Interpellées, en août dernier, pour avoir présenté – documents à l’appui – du gaz butane en lieu et place de l’essence sans plomb, les six citernes de la société Coumba-gaz ont quitté la douane, le 24 octobre dernier, contre paiement d’une amende de 360 millions CFA. Mais cette affaire, qui a défrayé la chronique des semaines durant, est loin d’être terminée. Surtout, avec l’entrée en scène du Pôle Economique et Financier, qui n’attend plus que le procès-verbal des Enquêtes douanières pour procéder à l’interpellation des auteurs de cette magouille, portant sur plusieurs centaines de millions de nos francs.
Après s’être rassuré, suite à une enquête minutieuse, que le Bureau des Produits Pétroliers de la douane n’a commis aucune irrégularité dans ce dossier, le Pôle Economique et Financier s’apprêterait à entendre les acteurs de cette affaire. Il s’agit, entre autres, de Mahamadou Doucouré et de Mamadou Sylla, respectivement, patrons de la société Coumba-gaz, spécialisée dans la commercialisation du gaz butane et de M.S- Oil. Chacun d’eux doit s’expliquer sur sa responsabilité dans cette affaire.
Interpellées par la douane burkinabé, qui les a, aussitôt, confiées au bureau des enquêtes douanières, six citernes de la société Coumba-gaz avaient été conduites sous bonne escorte à la douane. Pour avoir tenté de faire passer de l’essence sans plomb pour du gaz butane. Parce que les droits sur ce produit sont infimes. Après de longues et houleuses négociations, les citernes ont été libérées le 24 octobre dernier, contre paiement d’une amende de 360 millions CFA. Mais cette affaire est loin de connaître son épilogue. Dans les jours, voire les semaines à venir, les patrons de M.S-oil et de Coumba-Gaz pourraient se retrouver devant le juge du Pôle Economique et financier pour « fraude et complicité de fraude ».
Selon nos informations, Bâh Seydou Sylla, richissime opérateur économique et non moins Président-directeur général de « Wassa transit » avait tenté d’user de son influence, auprès des enquêtes douanières, pour sauver la peau de son fiston : Mamadou Sylla. Mais rien n’y fait.
Au nombre de cinq, les agents de douane qui auraient reçu 20 millions CFA des mains de Mamadou Sylla avaient été sommés de rendre cette somme. Avant d’être sanctionnés et affectés à des tâches subalternes à l’intérieur du pays.
Les présumés coupables se rejettent la responsabilité
Considérés comme les deux cerveaux de cette affaire, Mahamadou Doucouré et Mamadou Sylla se rejettent la responsabilité dans ce dossier.
« Doucouré et moi, nous nous sommes rencontrés au Ghana où, il m’a demandé si je pouvais lui vendre du carburant. C’est ainsi que je lui ai fait le plein de ses six citernes et il m’a payé cash. C’est tout », nous a confié le patron de M.S-Oil. C’était en août dernier dans son bureau à Niaréla.
De son côté, Mahamadou Doucouré, patron de Coumba-gaz et non moins propriétaire des citernes arraisonnées par la douane, se veut « blanc comme nègre » dans cette affaire.
« L’essence ne m’appartient pas. Mamadou Sylla a loué mes citernes et pendant tout ce temps où mes camions étaient à la douane, il me payait les frais de location de mes citernes », nous a-t-il dit.
Mais selon une source proche du dossier, la responsabilité de ces deux jeunes opérateurs économiques est manifeste dans ce dossier. « Mamadou Sylla savait très bien ce qu’il faisait, car ce n’est pas sa première fois. Et Mahamadou Doucouré, lui aussi, savait à quelle fin le patron de M.S-Oil louait ses citernes », explique notre source qui a requis l’anonymat. Avant de conclure : « ils pourraient, tous deux, être inculpés de fraude et de complicité de fraude dans cette affaire par le juge du Pôle Economique et Financier ».
Les enquêteurs de cette structure de lutte contre la corruption et la délinquance financière n’attendent que le procès-verbal pour procéder à l’interrogatoire des présumés coupables. Procès-verbal qui leur sera transmis, les jours à venir, par le bureau des Enquêtes douanières.
Oumar Babi