Après plusieurs articles publiés par votre journal préféré sur la visite du Président de la République, dans nos deux précédentes éditions, notamment les engagements financiers de 2120 milliards de FCFA et la tribune d’Erik Solheim, Président du Comité d’aide au développement de l’OCDE, intitulée: «Pourquoi s’intéresser au Mali? », votre fidèle serviteur évoque un autre angle de cette Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali. Il s’agit de la priorité accordée au nord du Mali.
Cette conférence de l’OCDE, tenue le jeudi 22 octobre à Paris, pour ceux qui ne le savent pas, a été organisée pour soutenir le Mali, notamment les trois régions du pays – Tombouctou, Gao et Kidal.
Les besoins ont été évalué par les autorisés dans un cadre de priorisation, en trois composantes : le renforcement de la paix, la résilience sociale et la gouvernance (1ère composante); le rétablissement et le développement des services sociaux (2ème composante); la promotion de la reprise économique, la création d’emploi et des infrastructures.
L’espoir est réel. Il est ravivé par la signature de l’Accord d’Alger, qui, dans ses annexes, prévoit moult réalisations. 8 camps de cantonnement à construire dans le cadre du DDR; 30 000 ex-combattants à démobiliser et à réintégrer; 150 experts de l’Etat à appuyer pour opérationnaliser la Commission Vérité, Justice et Réconciliation; plus de 200 ateliers d’unité nationale à organiser; 90 200 déplacés internes et 136 800 réfugiés à réintégrer; 1 000 femmes victimes de violences basées sur le genre (y compris les violences sexuelles) qui seront prises en charge; la réforme de la décentralisation à poursuivre et des Agences de Développement Régionales à créer.
S’y ajoutent 17 routes à réaliser; 5 aéroports à construire et un autre à réhabiliter; 13 centrales solaires à construire et 10 000 jeunes à soutenir dans le cadre des programmes de soutien à l’entrepreneuriat et à l’insertion. Ce n’est pas tout. Des programmes de développement agricole et pastoral résilients au changement climatique seront mis en route et les services de vaccination dans les zones d’élevage seront actionnés pour améliorer la qualité de vie du cheptel.
Le gouvernement a évalué toutes ces réalisations à 1958,9 milliards de nos francs: 263,6 milliards pour la première composante; 531,4 milliards pour la deuxième composante et 1163,9 milliards de FCFA pour la troisième composante. C’est bien ce dossier qui a été introduit auprès de l’OCDE pour mobiliser des fonds.
L’équipe de Modibo Keita a donné le ton en mettant dans la cagnotte 300 milliards de FCFA sur trois ans. Au finish, le Mali a obtenu des engagements financiers pour 2 120 milliards de nos francs. Le gap positif de 121,1 milliards de FCFA servira à financer d’autres segments de l’économie nationale. Encore que tous les partenaires, à l’instar du Canada et de bien d’autres n’ont pas annoncé pour l’instant leurs montants.
En outre, l’OCDE va créer bientôt une antenne au Mali, pour suivre la mobilisation des fonds et leur utilisation judicieuse. C’est pourquoi, pour beaucoup de participants, Paris est différent de Bruxelles, parce qu’il s’agit de la reconstruction, du réel, contrairement à la fois dernière, où c’était plutôt l’émotion, l’humanitaire. Les fonds n’ont pas tous été rassemblés.
Plusieurs partenaires ont utilisés eux-mêmes les fonds annoncés dans les domaines de la sécurité et de la solidarité, sans passer par Bamako. Ce sont eux-mêmes qui ont évalué et exécuté les dépenses. Cette fois-ci, c’est bien Bamako qui aura l’œil sur tout et orientera les projets de développement selon ses priorités.
L’espoir d’un retour durable à la paix, à la stabilité et à la sécurité est donc permis. Et le gouvernement se doit d’être vigilant et rigoureux quant à l’utilisation des fonds mobilisés.
Chahana Takiou, Envoyé spécial à Paris