Zone de repli, mais également d’action armée des mouvements terroristes islamistes, le Mali tente de reprendre la situation en main, après d’âpres et soutenus efforts diplomatiques et le soutien de la communauté internationale.
Bamako accueillera les 19 et 20 novembre prochains la sixième session du Comité de suivi de l’Accord d’Alger (CSA), avons-nous appris de sources proches de la présidence du CSA. Après s’être mis d’accord sur la mise en place de “patrouilles mixtes” dans le nord du Mali, les signataires de l’Accord d’Alger, les mouvements de la Plateforme (pro-Bamako) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), n’ont plus qu’à finaliser le dossier de l’opération de cantonnement de leurs hommes armés avec le gouvernement malien, avant de passer à la réalisation des huit sites inscrits pour ce faire.
Le financement et la réalisation de ces sites sera pris en charge par la Mission de maintien de la paix onusienne (Minusma). Il faudra, toutefois, un peu de temps pour l’achèvement de cette étape-clé dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, a ajouté la même source.
Au-delà du besoin de s’assurer que les mouvements armés du nord du Mali ne s’affronteront plus, avec l’aboutissement de cette opération de cantonnement, les parties impliquées dans le dossier de la crise malienne, sous la présidence de l’Algérie, espèrent atteindre un autre objectif : lutter efficacement contre le terrorisme islamiste dans ce pays voisin. Connu depuis des siècles pour l’esprit de tolérance religieuse dans cette zone de l’Afrique sahélo-saharienne, le Mali est devenu en quelques années le sanctuaire des groupes terroristes, à leur tête Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Eddine.
Ce dernier est le plus actif ces derniers mois. Il est dirigé par Iyad Ag Ghali, un Targui des Ifoghas qui a versé dans le terrorisme en 2013, après avoir quitté l’ex-rébellion menée avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, membre de la CMA), fin 2012. Profitant de l’absence de l’État malien et de la faiblesse de ses forces armées, les mouvements islamistes ont transformé le nord du Mali en une zone de non-droit.
Le lancement de l’opération militaire française Serval, en 2013, avait réussi à les affaiblir, mais cette victoire contre le terrorisme islamiste n’a duré qu’un temps. Aqmi, le Mujao et Ansar Eddine n’ont pas tardé à refaire surface, en commettant plusieurs attentats contre la Minusma et l’armée malienne, sans compter les dizaines d’exécutions commises contre des chefs de tribu et des hommes religieux qui avaient refusé de se soumettre à leur diktat dans les zones isolées du nord du Mali. Les blocages qu’a connus le processus de dialogue inclusif intermalien d’Alger ont énormément contribué au retour de ces groupes terroristes qui interagissent avec d’autres mouvements terroristes islamistes dans l’ensemble de la région, aussi bien avec Boko Haram au Nigeria, au Niger, au Tchad et au Cameroun, qu’avec des groupuscules opérant au Burkina Faso ou qui se sont repliés en Mauritanie et dans le Sud libyen. Avec la mise en place prochaine des patrouilles mixtes, qui seront composées par des membres de la CMA, de la Plateforme et des Forces armées maliennes (Famas), Ansar Eddine, Aqmi ou le Mujao n’auront plus, en effet, cette liberté de mouvement qu’ils avaient jusque-là, en raison de la faiblesse des Famas et des violences régulières opposant la CMA à la Plateforme. Mais la lutte armée ne suffit pas pour venir à bout de ces groupes armés, interconnectés aux trafiquants de drogue et du commerce d’armes. La lutte politique contre l’idéologie terroriste islamiste est plus que jamais une urgence absolue dans le Sahel.
L.M.