Au Mali, le budget alloué à la prise en charge de la césarienne est passé de 815 millions en 2006 à 1,55 milliards en 2014. Mais, selon une étude réalisée par le Groupe de Suivi Budgétaire, plus des deux tiers (8,339 milliards de FCFA soit 68%) de ce budget sont affectés aux Ministères ; la part du District est de 8 % (1,011 milliards) tandis que l’ensemble des régions en ont bénéficié à 24 % (2,948 milliards). La présentation de cette étude a eu lieu le 30 octobre 2015 au Centre Aoua Kéita.
Dans la gratuité de la césarienne au Mali, tout n’est pas encore rose. S’il existe un budget en la matière, son utilisation reste encore un important souci pour les professionnels de la santé. Dans cette étude réalisée par Sékouba Diarra, Consultant et publiée le 24 Août 2015, il s’avère que l’intention de la gratuité de la césarienne est bonne mais il n’existe pas de réelle volonté politique pour sa mise en œuvre efficace. Ainsi, le consultant pointe du doigt : l’absence de blocs opératoires au niveau des CSCOM, les conflits internes, la négligence de certaines catégories de personnel de la santé, la situation d’impunité totale, le non respect de la déontologie, la corruption et bien autres choses.
A en croire les résultats de l’étude, le niveau de mortalité est 2,5 fois supérieur à la cible de 2015 fixée à 146 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Selon Sékouba Diarra, cette situation est essentiellement déterminée par le faible accès aux soins de santé procréative. Il s’agit, pour lui, de l’assistance à l’accouchement, soins prénataux, césariennes, espacement des naissances, l’âge de la mère, ainsi que les bas niveaux d’éducation et de revenus des femmes.
Pour le consultant, la gratuité de la césarienne ne doit pas être dissociée de celle de la fistule obstétricale, car les fistuleuses ne sont autres que les femmes échappées de la mort.
Pour Sékouba Diarra, de 2005 à 2013, 130 453 interventions ont été réalisées dans le cadre de la gratuité de la césarienne. « On constate une tendance à la hausse du taux de césarienne entre 2005 et 2012 (de 0,9 % en 2006 à 2,4% en 2012), puis une légère baisse entre 2012 et 2013 (2,3% en 2013). Cette baisse pourrait s’expliquer en partie par la situation politico-sécuritaire du Nord », a-t-il souligné.
Baisse de décès des mères après césarienne !
Selon l’étude, une baisse progressive de la proportion de décès des mères après césarienne (2,1% en 2006 à 1,0% en 2013) a été remarquée. Ainsi, le nombre total de décès des mères notifié après les interventions est de 1 707, soit une proportion moyenne de 1,3%. Pour le consultant, les principales causes de ces décès de 2006 à 2013 sont : l’éclampsie et les complications de l’hypertension artérielle (23%), l’hémorragie (20%), les ruptures utérines (14%) et les infections (13%). Pour une meilleure pratique de la césarienne, l’expert recommande l’utilisation efficace et efficiente des 12 298 323 de franc CFA alloués à la pratique. Il s’agit également de faire en sorte que les régions bénéficient de la portion congrue des ressources (24% des ressources), soit 2 948 149 de franc CFA.
Entre autres recommandations formulées à l’issue de cette étude, il y a : une meilleure gestion des kits de médicaments ; l’augmentation de la part des régions dans les ressources ; la gestion efficace et efficiente des ressources consacrées à la gratuité de la césarienne et l’intégration de la césarienne dans les mécanismes de protection sociale : mutuelles de santé, Assurance Maladie Obligatoire (AMO).
Ousmane Ballo