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Koutiala: Cotonculteurs et CMDT à couteaux tirés
Publié le mardi 10 novembre 2015  |  Le Républicain
Culture
© Autre presse par DR
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Rien ne va plus entre les cotonculteurs et la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT). La situation a atteint un seuil critique, amenant la Coordination des chefs de village à s’impliquer. Ainsi, le samedi 7 novembre 2015, cette coordination, avec à sa tête Madou Coulibaly, s’est réunie dans l’enceinte de la mairie de Koutiala. Parmi les décisions retenues, à l’issue de cette rencontre, on retient l’engagement des producteurs à se battre pour amener la Direction de la Cmdt à retirer sa plainte. Pour se faire entendre, les cotonculteurs, à l’image de Gaoussou Sanogo, sont prêts à brûler leur coton que de le vendre à la Cmdt, si le PDG Kalifa sanogo ne retire pas sa plainte contre les producteurs, avant le 12 janvier 2016, date du procès.

Incapable d’apporter des réponses idoines à leurs préoccupations, et voulant maintenir les cotonculteurs dans un rapport de dominant-dominés, le PDG de la Cmdt Kalifa Sanogo, a préféré user de sa position pour embrigader et emprisonner ceux sans lesquels, le Mali ne serait pas un géant du coton. Le PDG de la Cmdt a porté plainte le 22 octobre 2015 contre une dizaine de cotonculteurs dans le cercle de Koutiala (région de Sikasso) pour « refus d’évacuation de coton graine », qui du reste, n’est que leur propre production. En signe de protestation, les cotonculteurs ont décidé de ne plus vendre leur coton à la Cmdt, jusqu’à la date du procès prévu pour le 12 janvier 2016. Sauf si la Cmdt accède à leur exigence de retirer illico presto sa plainte indigne de bonne gouvernance du secteur cotonnier du Mali. En outre, les cotonculteurs ont un certains nombres de revendications, entre autres: le paiement des ristournes que la Cmdt leur doit ; le renouvellement des instances de l’UN-SCPC (Union nationale des sociétés coopératives des producteurs de coton) de la base au sommet et la destitution des responsables de l’introduction d’engrais frelaté au Mali.
Ainsi depuis quelques semaines, dans la capitale de l’or blanc (Koutiala), le torchon brûle entre les cotonculteurs et la Cmdt.

Tout est parti de l’arrêt de la commercialisation par les cotonculteurs du coton à la Cmdt, indique Gaoussou Sanogo, le président de l’union communale de Sincina. En effet, le 17 octobre dernier, à l’issue de l’Assemblée générale du Collectif des producteurs de coton de la Filiale Nord-Est Cmdt Koutiala, les participants (au moins 2750 cotonculteurs), ont décidé du « paiement dans un délai raisonnable des ristournes dus aux producteurs de coton, la dissolution pure et simple du bureau de l’UN-SCPC et le renouvellement des instances de l’UN-SCPC de la base au sommet, la dissolution de la commission d’appel d’offres des intrants agricoles, la destitution des responsables de l’introduction d’engrais frelaté et le refus de livrer leurs cotons à la Cmdt », avant la marche des producteurs de coton qui était prévue pour le 30 octobre 2015 à Bamako, marche qui fut refusée par le maire de la commune III de Bamako, Abdel Karim Sidibé.

Il n’en fallait pas plus, cette décision de refus de commercialisation du coton a provoqué les courroux du PDG Kalifa Sanogo, qui porta plainte contre onze cotonculteurs le 22 octobre 2015 dans le cercle de Koutiala. Conséquemment à cette plainte, suivie d’interpellations de cotonculteurs par la gendarmerie, les paysans ont adressé au PDG de la Cmdt à la même date, une lettre d’avertissement à celui qui les traite désormais en ennemis, comme s’ils étaient de vils bandits de grands chemins.

Plaidoyer des chefs de villages pour les producteurs
Voyant cette situation qui ne profite à personne, la Coordination des chefs de villages et de quartier, comprenant plus de 200 chefs de villages et un bureau de 25 membres, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle a, en effet, organisé une rencontre le samedi 7 novembre 2015, à la mairie de Koutiala pour se pencher sur la question et trouver une solution idoine. La rencontre a regroupé une centaine de participants. « C’est avec inquiétude que nous tenons cette réunion. Et raison pour laquelle nous sommes dans l’optique d’envoyer un message à la Cmdt pour qu’elle retire sa plainte.

Nous (les chefs des villages et des quartiers) avons jugé nécessaire de nous impliquer dans cette affaire pour un dénouement heureux. J’invite la Cmdt à instaurer un dialogue avec les cotonculteurs avant que la situation ne dégénère. Tout le problème tourne autour des ristournes. Nous invitons également les cotonculteurs à écarter toute sorte de violence. Nous voulons le dialogue et la paix dans cette affaire », a souligné le président des chefs de village et de quartier, Madou Coulibaly. Selon lui, cela n’est pas une pression sur la Cmdt qui a le soutien de l’Etat. Au cours de cette réunion, la Coordination a décidé de poursuivre son plaidoyer pour amener la Direction de la Cmdt à retire sa plainte et à payer les ristournes des producteurs de coton. Pour sa part, Tchanzé Coulibaly, chef de village de Koutiala a souhaité l’implication de tout le monde, du président de la République, du gouvernement, de la Cmdt, de l’Un-Scpc pour le paiement des ristournes.

« On fera tout pour avoir nos ristournes », a-t-il dit. La majorité des participants à cette réunion ont déploré la plainte de la Cmdt car, selon eux, jamais dans l’histoire de la Cmdt, aucun cotonculteur n’avait été assigné en justice par la Direction de la Cmdt. C’est une « grande première », ont-ils dit. Selon des cotonculteurs, c’est l’Un-scpc qui est la véritable initiatrice de la plainte et non la Cmdt. Lors de la réunion, les débats ont été quelques fois houleux entre ceux qui sont pour la vente du coton à la CMDT et ceux qui sont contre. L’écrasante majorité des participants à la réunion campe sur la décision de ne pas commercialiser le coton à la Cmdt, tant qu’elle ne retire pas sa plainte contre les contonculteurs.

« J’ai 40 hectares dont 11 en coton. Aujourd’hui je peux vendre 15 tonnes de cotons à la Cmdt, mais je préfère brûler mon coton tant que nos ristournes ne sont pas payées. Qu’elles soient entre les mains de la Cmdt ou de l’Un-Scpc, nous voulons le payement de nos ristournes, faute de quoi, la lutte continuera », a souligné Gaoussou Sanogo. La qualité de l’engrais n’est pas demeurée en reste. Gaoussou Sanogo a fait savoir qu’il y a des preuves palpables que l’engrais n’est pas de bonne qualité. Plusieurs autres personnes sont du même avis que lui, comme Tchanzé Coulibaly de Koutiala, Sékou Dembélé de Medina Coura de Koutiala, Mamadou Sanogo de Sanga 1, Mamadou Coulibaly de Ouolobougou et bien d’autres.

« Il faut écarter la politique dans cette affaire et se focaliser sur l’amélioration des revenus des cotonculteurs. Ceux qui sont à la base de l’introduction de l’engrais frelaté au Mali doivent être démis de leurs fonctions », a indiqué Sékou Coulibaly, chef de quartier de Medina Coura de Koutiala. Mamadou Sanogo de Sanga 1 et Mamadou Coulibaly de Oulobougou ont tous exigé le paiement des ristournes et le retrait de la plainte de la Cmdt. Les plus hautes autorités sont donc interpellées pour trouver une solution à cette affaire, qui est une éminente question de gouvernance du secteur coton.

Aguibou Sogodogo, de retour de Koutiala.
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