Le samedi 31 octobre 2015, l’opposition Républicaine et démocratique était face à la presse pour exprimer son indignation face aux propos du président de la République à leur égard. A l’issue de cette conférence de presse, nous avons recueillis l’avis de Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Association Adema, ancienne ministre et ancienne gouverneure de Bamako. Et sans langue de bois, elle a expliqué qu’un homme d’Etat serein et qui n’a rien à se reprocher ne doit pas tomber dans ces genres de dérapage. Lisez !
Le Républicain : Que pensez-vous de la menace du pouvoir contre l’opposant Tiébilé Dramé ?
Mme Sy Kadiatou Sow : On ne personnalise pas le débat. Nous pensons qu’au delà de la personne de Tiébilé Dramé, c’est une question de principe. Nous n’accepterons pas que les acquis du 26 mars 1991 soient remis en cause et parmi ces acquis, il y a la liberté d’expression, liberté d’opinion et nous espérons que le gouvernement va mettre fin à ces dérives parce que les gens ont autre chose à faire.
Les problèmes du pays sont nombreux, les préoccupations sont énormes. Les Maliens attendent que les autorités s’expriment sur des questions d’intérêt national et pas sur des questions comme ça. Nous ne voulons pas que ça soit des questions de personne. Un homme d’Etat qui dit qui est serein qui n’a rien à se reprocher ne doit pas tomber dans ces genres de dérapage
Est-ce que ce n’est pas un moyen de vous divertir pour faire oublier les vrais problèmes ?
Je pense que c’est aux Maliens d’apprécier, mais moi, je pense qu’il ne faut pas que les gens se laissent divertir. L’opposition est bien dans son rôle et la majorité présidentielle doit comprendre que son accompagnement ne peut pas se traduire en applaudissement.
La meilleure façon pour elle de soutenir le président IBK, n’est pas de sortir pour applaudir, ce n’est pas de dire que tout ce qu’il fait est bien, au contraire, c’est de se mettre à l’écoute de la population et de relayer les préoccupations des populations auprès du chef de l’Etat et d’être une force de proposition. C’est là où la majorité peut jouer un rôle et accompagner le président de la République.
Mais sinon, c’est très facile d’applaudir celui qui est pouvoir aujourd’hui et demain s’il y a un autre, les mêmes vont se retrouver à applaudir également, c’est très facile à faire. Le plus difficile, c’est un accompagnement qui est responsable. L’accompagnement responsable, c’est critiquer quand ça ne va pas et soutenir quand ça va et se mettre à faire un travail politique sur le terrain pour dire voila les actions qui vont dans le sens de l’intérêt du Mali, de soutenir cela et aussi faire le maximum de pression sur le gouvernement sur le président de la République pour qu’on ne s’écarte pas de l’intérêt du Mali et des Maliens.
C’est votre message à la majorité présidentielle ?
Absolument. Je crois qu’elle joue son rôle sinon elle n’aurait pas de sens. Ça va être une majorité factice et ça sera dommage que le président se laisse tromper par ça parce que c’est très facile de constituer une majorité une fois qu’on est au pouvoir. Avant lui, ca été avec d’autres, on a vu des majorités factices se constituer, mais en réalité quand il faut faire le travail politique, on ne les voit pas.
Et ça c’est parce qu’il a tapé du poing sur la table que beaucoup de partis de la majorité se mettent à faire beaucoup de bruits quand il est concerné, quand il considère qu’il est attaqué, les gens pensent qu’il faut réagir.
Ce n’est pas la bonne réaction. La bonne réaction est de veiller à ce que le président de la République traduise en acte toutes ses promesses électorales, tous les engagements qu’il a pris face au peuple malien, c’est ça la bonne réaction de la majorité présidentielle, c’est d’aider le président de la République à mettre ça en œuvre et lorsqu’elle voit qu’il y a des écarts, des dérapages, eux-mêmes doivent se battre pour limiter les dégâts au lieu d’en rajouter, c’est mon message.
Réalisé par Aguibou Sogodogo
Youssouf Z KEITA
Madiassa K Diakité
Boukary Daou