Il faut croire que la conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali tenue le 22 octobre dernier avait plusieurs objectifs. Mais, en vérité, c’était la question de développement des 3 régions martyres de la crise que nous avons connue, qui était au centre des attentions des PTF, et le flux de milliards annoncés est lié à cela.
La situation de ces régions pour les PTF est la pierre angulaire de la résolution de la crise sécuritaire pour un retour définitif de la paix et la cohésion sociale. L’un des motifs de la rébellion touareg se justifie par le manque de développement de ces trois régions. Cette hypothèse est soutenue par une cartographie de la situation de développement de ces régions présentée à la conférence des PTF. Selon les données de cette carte, le septentrion ne bénéficie à ce jour que d’une seule route revêtue traversant une très petite portion du sud des régions de Tombouctou et Gao, à savoir la nationale 16 reliant Mopti à Gao. Pour renverser la courbe, les PTF ont réaffirmé leur détermination à accompagner le gouvernement malien dans le cadre de sa stratégie spécifique de développement des régions du nord, de mettre en place un ambitieux projet de construction de routes, visant notamment à connecter Tombouctou à Bamako mais aussi à relier Tombouctou-Gao-Kidal. La construction de ces infrastructures reviendrait à poser le « chainon manquant » entre les espaces économiques du sud et du nord du Sahara. Ce même document estime que depuis l’indépendance, la part du septentrion dans l’économie nationale est de l’ordre de 5%. Cette tendance ne devrait pas s’inverser car les potentiels de croissance sont plus importants dans la partie du sud du pays.
En termes de perspectives, à l’issue de la conférence, les PTF pensent qu’il est nécessaire que le septentrion redevienne un espace central et partagé qui n’est pas seulement le nord du Mali avec « au-dessus » le sud de l’Algérie, mais aussi le centre d’un ensemble macro-régional allant de la méditerranée à l’Atlantique. Ceci suppose un projet à long terme générationnel de coopération politique, économique et sécuritaire soutenue entre les deux rives du Sahara. Mais aussi, que par conséquent en faire un espace connecté et fluide : un espace intégré dans le Mali et intégrant pour le Mali dans sa région. Cette intégration territoriale est la condition première de son intégration sociale et économique.
Pour ce faire, les PTF envisage comme 3 grandes perspectives : accorder une attention particulière au fleuve et à sa vallée en développant la boucle du Niger, le désenclavement de la zone, accroitre les services sociaux de base ; valoriser le potentiel commercial du septentrion avec une coopération économique entre l’Algérie et le Mali ; et enfin exploiter les ressources minières dans une optique d’intégration nationale et régionale.
Harber MAIGA