Difficile de se défaire des mauvaises habitudes. L’assainissement apporté au niveau des transferts des élèves d’un établissement à un autre fait l’objet d’une interprétation malencontreuse. Car, au Département de l’Education nationale, il n’a jamais été question d’interdire le transfert des élèves. Mais de le faire dans les règles de l’art.
Depuis un certain temps, de folles rumeurs font état d’interdiction de transfert d’élèves d’un établissement scolaire privé à un autre. En réalité, il n’en est rien.
Avant le démarrage du processus des orientations, le ministère de tutelle a envoyé une mission dans toutes les écoles pour non seulement évaluer leurs capacités d’accueil, mais aussi vérifier si elles réunissent les conditions requises pour accueillir les élèves. Cela, afin d’éviter les transferts incessants à l’allure d’une réorientation des élèves admis au DEF. A l’issue de cette mission, une liste d’écoles privées éligibles a été établie. Ce qui ne signifie pas forcément que celles qui y figurent recevront les élèves de l’Etat.
Car, pour le ministre de l’Education nationale, Kénékouo Barthélemy Togo, la priorité est donnée aux établissements scolaires étatiques. Dans la logique de ne pas dégarnir les écoles publiques au profit de celles privées qui sont censées venir en appoint à l’Etat, il fallait d’abord occuper les infrastructures d’accueil de l’Etat avant d’envoyer les élèves chez les privées. Mais, habitués à détourner les élèves de l’Etat avec la complicité de certains responsables de l’administration scolaire, certains promoteurs voient d’un mauvais œil cette ambition du ministre. A titre d’exemple, après les orientations, les lycées publics, en l’occurrence les Lycées Askia, Mamadou Sarr, Massa Makan Diabaté et autres qui faisaient la fierté du pays se trouvent quasi vides avant la fin de l’année scolaire du fait des transferts sauvagement effectués.
Au sujet des transferts, il n’y a pas lieu de polémiquer. Au cours des différentes rencontres entre les acteurs et partenaires de l’éducation, les principes de cette question ont été bien définis. Sur la base des études préalablement faites, prenant en compte les préoccupations des élèves et leurs parents, notamment la proximité de l’école avec les domiciles, il a été décidé de remplir les écoles publiques en premier lieu. Et qu’il n’y aura pas de transfert entre les établissements privés de la même académie. En application de ces principes, certains établissements n’ont pas reçu assez d’élèves venant de l’Etat. D’où leur colère.
Aujourd’hui, certains pensent que malgré leur éligibilité, ils n’ont pas eu assez d’élèves étatiques. Or, la raison est toute simple. Lorsqu’une une école privée éligible se trouve dans un rayon où il y a une école publique qui absorbe tous les élèves, il ne serait pas possible d’envoyer d’élèves dans cette école. A titre illustratif, à Banankabougou où il y a le Lycée Ibrahima Ly avec une grande capacité d’accueil, les lycées privés dans ce rayon auront naturellement moins de chance d’accueillir les élèves venant de l’Etat. Et c’est le même scénario un peu partout au Mali.
A court d’argument à ce niveau, ils sont nombreux les promoteurs d’écoles privées à vouloir détourner les élèves d’autres privées dans le même quartier, alors qu’elles ont toutes été déclarées éligibles. Et le Département à mis fin à cette farce.
Sinon, les transferts motivés s’effectuent et sans encombre. C’est seulement cette rigueur dans la gestion des mouvements inutiles des élèves qui fâchent certains. Ce qui amène les observateurs de l’Education à affirmer que le Ministre est en train d’être victime de sa rigueur.
Oumar KONATE