Tel un ennemi qu’on attend de pieds fermes au tournant pour prendre sa revanche, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a voulu régler ses comptes avec l’opposant Tièbilé Dramé. Il l’avait sur le cœur voire même en souffrait de n’avoir pas eu l’occasion. Et il a fini par l’exhiber, mais dans la grande turpitude. Car en plus de traiter Tièbilé de « petit Monsieur », « Le GRAND IBK » a aussi montré à la face du monde à quel point il est remonté contre celui qui critique le plus les dérives de la gouvernance actuelle.
Bien avant lui, le ton de cette grande colère du pouvoir avait été donné il y a deux mois par un baron du parti présidentiel qui disait : « Nous pouvons vous créer la misère » en faisant allusion aux détracteurs du régime. Et aujourd’hui, les Maliens ont enfin compris que celui-ci n’était qu’un messager. C’est donc dire que le régime IBK est dans la situation de « la chèvre excédée prête à mordre» tous ceux qui n’iront pas sa direction. Et pour cause : le pouvoir n’a plus d’arguments.
A défaut de pouvoir résoudre la question du Nord, la lutte contre la corruption, la complaisance et le gaspillage dans l’administration publique, le président semble désormais trouver un remède après avoir tout tenté en vain sans succès. Il veut faire taire les Maliens. La violence étant le seul apanage des dirigeants tentés par la dictature et à court d’arguments.
Le Peuple est en train de perdre son droit de regard sur la gestion des affaires publiques parce qu’IBK devenu Prophète. Tout ce qu’il dit ou qu’il fait doit désormais être acceptés ou cautionnés sans bruit ni ronflement. Tout le monde est averti, le Président va désormais faire« respecter la loi, mais…? ». En suivant son regard : rien ne sera plus comme avant.
Tous ceux qui oseront élever la voix contre la gestion du pouvoir ou iront dans le sens contraire de sa politique seront bien sanctionnés. L’ordre a été donné par le chef de la magistrature suprême. Et il a été bien reçu par le gouvernement qui « prend le peuple à témoin et se réserve le droit de tirer toutes les conséquences » de la nouvelle mesure du Chef de l’Etat. Et IBK sera et restera le seul responsable de ce qui s’ensuivra.
Et la menace du Président est loin de viser la seule personne de Tiébilé Dramé ou de l’opposition. C’est une menace contre la démocratie et la liberté d’expression. Et la question que l’on est en droit de se poser est de savoir qui après Tièbilé Dramé. Car de toute évidence, le Président IBK semble en avoir marre des critiques sur sa gestion scandaleuse du pouvoir.
Youssouf Z KEITA