Le Mali, selon les services de la Présidence de la République, était du 21 au 24 octobre dernier à l’honneur à Paris. Pour de l’honneur, c’en était vraiment un, sinon un peu plus d’ailleurs, au regard des images que les Maliens ont pu percevoir sur leurs écrans de télé à mille lieux des bords du fleuve Djoliba. Tapis rouge, honneurs militaires, défilé et cortège impressionnant, le tout encadré d’un cordon de motards que ni Hollande, ni aucun de ses prédécesseurs n’ont jamais eu droit… Comme si, quelque part, il y avait une volonté délibérée de flatter l’égo surdimensionné de notre Président bien aimé. C’est du moins, à notre point de vue, ce qu’il faut retenir de cette visite du Président IBK en France. Des arguments pour soutenir cette thèse, il n’en manque vraiment pas, et il n’y a même pas lieu de revenir sur les rapports tumultueux quasi-permanents qui ont toujours émaillé les liens entre Elysée et Koulouba sous l’ère IBK. Affaire Tomi Michel, l’incident avec le FMI et la Banque Mondiale suite aux scandales de l’avion, des contrats militaires, la question de Kidal et toute la grande pression exercée à cet effet, le blocus français sur l’achat d’armements et d’avions de combat pour l’armée malienne… Les faits récents à eux seuls suffisent pour s’interroger sur les dessous que peut bien cacher la visite d’Etat d’IBK en France. Anéfis qui faisait l’objet de combats acharnés entre la CMA et la plate-forme des mouvements d’auto-défense et qui, du jour au lendemain, devient un haut lieu de paix chargé de symbole entre les mêmes groupes, l’annonce brusque de l’invitation d’IBK par Hollande pour une visite d’Etat en marge du sommet de l’OCDE sur la relance économique et le développement du Mali, il y a vraiment lieu de tirer le chapeau pour l’Ambassadeur de France au Mali, M. Gilles Huberson.
En effet, cet officier gendarme reconverti en diplomate a su répondre aux attentes du Quai et d’Orsey en transforment des liens belliqueux entre Paris et Bamako en une idylle presque inédite. Officier de renseignement désormais rodé dans les dédales de la diplomatie, Gille Huberson aura réussi à bien étudier notre Président qu’il a fini par découvrir son talon d’Achille : son goût trop affiché pour le luxe, la flatterie et les honneurs, fussent-ils sans gloire et sans mérite. Il suffisait juste de lui faire surfer sur tout cela, et le tour était joué. Ainsi fut décidé, ainsi fut fait ! Reste maintenant à gérer les conséquences de cette visite d’Etat du Président IBK au France. Des conséquences, il y en a bien à gérer, car le « Djatigui » que fut François Hollande ne s’est pas contenté de recevoir son hôte avec tant de marque, tant de solennité, et tant d’honneur, il lui a aussi foutu dans un sacré merdier pour n’avoir pas sur se taire à temps. En effet, réaffirmer la bonne foi de la France à aider le Mali, à travers une facture alléchante de 360 millions d’euros, est une chose, aller jusqu’à dire que 80 de ces 360 millions d’euros sont pour les régions du Nord, en est une autre ! Et sans tomber dans une vanité, genre politique correcte, nous pensons que François Hollande a invité IBK à Paris juste pour faire cette déclaration. Une juste rétribution pour ses « amis » de la CMA, forcés eux aussi à pactiser avec leur « frères » de la plate-forme.
Condescendance coloniale, quand tu nous tiens ! Et depuis, bonne gouvernance et gestion transparente des fonds sont devenus légion dans les discours des responsables de la CMA.
Peut-on dès lors parler d’un cadeau empoisonné de la France de François Hollande au Mali d’El-Hadj Ibrahim Boubacar Kéïta ?
Salif Diallo