A Tourakolomba, arrondissement de Kassorola, cercle de San, le Sous-Préfet, Mahamadou Keita, fait la pluie et le beau-temps. C’est le moins que l’on puisse dire quand on sait que dans le cadre de la mise en place du bureau communal de la Chambre d’agriculture, l’administrateur met en place son bureau contre la volonté des chefs de villages et dit à qui veut l’entendre que celui qui n’est pas content peut « faire des écrits sur lui», qu’il n’a « rien à craindre ».
C’est dommage de constater qu’au 21e siècle, certains commis de l’Etat se croient encore au début du 20e siècle, en période de colonisation. Ces administrateurs à qui l’on confère un pouvoir pour représenter l’Etat, font, parfois, de ce pouvoir un instrument de domination et d’assujettissement pour satisfaire leur propre égo. C’est le cas de ce Sous-préfet qui, arborant fièrement son “casque de colon” a confondu, visiblement, ses administrés, des gens libres et égaux en droit et en devoir autant que lui, à des peuples colonisés.
L’affaire commence le 08 octobre dernier, lorsque les 15 chefs de village de la sous-préfecture de Kassorola désignent, chacun, 04 délégués pour la constitution du bureau communal de la Chambre d’Agriculture. Soit au total 60 délégués mandatés pour élire les 04 représentants locaux de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM). L’élection est prévue donc pour le 15 octobre et le maire préside la cérémonie comme cela se fait partout ailleurs. Aucun problème ne devait surgit puisque la procédure était connue de tous. Erreur…!
Le jour de l’élection, “le commandant” de Kassorola, Mahamadou KEITA, fait irruption dans la salle, avant l’arrivée de Mamadou Tounkara, le maire de la Commune, il met en place son propre bureau. Deux des quatre personnes qu’il fait élire, ne sortent de nulle part, ne figurant pas sur la liste des 60 délégués préétablis. Informé aussitôt des agissements du Sous-préfet, le maire se rend à la cérémonie, il est accompagné d’un huissier de justice de San pour constater les faits. L’accès à la salle est refusé à ce dernier par les hommes en uniforme qui accompagnaient le Sous-préfet.
Au nom des 15 Chefs de villages de la commune rurale de Tourakolomba et à son nom propre, le maire a adressé au ministre de l’Administration Territoriale une correspondance pour solliciter l’implication de celui-ci. « Monsieur le ministre, le 15 octobre 2015, le sous-préfet de Kassorola à la grande surprise de ma commune, a mis en place son propre bureau de la Chambre d’Agriculture. Il n’a même pas attendu mon arrivée pour ouvrir la séance », écrit-il. Et de conclure : « Monsieur le ministre, nous, Maire et Chefs de village de la Commune de Tourakolomba, demandons votre implication personnelle, afin qu’il nous soit permis d’élire notre bureau dans la transparence ».
Me Mamadou Sissoko, huissier de Justice de San, déclare, dans son procès-verbal, avoir constaté « un abus de pouvoir du Sous-préfet, portant d’énormes préjudices aux intérêts de la Commune de Tourakolomba ». «Je fus empêché par les agents d’entrer dans la salle sur instruction du sous-préfet», écrit l’huissier de justice. « Le sous-préfet a mis en place un bureau à sa convenance sans l’accord, ni de la majorité (08 chefs du village contre 07), ni du maire », constate, Me Mamadou Sissoko.
On serait tenté de dire que les agissements du Sous-préfet de Kassorola sont le fait de la méconnaissance des règles de procédure dans l’élection du bureau de la Chambre d’Agriculture. Mais, il ne s’agit pas d’une malencontreuse erreur. Non ! Le Sous-préfet qui sait ce qu’il fait, se considère comme protégé en haut lieu. Sinon, comment expliquer ces propos du Sous-préfet rapportés par les chefs de village à l’huissier de justice : «toute personne mécontente de mon agissement peut écrire sur moi. Je n’ai rien à craindre».
Mamadou TOGOLA