Responsables associatifs, d’ONG, leaders d’opinions, tous semblent baisser les bras aujourd’hui. Ils laissent faire les actuels dirigeants du pays. Des scandales de surfacturations des marchés publics ont été mis à nu, les abus et injustices subis par des citoyens ont été dénoncés, en peu de temps, ils osent parler. Et pourtant, tout le monde convient sur leur courage et leur promptitude à porter haut leurs préoccupations. Voilà bien de temps que l’opérateur économique, Bazoumana Fofana, a été victime d’une expropriation foncière. Ses va-et-vient dans les tribunaux n’ont pas eu raison de la ténacité de ses adversaires.
Les autorités du pays, Institutions de la République, chefs de départements ministériels et de partis, personne n’a voulu s’occuper de l’affaire.
Le Chef de l’Etat s’est déplacé en France, puis en Inde, en compagnie d’hommes d’affaires. A chaque étape, il a rencontré des patrons, de gros investisseurs. Nul doute qu’il leur demanda de venir investir dans son pays, le Mali. Mais que l’on ne s’y trompe, une telle demande resterait infructueuse. Les étrangers hésiteront par mille fois avant de fouler le sol malien.
Ils savent déjà que le Chef de l’Etat malien dispose dans son pays d’hommes et de femmes capables de répondre à ses attentes. Parmi eux, il y a bien sûr Bazoumana Fofana qui avait mis son capital à l’Office du Niger. Voilà qu’il a été dépossédé de son titre foncier, le Chef de l’Etat n’a rien fait. Toutes les demandes d’audience, les rendez-vous, sont demeurés vains. Autant dire alors que le Chef de l’Etat malien commence par s’intéresser au sort réservé à Bazoumana Fofana. Un moment donné, les Industriels maliens réunis au sein de l’Organisation Patronale avaient élaboré des mesures de sortie de crise. Histoire de relancer l’économie nationale. Jusque-là, les réponses des autorités se font désirer.
Le Président du Conseil économique, social et culturel, Dr. Boulkassoum Haïdara, que l’on pensait sensible à tout ce qui touche aux personnes âgées, surtout issues du monde des affaires, est resté muet sur le sujet. Son institution est pourtant au courant de toute l’affaire puisque des correspondances en bonne et due forme ont été envoyées à qui de droit.
Idem pour le Médiateur de la République, Baba Hakib Haïdara, lui aussi est bien au parfum. De par sa position, il aurait pu amener les autorités judiciaires à faire dire le droit. Cela est dans ses pouvoirs. Il peut et doit suggérer aux parties le bon chemin. Son implication conduirait à aplanir le différend. Ses recommandations aident surtout à éviter des pertes de temps et de moyens.
Plus curieux, c’est le mépris réservé à l’affaire par le Ministère de la Justice. Du temps de Me Mohamed Aly Bathily et de Mahamadou Diarra, l’affaire n’a guère évolué. La nouvelle ministre, Mme Sanogo Aminata Mallé, n’a probablement pas encore pris le pouls des dossiers en attente. On la sait capable de faire bouger les lignes en sa qualité de Magistrate intègre, compétente, incorruptible. Il est vrai que les adversaires de Bazoumana Fofana sont affiliés ou proches du pouvoir actuel (Babou Yara, Me Mountaga Tall, …) mais il est vrai aussi que la justice malienne sait se défaire des considérations politico-partisanes.
Dans tout cela, c’est l’attitude de la société civile qui étonne. Bazoumana Fofana a saisi solennellement les associations et ONG du pays, les leaders d’opinions, religieux, entre autres, personne ne s’en est préoccupé.
Des associations féminines s’agitent lorsqu’il s’agit d’excision. Tout le monde avait entendu le tollé soulevé par les associations et leaders religieux (musulmans) à propos du code de la famille (sous ATT).
Leurs voix ont toujours été écoutées et entendues. Aujourd’hui, les scandales de surfacturations des marchés publics sont dénoncés et mis à nu, des leaders religieux comme Mahamoud Dicko ou Ousmane Madany Chérif Haïdara ont parfois averti les autorités du pays. Dans les cas d’abus, d’injustice, ils manquent rarement l’occasion de tirer la sonnette d’alarme. Le Chef de l’Etat lui-même leur avait demandé de lui dire la vérité sur la situation nationale, sur ce qui n’allait pas dans le pays. Dans des occasions, ils ont joué leur partition. Qu’en est-il du cas Bazoumana Fofana ?
Le cas Bazoumana Fofana semble leur échapper. Si certains éléments de la Société civile ont fait fi de l’affaire, nul doute que les deux grands croyants, Mahamoud Dicko et Ousmane Madany Chérif Haïdara, assumeront leurs responsabilités. Dès qu’ils auront l’occasion, le bon sens voudrait qu’ils rappellent les autorités à l’ordre.
B.Koné