Face aux attaques du président de la République contre l’opposition, notamment le président du Parena, Tiébilé Dramé, la dizaine de partis politiques qui composent le collectif de l’opposition républicaine étaient face à la presse ce samedi 31 octobre 2015 au Cicb pour contrer les agissements du Président IBK.
Depuis un certain temps, le climat politique malien se détériore. La visite d’Etat du Président de la République en France a aggravé cette situation. Cette visite officielle du Président IBK coïncidant avec une visite privée de Tiébilé Dramé, membre influent de l’opposition, et la distribution d’un document contre la gestion du pouvoir et l’accord pour la paix, la majorité a crié à la tentative de sabotage. A Paris, souligne le conférencier, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, IBK a traité ses opposants d’apatrides, de prétentieux et d’impolis. Comme si cela ne suffisait pas, ajoute-t-il, il s’est lâché dans une attaque personnelle contre Tiébilé Dramé en le qualifiant de « Petit monsieur ». C’est à partir de là, indique l’opposition, que le Chef de l’Etat a franchi le Rubicon, d’où la nécessité d’une mobilisation de tous les démocrates. C’est pourquoi, leur slogan à cette rencontre était : « Nous sommes tous ce petit monsieur ». Dans son intervention, le président des Fare, Modibo Sidibé, dira qu’ils refusent l’unanimisme et doivent défendre la liberté de parole. « Ce n’est pas la première fois qu’il y a eu des menaces de la part de la majorité. Mais ni les injures, ni les diffamations, ni les menaces ne feront taire l’opposition », a-t-il déclaré. Il y a un soleil aujourd’hui qui se lève sur le continent. Il s’agit de l’appétence de la démocratie et de bonne gouvernance qui disent non à certaines formes de gouvernance. Par conséquent, on ne peut pas cacher ce soleil avec la main, ajoutera-t-il. Pour Soumaïla Cissé, ils ont opté pour une opposition civilisée qui favorise le dialogue. « Mais nous avons eu droit aux insultes et intimidations. Je voulais rappeler aux journalistes que nous avons connu la période de Coppo. Et le plus grand animateur du coppo c’est celui qui veut nous donner aujourd’hui des leçons de démocratie et de cohésion », a-t-il souligné. « Nous essayons de débattre avec des idées et arguments qui nous paraissent profitables à la population. Mais ce que je ne comprends pas, c’est que nous, qui jouons le jeu des élections, qui jouons le jeu de respecter les lois, de nous exprimer dans les médias à visages découverts, qui sommes apatrides. Et ceux qui tuent, qui volent, qui brûlent, qui continuent encore aujourd’hui à voler, à bruler et à tricher sont ceux qui sont honorés dans notre pays. Il faut que le Président et le gouvernement sachent raison garder. Alors c’est la violence qui est le mode de gouvernance préféré. Plus on est violent, plus on est écouté, puis on est invité à la table, plus on est considéré et bien sûr plus on a droit à l’avion présidentiel », a déclaré Soumaïla Cissé. Parlant du supposé tract, Cissé dira qu’il n’y a pas eu de tract. Car les auteurs du document diffusé se sont assumés en le signant. Tiébilé Dramé n’a pas fait de tract. Pour les opposants, avec ce genre de comportement d’IBK, on assiste à un déni de liberté et à une dictature naissante. Or, il n’est pas question qu’on revienne en arrière sur la conquête des libertés, insiste le chef de file de l’opposition. «Nous restons respectueux des autorités. Mais nous pensons que c’est de notre devoir de dénoncer quand nous sentons qu’il y a de la dérive sur les libertés. Aujourd’hui c’est Tiébilé, après, c’est vous la presse. On a atteint un point de non retour en matière de libertés, de liberté démocratique et on ne retournera pas en arrière», ajoute Cissé. Faut-il le rappeler, dans sa déclaration liminaire, l’opposition réaffirme sa détermination à combattre les prédateurs et à défendre les libertés, toutes les libertés des Maliens au nombre desquelles la liberté d’expression et d’opinion acquise de haute lutte dans notre pays au prix de centaines de morts. Elle lance un appel à l’ensemble des forces patriotiques et démocratiques du Mali à se mobiliser pour la défense de la Constitution. L’opposition remercie et félicite particulièrement la presse malienne qui, dans sa quasi totalité, a déploré l’attitude injustifiable du président de la république. Par la même occasion, l’opposition s’indigne de la censure de son communiqué du 29 octobre par l’Ortm alors qu’au même moment, le communiqué insipide et rabaissant du Gouvernement faisait le tour dans toutes nos langues. Nous avons toujours dénoncé cette attitude de l’ORTM qui viole le principe d’égal accès aux médias d’Etat contenu dans le statut de l’opposition, déplore l’opposition.
Oumar KONATE