Le mandat des organes dirigeants des collectivités territoriales a expiré depuis le 26 octobre dernier. Ils sont donc dans l’illégalité aux yeux de la loi. Le gouvernement hésite entre l’option des délégations spéciales, la prorogation des mandats et l’administration provisoire prévue par l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. L’équipe Modibo Kéïta fait face à un vrai dilemme.
Entre les délégations spéciales et la prorogation des mandats des conseillers communaux, les partis politiques se sont manifestés en faveur de la seconde option. La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et ‘’la Plateforme’’ veulent amener le gouvernement à opter pour une administration locale transitoire dans les régions du nord.
L’annexe I de l’accord pour la paix et la réconciliation traite de la période intérimaire. « Afin d’assurer la continuité de l’Etat, les institutions actuelles poursuivront leur mission jusqu’à la mise en place des organes prévus dans le présent Accord. La mise en place, le cas échéant et au plus tard trois mois après la signature de l’Accord, des autorités chargées de l’administration des communes, cercles et régions du Nord durant la période intérimaire, leur désignation, compétences et modalités de leur fonctionnement seront fixées de manière consensuelle par les parties ». Ces extraits de l’annexe I de l’accord sont-ils la raison de l’hésitation du gouvernement ? Tout semble l’indiquer !
Déjà, le communiqué de la rencontre d’Anefis du 14 octobre 2015 annonce les couleurs. « La CMA et la Plateforme ont exprimé leur désir profond d’une mise en œuvre scrupuleuse de l’Accord de paix issu du processus d’Alger, en commençant notamment par les mesures d’urgence que sont l’installation d’une administration locale transitoire consensuelle », peut-on lire dans le texte qui a sanctionné les premières discussions d’Anefis.
Derrière cette initiative, se cache la volonté des groupes armés d’aller rapidement vers la nouvelle réorganisation territoriale avec en toile de fond l’avènement des régions de Taoudénit et de Ménaka avant les élections communales et régionales qui viennent d’être reportées.
Face aux partenaires techniques et financiers dont certains ont commencé à être sensibles aux chants de sirène des groupes armés, le gouvernement doit être en mesure de faire le bon choix.
Il gagnerait mieux à ne prendre aucun engagement dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord sans l’aval de la classe politique et de la société civile surtout que la classe politique dans sa globalité s’est montrée très favorable à la prorogation des mandats des conseillers communaux. Par conséquent, il est de la responsabilité du gouvernement d’associer la classe politique et la société civile à la mise en œuvre de l’accord surtout dans les aspects qui les touchent principalement.
Chiaka Doumbia