L’adhésion des Forces armés maliennes (FAMa) à l’idée de patrouilles mixtes n’est pas encore gagnée. Désormais, c’est la nouvelle bataille que les autorités politiques et militaires vont devoir mener, car au sein de l’armée cette question fâche.
Après les tergiversations dans la mise en place du Comité de suivi de l’accord, un nouveau défi à l’accord pour la paix et la réconciliation voit le jour sur le terrain. Le cantonnement des combattants et les patrouilles mixtes sont les deux étapes cruciales qui s’imposent aux acteurs du processus. Si le processus de cantonnement évolue avec l’identification des sites, la mise en pratique des patrouilles demeure de nos jours un véritable nœud gordien.
Ici, difficile de prédire la cohabitation entre les FAMa et les désormais ex-combattants. Il nous est revenu que depuis que le processus a été entamé, ni les autorités politiques ni les autorités militaires n’ont pu se présenter devant la troupe pour partager la nouvelle donne.
Pourtant, cette étape reste déterminante pour la suite même de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation. Pour préparer les FAMa à accepter de faire partie des patrouilles mixtes avec des ennemis d’hier, à l’époque un ancien Premier ministre voulait confier la tâche à l’état-major général des armées.
Au regard de la portée d’une telle décision, les chefs hiérarchiques de l’armée ont osé un niet catégorique, car, selon eux, cette question est loin de faire l’unanimité. Ils ne voient pas dans quelle mesure elle sera acceptée par une troupe jusqu’ici en colère.
Une chose est certaine : la communauté internationale avait insisté sur ce point ; à savoir : des patrouilles mixtes regroupant les FAMa, la Plateforme, la CMA et la Minusma. L’idée est de parvenir à faciliter le retour des ex-combattants au sein de l’armée régulière. En plus du fait que cette option n’a pas la caution de la troupe, c’est une bonne partie de l’opinion nationale qui la rejette.
Dans cette affaire, tous les ingrédients sont réunis pour faire échec à cette disposition de l’accord. Pratiquement cela rappelle bien la difficile cohabitation entre les éléments de l’armée sous le commandement du général Gamou et le reste des FAMa.
Dans ce climat de méfiance, l’organisation des patrouilles mixtes reste incertaine sur le terrain, car même avec la signature de l’accord, les blessures de la guerre sont encore profondes.
Alpha Mahamane Cissé