Il est vrai que toutes les contrées ont une histoire. Celle du quartier Sabalibougou en commune V du District est certainement la plus instructive dans l’histoire récente du Mali.
Ce quartier s’appelle ainsi seulement depuis 1974. Une année qui rappelle bien de choses aux anciens. La contrée s’appelait auparavant Mochi-kin ou Mossi-kin, c’est-à-dire le quartier des Mossis, originaires de la Haute-Volta devenue aujourd’hui Burkina Faso.
Suite à la guerre Mali – Haute-Volta en 1974, certains compatriotes ont vu en ces ressortissants Mossis l’ennemi public N° 1 quand bien même, nombre d’entre eux étaient certes d’origine Voltaïque, mais Maliens de naissance puisque installés là depuis des lustres. Mais la haine et la rancœur existant entre les deux pays au moment des faits n’étaient pas pour arranger la situation. Et la tension montait chaque jour un peu plus au gré des événements à la frontière.
Mais fort heureusement. Dans la capitale malienne et au sommet de l’Etat, il y avait encore des Sages. Ils s’appliquèrent ainsi à apaiser les courroux et ramener les protagonistes à la raison. Leur message était simple et sans ambiguïté: «Nous avons le même destin… Ayons donc de la retenue… An ka Sabali». Ainsi naquit Sabalibougou.
Et aujourd’hui, nul ne peut dénier à un autochtone de Sabalibougou sa «malienneté».
Ce rappel historique doit inspirer le président Malien Ibrahim Boubacar Keïta. Il ne doit nullement jeter un compatriote à la vindicte populaire en le déclarant apatride. Pareilles accusations sont susceptibles d’exacerber la tension sociale et même d’inspirer des fauteurs de troubles. C’est bien de cette manière que le régime nazi procédait en déclarant «ennemi» qui voulait et les «patriotes» appelés «jeunesse hitlérienne», faisaient le reste. Sachons donc raison garder…, «an ka sabali» !
B.S. Diarra