On voudrait sérieusement trouver des circonstances atténuantes au Président sur la énième crise qu’il a ouverte, les excès de langage et de comportement, vous coupent les pieds et tous arguments crédibles pour le faire.
La classe politique est totalement compartimentée et classée en patriotes, apatrides ou aigris et depuis la visite d’Etat en « petit monsieur ou malobaliw » selon que l’on soutienne ou non la majorité présidentielle.
La question n’est pas ce qu’a fait ou pas Tiébilé Dramé dans le cas d’espèce, elle est dans la défense d’un principe clé de notre démocratie, la liberté d’un Malien d’exprimer pacifiquement ses opinions par les moyens et dans les circonstances qu’il aura choisis.
Au contraire des groupes armés qui écument le pays depuis trois ans, la préservation de cette liberté est un impératif.
Si faire une déclaration, écrire dans les journaux contre le Président de la République, dire aux partenaires de ne pas donner leur argent à des prédateurs des deniers publics était attentatoire à la République, alors que dire des activités de tous ces groupes armés dont on est allé montrer les principaux chefs comme des trophées de la paix à Paris ?
Peut-on confondre les écrits et les fusils en démocratie ? Que non.
Les revendications sous la pression des armes sont attentatoires à la République, à l’Etat, à la souveraineté, pour tout dire, à l’unité nationale. Les écrits incitent à corriger de façon pacifique ce qui va de travers.
Quoi qu’on ait pu reprocher aux opposants maliens à Paris, l’injure n’est pas une opinion et venant du président de la République, c’est une dérive grave.
Alors, à ceux qui, tapis dans le cercle du pouvoir, ont recours aux artifices juridiques, il faut leur rappeler cette citation de Montesquieu : « Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice».
A Paris, le président de la République, qui a accueilli le nôtre, qui l’a adoubé, se fait, à longueur de visite, huer dans son pays, mais il reste imperturbable.
La violence verbale qui a suivi la diffusion de déclaration de partis politiques légalement constitués est un signe annonciateur de la nervosité qui s’empare des sphères du pouvoir quant à l’exercice de cette liberté fondamentale par les citoyens.
Le comportement du pouvoir dans la gestion politique et médiatique de cette visite d’Etat est révélateur du style de la gouvernance en cours : la confiscation des média publics.
En tout état de cause, si la violence verbale s’installe et imprime sa marque à la vie politique, elle finira par accoucher de la violence physique, la porte ouverte à toutes les dérives.
Aux communicateurs du Président d’en prendre note. Pour notre part, le message porté a été entendu et le refus de se taire est dans le sens de l’histoire.
Souleymane Koné