Lutte antiterroriste: les FAMA nettoient les zones frontalières

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Publié le samedi 7 novembre 2015 | Info Matin

© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou

L’offensive de l’armée malienne pour traquer les djihadistes, là où ils ont eu récemment des refuges faciles, sur le territoire national, à partir desquels ils multiplient leurs attaques meurtrières et barbares contre le reste du pays, se poursuit sans faiblesse. Les FAMA mènent des opérations d’envergure sur plusieurs périmètres autour des zones frontalières en vue de neutraliser non seulement l’infiltration des djihadistes, mais aussi de les empêcher d’atteindre leurs cibles à l’intérieur du pays.

L’entrée en scène des forces armées et de sécurité contre les djihadistes terroristes, retranchés dans leur cachette, tout au long des zones frontalières, a été foudroyante : plusieurs sources militaires rapportent que les FAMA ont frappé un coup dur contre les terroristes qui ont récemment perpétré des exactions dans la région de Mopti, aussi bien sur les positions de l’armée malienne, les forces de la Minusma, et les populations, dont le point d’ogre a été la prise d’otage sanglante de l’hôtel Byblos de Sévaré. Si les forces spéciales maliennes se sont illustrées d’une manière particulièrement professionnelle dans cette opération, la prise d’otages meurtrière de la ville de Sévaré a montré toute la connexion mafieuse et criminelle entre les différents groupes djihadistes.
C’est d’ailleurs sur ce registre que les récentes opérations militaires ont pu être lancées avec cette particularité que les renseignements, même s’ils émanaient des populations, devenaient désormais un élément stratégique de cette traque contre les terroristes. Voilà pourquoi dès les premières opérations, l’armée s’est montrée intraitable au sujet des terroristes qui ont été capturés et acheminés directement vers Bamako, où, depuis qu’ils s’y trouvent, sont entre les mains d’enquêteurs chevronnés qui ne laissent rien au détail dans les informations à recueillir sur l’identité des fugitifs appréhendés, les différentes connexions djihadistes entre eux, leur appartenance idéologique et leur mode opératoire.
De bonnes sources, on a appris que l’armée est parvenue à disposer de grosses moisons étant donné que les captures des différents éléments djihadistes provenant de divers groupes ont permis de déjouer plusieurs plans d’attaques de ces groupes et de mettre la pression sur certains chefs djihadistes, dont l’un des plus recherchés activement, le prédicateur radical du Macina, Amadou Koufa, dont les éléments ont semé la terreur dans plusieurs localités du pays. C’est pour stopper cette recrudescence des attaques terroristes menées par les hommes de ce prédicateur radical, dans la perspective de protéger les populations, que les FAMA ont entrepris une telle opération miliaire pour mettre hors d’état de nuire les radicaux terroristes. Dans cette traque, toutes les pistes sont privilégiées, y compris l’interpellation des personnes suspectes.
Voilà pourquoi la collaboration des populations avec les éléments de l’armée est requise, au-delà de l’opérationnalité militaire, pour la réussite d’une telle offensive anti-djihadiste de terrain. En effet, le mode opératoire des groupes terroristes est de procéder par infiltration au sein des populations civiles pour s’installer dans les villages. Là, ils apprennent à connaître le quotidien des habitants, à se familiariser avec les autochtones avant de commettre des actes terroristes. De Bankass, Koro, à Douentza, en passant par Badiangara, Tominian, l’opération Seno des FAMa est parvenue à isoler et neutraliser plusieurs terroristes, à récupérer des mots et à détruire de nombreux abris, surtout dans la localité de Tiébanda dans le secteur de Tassilima.
Les FAMA ont ainsi intervenu sur le territoire national dans le but de renforcer l’impact d’une opération militaire initiale, regroupant cette fois-ci plusieurs forces militaires en présence, notamment, des Forces armées maliennes (FAMa), nigériennes (FAN), avec l’appui de Barkhane, qui avait pour finalité de lutter contre les groupes terroristes, dissimulés le long de la frontière entre les deux pays. Cette opération, dénommée Djiguifa, qui a réuni 350 militaires, dont 210 militaires maliens, 90 nigériens et 40 français, s’est étendue sur une zone d’action de 11 700 km, à partir du Sud-Est d’Ansango au nord de Niamey. Sur le plan purement tactique, on rapporte que les forces militaires en présence ont conduit conjointement l’opération à partir du poste de commandement tripartite déployé à Gao dans le camp des FAMA. Elles ont pu contrôler, par les moyens opérationnels mis en action, les principales zones de passage de la frontière entre le Mali et le Niger par des actions simultanées et coordonnées, des deux côtés de la frontière.
Logiquement, à la suite d’une telle opération militaire, en vue de barrer la route aux djihadistes afin qu’ils ne pénètrent pas par le Niger, il est donc stratégique que l’opération Senou puisse prendre la relève, du côté de la frontière avec le Burkina voire la Côte d’Ivoire, pour sécuriser les populations de ces zones, très sensibles à l’infiltration djihadistes. Seulement, la particularité de Sénou est qu’elle est engagée sur le terrain par les éléments de l’armée malienne qui ont atteint un niveau de capacité opérationnelle telle qu’elle est en mesure de frapper partout où elle a vocation d’agir.
La traque contre les terroristes a donc pris un nouveau virage stratégique dans le pays. Pour plusieurs observateurs sérieux, il est tout naturellement logique que l’armée malienne s’investisse dans de telles opérations de ratissage contre les groupes djihadistes dans la mesure où, depuis le mois de juin dernier, à l’issue d’un vote du conseil de sécurité des Nations-Unies, par lequel le mandat de la Minusma a été révisé, la mission onusienne n’en a plus cette vocation. D’où, la relève qui doit être effectivement prise par les éléments de l’armée malienne. Une logique formelle, mais aussi une stratégie militaire, qui se fonde sur le fait que la nature a horreur du vide, comme on le dit très généralement.

Par Sékouba Samaké