale « soit vous êtes avec le peuple malien fier et orgueilleux de son intégrité territoriale, soit vous n’êtes pas avec nous ». En tout cas cette déclaration a comme effet diplomatique de claquer la porte à tous les détracteurs de l’option militaire. Nolens volens ! Cette hostilité prévaut alors que les protagonistes de la crise étaient attendus dans la capitale burkinabè où ils devraient être reçus par l’infatigable et le tenace médiateur. Il est certain que la médiation va encore prendre un coup de fouet après que Ansar Dine ait déclaré quitter la table des négociations. Les conséquences de ces affrontements peuvent être analysées sur le plan politique et humanitaire. Sur le plan politique, elles auront pour principal effet de légitimer, au plan interne, le pouvoir de Bamako, longtemps accusé de ne pas faire assez pour la reconquête du Nord. Sous l’influence de la Confédération patriotique du Mali (COPAM), des voix s’étaient levées pour réclamer le départ du président Dioncounda Traoré. Depuis l’entame des hostilités, les slogans ont changé en faveur de l’armée malienne déterminée mais en faveur d’apologie au compte du « maître d’œuvre de Kati », le capitaine Sanogo pilote, instruit et coordonne les opérations. Toute chose qui place en arrière plan, le président et son Premier ministre Diango Cissoko. Dans la matinée d’hier, une manifestation organisée par l’opposition à Bamako pour revendiquer l’organisation d’une vaste concertation nationale a tourné à une manifestation de soutien à l’armée malienne. Ainsi, Dioncounda sauve son fauteuil, car une unième concertation n’exclurait pas son départ. Sur le plan humanitaire, les populations des zones d’affrontements ont commencé à faire et bagages et autres affaires pour se mettre à l’abri des tirs. La guerre augure un problème humanitaire que l’autorité de Bamako a l’obligation régalienne à résoudre. Comment des dispositions sont prises pour éviter au mieux, de grandes souffrances aux populations affectées ? Une telle préoccupation comme bien d’autres que soulève cette entrée en belligérance devrait recevoir de réponse de la part des autorités maliennes. Hors des frontières, les pays voisins ne sont pas moins inquièts, du moins sur le plan humanitaire, eux qui ont, accueilli déjà des afflux massifs de réfugiés qu’ils gèrent non sans coup férir. Du reste, il est clair que le retour à l’intégrité territoriale du Mali ne se ferra pas sans grande difficulté mais plus que jamais, la communauté internationale devra dépasser sa lenteur létale, ses divergences et valses d’hésitations pour apporter un soutien ferme au peuple malien en quête de liberté et de paix