A New Delhi Ibrahim Boubacar Keïta a promu la destination Mali et prédit un avenir radieux à la coopération entre l’Inde et l’Afrique
Ils étaient venus, ils étaient tous là. Ou presque. Ce que l’Afrique compte de dirigeants en vue s’est retrouvé en quasi totalité hier à New Delhi à la faveur du troisième sommet Inde-Afrique dont les travaux ont eu lieu à l’Indira Gandhi Stadium Palace. Parmi la quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement présents se trouvait le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta qui séjournait sur place depuis mercredi en compagnie d’une forte délégation. Celle-ci comprenait notamment Mme Keïta Aminata Maïga et plusieurs membres du gouvernement que sont Abdoulaye Diop des Affaires étrangères, Mamadou Igor Diarra de l’Economie et des Finances, Abdel Karim Konaté du Commerce et de l’Industrie, Choguel Kokalla Maïga de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Boubou Cissé des Mines et Mamadou Frankaly Keïta de l’Energie et de l’Eau.
Si le sommet souffle sa troisième bougie, la présence d’autant de sommités politiques du continent constitue une première. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, n’a pas ménagé ses efforts pour faire venir dans son pays un aréopage d’une exceptionnelle qualité. L’Afrique avec ses matières premières suscite l’intérêt appuyé de toutes les grandes puissances économiques. En particulier des pays émergents auxquels appartiennent l’Inde et la Chine. Ce grand rendez-vous qui est celui du renforcement des intérêts bien compris de toutes les parties doit permettre à New Delhi d’approfondir et d’élargir un partenariat avec les Africains encore relativement timide – le premier sommet ne date que de 2008 – et de rattraper le retard enregistré par rapport à la Chine en ce qui concerne l’implantation sur un continent en plein décollage économique.
L’Inde dans son offensive cherche à se démarquer des autres puissances. Elle offre à l’Afrique un partenariat de « développement » fondé sur le « respect mutuel». Cette nouvelle approche a été largement martelée par le Premier ministre indien, Narendra Modi, qui a d’ailleurs précisé que ce partenariat n’était pas à «sens unique » et que son pays avait aussi beaucoup à apprendre des «nombreuses réussites en Afrique». «Les économies émergentes, a-t-il souligné, doivent relever les mêmes défis en matière d’urbanisation, d’éducation, de création d’emplois ou encore de lutte contre la pauvreté ».
50 000 bourses. A la cérémonie d’ouverture, agrémentée des superbes chorégraphies dont l’Inde a le secret, Narendra Modi a déroulé une véritable profession de foi devant les 41 chefs d’Etat et de gouvernement africains présents. Tendant la main à ses hôtes, le Premier ministre indien a promis « d’aider le continent dans le développement des ressources humaines ». Joignant l’acte à la parole, il a annoncé la mise à disposition des pays africains de 500 millions d’euros, soit 327 milliards de Fcfa, d’aide pour les cinq années à venir. Une grande partie de cette somme, a-t-il souligné, ira à l’extension d’un projet phare mis en place depuis 2009 : le réseau panafricain d’enseignement et de consultation médicale à distance qui relie des universités et hôpitaux indiens à ceux de 48 pays africains grâce à un réseau satellite.
L’Inde ne fera pas les choses à moitié dans la mise en œuvre de sa stratégie pro africaine. Elle a ainsi annoncé 50 000 bourses qui seront offertes à des étudiants du continent pour venir étudier dans ses universités et instituts. Sur le plan des échanges d’affaires, le pays-continent a débloqué une ligne de crédit de 10 milliards de dollars, soit 6 500 milliards de fcfa pour cinq ans. L’Inde double ainsi l’enveloppe qui a été accordée aux investissements en Afrique lors du premier sommet de 2008.
A la suite du discours de l’hôte indien, les dirigeants africains ont tour a tour pris la parole pour saluer l’avènement d’une ère nouvelle pour la coopération sud-sud et ont encouragé à l’unanimité l’accélération de la coopération afro-indienne. Qu’il s’agisse de Robert Mugabé du Zimbabwé, du Roi Mohamed VI du Maroc ou encore d’Ali Bongo du Gabon, tous ont prédit « un avenir radieux » au rapprochement qui s’amorce. Mais ce rapprochement ne part pas de rien. Les échanges entre l’Inde et l’Afrique se sont renforcés, passant de 3 milliards de dollars (1800 milliards de F cfa) en 2000 à 70 milliards en 2014 (42 000 milliards de F cfa), selon Delhi. Le président sénégalais Macky Sall a donc à juste raison plaidé pour un partenariat réellement « mutuel, durable et avantageux pour tous ». Dans toutes les interventions, les dirigeants du continent ont rappelé à l’Inde les besoins d’assistance et de soutien dans la lutte contre le terrorisme et les épidémies.
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